Enrique Mora, négociateur en chef de l’Union européenne pour le nucléaire iranien, et son homologue iranien, Ali Bagheri Kani, devraient se rencontrer jeudi à Doha, selon des sources relayées sur Twitter par Stéphanie Liechtenstein, journaliste spécialisée dans la diplomatie. Une rencontre visant à apaiser les tensions mais aussi à aborder les dossiers du soutien militaire de l’Iran à la guerre de la Russie contre l’Ukraine, du nucléaire et des prisonniers. Ces dernières semaines, deux prisonniers français ont été libérés des geôles iraniennes, ainsi qu’un humanitaire belge. Dans le même temps, les rumeurs se multiplient sur un miniaccord américano-iranien, traitant là aussi d’un échange de prisonniers, mais également d’un dégel de fonds iraniens contre un arrêt de l’enrichissement d’uranium et un contrôle accru du programme nucléaire de Téhéran.
Le Qatar, où se tiendrait la rencontre entre les deux négociateurs iranien et européen, avait déjà joué un rôle de médiateur entre Washington et Téhéran en accueillant des pourparlers à Doha en juin 2022 dans le cadre des efforts visant à revenir à l’accord nucléaire de 2015, ambition de Joe Biden à son arrivée à la Maison-Blanche. Fin mars, Téhéran a confirmé ce rôle endossé par l’émirat. « Le Qatar est toujours sur la bonne voie et a joué un rôle dans les négociations sur l’échange de prisonniers et l’accord nucléaire », avait déclaré le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir-Abdollahian, selon la chaîne d’information qatarie al-Jazeera.
Dans le même temps, M. Amir-Abdollahian a entamé son voyage à Doha mardi 20 juin. Il a ensuite poursuivi son voyage vers Mascate, capitale du sultanat d’Oman, où il est arrivé mercredi 21 juin. Au programme : « La formation d’un nouvel ordre régional fondé sur la coopération, l’intégration et la communauté », a encore affirmé sur Twitter le ministre iranien des Affaires étrangères. Autre pays médiateur de la région, Oman a également accueilli des négociations irano-américaines à huis clos en juin afin de désamorcer les tensions de la région, selon al-Jazeera.
En outre, le voyage du responsable iranien a pour objectif de « renforcer davantage les relations et d’assurer le suivi des accords conclus lors des précédents voyages bilatéraux » relatifs au Qatar et à Oman, a-t-il précisé sur son compte Twitter, en soulignant que les pays voisins de l’Iran offrent d’importantes opportunités économiques, commerciales et politiques. En février 2022, lors de la visite du président iranien Ebrahim Raïssi à Doha, l’Iran et le Qatar avaient notamment signé plusieurs accords importants visant à renforcer la coopération économique, selon Reuters. La visite actuelle du chef de la diplomatie iranienne au Qatar fait suite à celle de Mohammad Reza Farzin, gouverneur de la banque centrale d’Iran, dans la capitale qatarie la semaine dernière, sur fond d’un possible renforcement de la coopération monétaire, bancaire et économique entre les deux pays. Le sultan d’Oman, Haïtham ben Tariq al-Saïd, s’était rendu à Téhéran le 28 mai dernier pour une visite de deux jours au président iranien portant sur des questions diplomatiques et de sécurité régionale.
L’Iran et l’Arabie saoudite ont signé un accord le 10 mars dernier, sous l’égide de Pékin, dans le but de travailler ensemble à « la sécurité, la stabilité et la prospérité » au Moyen-Orient. L’Iran tente de normaliser ses relations avec Bahreïn et l’Égypte, continuant ainsi sa dynamique de rapprochement régional.