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Sport - Basket - NBA

Transfert de Wembanyama aux Spurs : qui va payer la facture ?

Estimée à deux millions d'euros, la transaction ayant permis le départ du jeune prodige français vers la NBA dépasse largement le plafond autorisé pour un joueur étranger. Un écart qui pose question sur un système bancal et souvent au détriment des clubs vendeurs non-américains.

Victor Wembanyama sous les couleurs des San Antonio Spurs au lendemain de son arrivée dans les rangs de la francise texane, le 24 juin 2023, sur le parquet de l'AT&T Center de San Antonio. Katie Dixon/Getty Images via AFP

Deux millions d'euros, tel est le montant de l'indemnité que se partageront Boulogne-Levallois, Villeurbanne et Nanterre après la draft NBA où Victor Wembanyama a été choisi en première position par les San Antonio Spurs jeudi. Système déjà imparfait, le rachat de contrat est une manne menacée par des clubs étrangers et des universités américaines.

Confirmée par le directeur des opérations sportives des Metropolitans 92 Alain Weisz, la somme de deux millions d'euros peut paraître négligeable. Même comparée au budget de ses Mets, qui s'élève à à 7,3 millions d'euros. Surtout s'agissant d'un joueur annoncé comme un talent générationnel.

Le cas Wembanyama est de toute façon peu représentatif du basket français. Les « buyouts », à savoir les rachats par les franchises de la NBA de contrat de joueurs évoluant hors de la Ligue nord-américaine, sont encadrés par sa convention collective et plafonnés pour l'exercice 2022-2023 à 825 000 dollars (754 842 euros).

C'est par exemple ce que recevra Boulogne-Levallois pour Bilal Coulibaly, indique Alain Weisz. Car l'ailier de 18 ans, choisi en 7e position par Indiana qui l'a aussitôt cédé à Washington, a été drafté parmi les quatorze premiers, gage d'une indemnité maximale pour son club.

Comment celle de Victor Wembanyama peut-elle donc s'élever bien au-delà de la limite autorisée ? Ce qui dépasse le plafond est en fait considéré comme une part de salaire et retranché de celui-ci. Car, en tant que choix n° 1 de la draft, l'intérieur de 19 ans est assuré d'un chèque total de 15 à 23 millions de dollars pour ses deux premières années de contrat rookie, selon une grille elle aussi fixée par la convention collective de la NBA.

« C'est de la négociation » 

« Le montant du “buyout” prévu dans le contrat est corrélé à la certitude d'être drafté très haut », explique Olivier Mazet, agent de Frank Ntilikina, soulignant la rareté du dépassement. Le rachat du contrat du Strasbourgeois drafté en 8e position en 2017 n'avait, par exemple, pas dépassé le plafond.

« Wemby » étant attendu comme un immense talent depuis des années, les indemnités ont été prévues dans ses contrats successifs avec ses clubs français. « C'est seulement parce que nous en avions parlé avec les agents de Victor, il y a déjà longtemps, qu'une part nous revient », explique Frédéric Donnadieu, le président de la JSF Nanterre, où Wembanyama a évolué de 10 à 17 ans. Sinon, seul le club avec lequel le joueur est en contrat au moment de la draft touche le « buyout ».

« Le système en France n'est pas juste, regrette-t-il. Il n'y a pas d'indemnité de formation comme en football. » Quand le joueur dispose d'un contrat pro, des arrangements sont trouvés s'il quitte son club pour un autre avant la draft. À l'image de Killian Hayes, joueur français choisi le plus haut avant Victor Wembanyama, (7e en 2020), parti de Cholet en 2019 pour s'aguerrir à Ulm qui disputait l'Eurocoupe.

« C'est de la négociation, décrit le président de Cholet Jérôme Mérignac. On avait acté contractuellement avec Ulm la perception d'une indemnité complémentaire s'il était drafté. »

« Récupérer plusieurs centaines de milliers d'euros, c'est conséquent quand on a des budgets suivant les années de 4 millions et demi à 6 millions d'euros », décrit le dirigeant du club des Mauges où ont éclos aussi Rudy Gobert, Nando De Colo et Mickaël Gelabale.

Un écosystème « impacté » par l'exode de pépites françaises vers la NBL, championnat australien où évoluait par exemple Rayan Rupert, choisi jeudi en 43e position par Portland.

80 000 à 100 000 dollars par an en NCAA

« Je reviens de l'Eurocamp de Trévise (stage où on se montre aux recruteurs, NDLR), il y avait des représentants de trois clubs de NBL et du Team Ignite (équipe de la Ligue de développement de la NBA, la G-League) », décrit l'agent Olivier Mazet.

« Le véritable problème, c'est que des joueurs commencent à être payés en NCAA (le championnat universitaire américain, NDLR), juge Alain Weisz. Cela risque de priver des clubs de beaucoup d'espoirs partant dès 15 ou 16 ans plutôt qu'à 20 ans. »

Car, depuis le 1er juillet 2001, un arrêt de la Cour suprême autorise la rémunération des athlètes universitaires via leur droit à l'image (NIL).

« Des joueurs évoluant en espoirs avec des contrats de 400 à 500 euros par mois se retrouvent avec des revenus de 80 000 à 100 000 dollars par an en rejoignant des universités américaines », assure Olivier Mazet.

« Officiellement, la NCAA est un système scolaire, observe Frédéric Donnadieu. Je suis très pessimiste sur la possibilité pour la Fédération internationale (FIBA) de légiférer. »

Deux millions d'euros, tel est le montant de l'indemnité que se partageront Boulogne-Levallois, Villeurbanne et Nanterre après la draft NBA où Victor Wembanyama a été choisi en première position par les San Antonio Spurs jeudi. Système déjà imparfait, le rachat de contrat est une manne menacée par des clubs étrangers et des universités américaines.

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