Victor Wembanyama après avoir été choisi comme choix n° 1 de la draft NBA par les San Antonio Spurs, jeudi soir au Barclays Center de New York. Timothy A. C3aryAF-
L'Amérique tout entière avait beau connaître depuis trois semaines l'issue de cette soirée, elle avait bel et bien les yeux rivés sur le Barclays Center de New York. Dans une cérémonie aux allures de couronnement, Victor Wembanyama, officiellement adoubé par les Spurs de San Antonio, qui avaient hérité du privilège d'être les premiers à pouvoir s'attacher les services d'un des 58 jeunes joueurs en lisse pour rejoindre les rangs d'une des 30 franchises en NBA, a donc été appelé avant tout le monde à venir sur scène serrer la main d'Adam Silver.
Le grand patron de la ligue américaine n'a pas boudé son plaisir de lui remettre sa casquette ornée de l'éperon argenté de la franchise texane, que le Français a vissé pour la première fois sur sa tête sous les acclamations de l'audience et de celles de l'AT&T Center, la salle où les Spurs disputent leurs rencontres, plein à craquer pour l'occasion.
À jamais le premier
Le géant du Chesnay succède aux légendes David Robinson et Tim Duncan, tous deux également choisis au premier rang par la franchise texane en 1987 et 1997 respectivement, et marque surtout l'histoire du basket français en tant que premier joueur issu de l'Hexagone à bénéficier d'un tel traitement de faveur.
C'est en tout cas une nouvelle page qui s'ouvre sur la NBA, un nouvel « âge d'or » même pour reprendre les mots d'Adam Silver, qui entend toutefois ne pas mettre « trop de pression » sur les épaules du jeune Français.
L'international de 19 ans est considéré comme le plus gros potentiel du basket mondial depuis LeBron James, drafté il y a 20 ans, quasiment jour pour jour. « C'est probablement la meilleure soirée de ma vie », a déclaré le phénomène de 2,24 m, capable de dribbler et de shooter de loin comme aucun joueur de sa taille avant lui. « C'est un rêve qui se réalise, a-t-il poursuivi. C'est incroyable. »
Victor Wembanyama tournant la tête au moment d'être appelé par Adam Silver, le patron de la NBA, lors de la cérémonie de la draft 2023. Timothy A. C3ary/AFP
Après la traditionnelle poignée de main, le prodige français a coiffé une casquette à l'effigie de l'éperon argenté qui sert de logo à la franchise texane. Un geste qu'avait déjà effectué, 22 ans plus tôt, un certain Tony Parker, qui a laissé une immense trace dans l'histoire des Spurs avec quatre bagues de champions (2003, 2005, 2007, 2014) à la clé.
« Même si c'était attendu », les larmes l'ont saisi à la descente du podium, a-t-il reconnu. « Quand on va avoir un bébé, on le sait neuf mois à l'avance » et l'émotion n'en est pas moindre.
Victor Wembanyama rejoint la grande famille des Spurs, une franchise qui a bâti, autour de l'entraîneur Gregg Popovich, une culture de la gagne et du jeu intelligent, devenue une référence en NBA et dans le monde. San Antonio aura néanmoins bien besoin de son nouveau numéro un pour redresser sa trajectoire sportive récente, marquée par quatre saisons sans play-offs.
« Tu nous fais rêver, a réagi le président français Emmanuel Macron, depuis son compte Twitter. Aucun doute, tu vas marquer l'histoire de ton sport. »
« Faire gagner cette franchise »
Vêtu d'un élégant costume croisé vert foncé signé Louis Vuitton, cintré dans le dos par un ruban, l'ancien joueur de Nanterre et de Boulogne-Levallois était apparu très détendu avant le début de la cérémonie.
Tout sourire, il avait, de sa propre initiative, signé des autographes, notamment sur un ballon lancé par un fan depuis les tribunes, sous les cris enthousiastes de grappes de fans.
Avant même la sélection officielle par San Antonio, des spectateurs arboraient déjà un maillot des Spurs frappé du numéro un, le même qu'on lui a remis à sa descente du podium.
« Je vais me donner à 100 %, faire tout ce qui est en mon pouvoir pour faire gagner cette franchise », a lancé le néo-Spur, et « avoir un impact sur les fans et la communauté » de San Antonio.
Le jeune homme se projette déjà dans sa première saison avec de l'ambition. « Mon but, a-t-il dit, c'est de m'approcher de plus en plus près du titre et d'apprendre comment y arriver. » « Wemby. L'aventure commence maintenant », a réagi, dans un tweet, le footballeur français Kylian Mbappé.
« Le potentiel est là pour une dynastie de dingue », s'est emballé, auprès de l'AFP, Jeremy Sochan, joueur de San Antonio et futur coéquipier de Wembanyama. « C'est excitant. » Désormais officiellement entré en NBA jeudi, Victor Wembanyama doit s'envoler pour San Antonio dès vendredi, avant une présentation officielle samedi.
Une fresque murale à l'effigie de Victor Wembanyama dessinée par Nick Soupé que l'on peut apercevoir dans les rues de San Antonio, au Texas. Patrick T. FALLON / AFP
Objectif Coupe du Monde
Il devrait ensuite rapidement revêtir pour la première fois la tunique des Spurs, bien avant le début de la prochaine saison NBA, fin octobre. Il est, en effet, attendu aux Summer Leagues, les ligues d'été traditionnellement dédiées aux jeunes néophytes ainsi qu'aux vétérans à la recherche d'un contrat.
« Je suis sûr que je vais jouer la Summer League » début juillet, a-t-il affirmé mercredi, sans préciser s'il prendrait part à celle de Sacramento (3 et 5 juillet), de Las Vegas (du 7 au 17 juillet), ou aux deux.
Une chose est sûre, Wembanyama ne jouera « sûrement pas tous les matches, parce que j'avais une longue saison avant, et que j'ai quelque chose après ».
Ce « quelque chose », c'est la Coupe du monde de basket, qui se déroulera en Indonésie, où la France jouera ses matches de groupe, aux Philippines et au Japon, du 25 août au 10 septembre. « C'est toujours ma volonté d'y participer, j'attends de me mettre d'accord avec ma franchise. »
Une compétition que pourrait également disputer Bilal Coulibaly, son désormais ex-coéquipier à Boulogne-Levallois, autre Français à avoir été sélectionné lors de cette draft. Alors qu'il était plutôt attendu entre la 10e et 15e place, le jeune joueur de 18 ans a été choisi en 7e position de la draft par les Indiana Pacers, et aussitôt échangé aux Washington Wizards. Il atterrit dans une franchise en reconstruction, qui vient de se séparer de Bradley Beal et Kristaps Porzingis.