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Londres "reconnaît" des "actes de génocide" contre les Yazidis de la part du groupe Etat islamique


Le Premier ministre britannique Rishi Sunak quitte le 10 Downing Street dans le centre de Londres, le 19 juillet 2023, pour participer à la session hebdomadaire des questions du Premier ministre (PMQ) à la Chambre des communes. Photo Justin Tallis/AFP

Le Royaume-Uni a officiellement reconnu mardi que le groupe jihadiste Etat islamique avait commis des "actes de génocide" à l'encontre des Yazidis en 2014 en Irak.

Cette reconnaissance, avant les événements marquant le neuvième anniversaire des "atrocités" commises par l'EI à l'encontre de la minorité yazidie, intervient dans le sillage d'une décision de la justice allemande, précise la diplomatie britannique dans un communiqué. Il s'agit du cinquième génocide reconnu par le Royaume-Uni, après l'Holocauste, le Rwanda, Srebrenica en Bosnie et des actes commis au Cambodge. "La population yazidie a immensément souffert aux mains de Daech (l'acronyme en arabe de l'organisation Etat islamique, ndlr) il y a neuf ans et les répercussions se font encore sentir aujourd'hui", a déclaré dans un communiqué le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Tariq Ahmad.

"Justice et responsabilité sont essentiels pour ceux dont les vies ont été anéanties", a-t-il ajouté, soulignant que cette reconnaissance "historique" ne "fait que renforcer" l'engagement du Royaume-Uni pour qu'ils "reçoivent les compensations qui leurs sont dues et puissent avoir accès à une justice significative".

Le communiqué rappelle la position du Royaume-Uni selon laquelle la qualification de génocide revient aux juridictions compétentes plutôt qu'aux gouvernements ou aux organes non-judiciaires. Cette reconnaissance de Londres suit la décision de la Cour fédérale de justice allemande, qui a confirmé le 17 janvier 2023 la condamnation d'un ancien combattant du groupe Etat islamique pour actes de génocide et crimes contre l'humanité commis en Irak. La justice allemande a été la première a reconnaître, le 30 novembre 2021, des crimes contre la communauté yazidie comme un "génocide". Une décision qualifiée d'"historique" par des organisations de défense des droits humains. Cette reconnaissance a depuis été effectuée par de nombreux parlements - les députés allemands l'ont fait en janvier - et organisations internationales.

Minorité kurdophone

Les juges de la Haute Cour régionale de Francfort avaient condamné à la perpétuité Taha Al-Jumailly, un ancien combattant de l'EI, pour "génocide, crime contre l'humanité ayant entraîné la mort, crimes de guerre et complicité de crimes de guerre" notamment. Il avait été reconnu coupable d'avoir pendant l'été 2015 à Falloujah, en Irak, laissé mourir de soif une fillette yazidie de cinq ans qu'il avait, ainsi que la mère de celle-ci, réduite en esclavage.

En droit international, le génocide est reconnu depuis 1948 par la convention des Nations unies, qui énumère une série de crimes le constituant, dont le meurtre commis "avec l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux". L'EI avait déferlé en août 2014 sur le Mont Sinjar, le foyer historique de la minorité yazidie dans le nord irakien.

Des milliers d'hommes de cette communauté kurdophone, que les jihadistes considèrent comme "hérétique" en raison de sa religion ésotérique monothéiste, avaient été massacrés. Les femmes avaient été enlevées et vendues comme "épouses" aux jihadistes ou réduites à l'esclavage sexuel, les enfants embrigadés. Après la montée en puissance de l'EI en 2014, l'Irak avait proclamé en 2017 sa victoire sur les jihadistes, qui avaient ensuite perdu leur dernier bastion syrien en 2019. Aujourd'hui encore, des corps sont exhumés de charniers au Sinjar. Plus de 2.700 personnes sont portées disparues, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). 

La reconstruction piétine

En droit international, le génocide est reconnu depuis 1948 par la convention des Nations unies, qui énumère une série de crimes le constituant, dont le meurtre commis "avec l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux". L'EI avait déferlé en août 2014 sur le Mont Sinjar, le foyer historique de la minorité yazidie dans le nord de l'Irak.

Des milliers d'hommes de cette communauté kurdophone, que les jihadistes considèrent comme "hérétique" en raison de sa religion ésotérique monothéiste, avaient été massacrés. Les femmes avaient été enlevées et vendues comme "épouses" aux jihadistes ou réduites à l'esclavage sexuel, les enfants embrigadés.

Après la montée en puissance de l'EI en 2014, l'Irak avait proclamé en 2017 sa victoire sur les jihadistes, qui avaient ensuite perdu leur dernier bastion syrien en 2019. Aujourd'hui encore, des corps sont exhumés de charniers au Sinjar. Plus de 2.700 personnes sont portées disparues, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Le 27 juillet, plusieurs organisations de la société civile yazidie ont dans un communiqué commun réclamé au gouvernement irakien 1,5 milliard de dollars "pour la reconstruction des infrastructures publiques et des logements privés dans le district de Sinjar". Des années après la mise en déroute de l'EI, la reconstruction piétine. Quelque 200.000 personnes originaires de la région, des Yazidis ou des membres d'autres communautés, sont toujours déplacées et ne peuvent pas rentrer.

Le Royaume-Uni a officiellement reconnu mardi que le groupe jihadiste Etat islamique avait commis des "actes de génocide" à l'encontre des Yazidis en 2014 en Irak.Cette reconnaissance, avant les événements marquant le neuvième anniversaire des "atrocités" commises par l'EI à l'encontre de la minorité yazidie, intervient dans le sillage d'une décision de la justice allemande, précise la...