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Culture - Signature

Le « tombez les masques » tonitruant de Karim Tabet

Avec « Un écran de fumée » l’écrivain signe un thriller riche en rebondissements et en cascades, à l’issue duquel le lecteur est tenté de se dire : si seulement c’était possible...

Le « tombez les masques » tonitruant de Karim Tabet

Avec « Un écran de fumée », Karim Tabet se lance dans le roman policier. Photo DR

Voici un livre étonnant, original et plein de suspense, qui va tenir le lecteur éveillé au fil des pages. Un roman qui pourrait bien susciter des discussions entre ceux qui le trouveront plutôt « irréaliste » et ceux qui y verront une lueur d’espoir, une solution proposée qui s’appliquerait bien au Liban afin de remettre tous les compteurs à zéro, avec une population débarrassée des voyous, des voleurs, des corrompus et des mafieux. « Il fallait juste y penser et trouver la personne assez courageuse pour le faire », confie l’auteur. Un écran de fumée, quatrième roman de Karim Tabet aux éditions Complicités et premier roman policier de l’ex-gourou du marketing, est pétri de réalisme, avec en toile de fond des personnages très proches de notre entourage.

Un jeu… mais peut être la solution

À Ituru, la capitale d’un pays imaginaire, le Tajistan, Mirak, (anagramme de Karim) fils d’un paysan lâchement assassiné par des voyous pour avoir refusé de céder un terrain, refoule d’abord l’histoire cauchemardesque du meurtre de son père. Après avoir hésité à quitter le pays, il choisit plutôt le chemin de la vengeance. Décidé à entreprendre de grandes études pour devenir avocat, il rejoint une maison d’études importante, plonge dans les affaires louches pour se rapprocher de la classe régnante. Il sera un personnage double ne se laissant pas abattre et n’hésitant jamais à se mettre en danger, voire même à flirter avec l’illégalité. Durant les 100 premières pages, l’auteur nous livre l’élaboration du plan mis au point par Mirak, sans omettre aucun détail, prévoyant la fin, tissant sa toile et grimpant les échelons pour construire son cheval de Troie. Celui qui pénétrera les lieux improbables et réalisera l’impossible pour arriver à ses fins dans un final explosif mais pas impossible si l’on réfléchit bien… Mais comment Karim Tabet en a-t-il eu l’idée ?

Une toile de Samir Tabet, père de l’auteur, en couverture de l’ouvrage. Photo DR

Un récit centré sur l’humain

« D’abord, j’ai toujours été un grand lecteur de romans policiers et un spectateur de séries policières classiques, dit l’auteur libano-canadien. Après trois romans historiques, Les mûriers de la tourmente, Fleur de lys, feuille d’érable et De rivage en rivage, j’avais envie de jouer une carte moins sérieuse, plus ludique, et pourquoi pas tenter de figurer ce que serait la solution pour sortir le pays de son enfer. J’ai eu recours pour la couverture à une toile réalisée par mon père, Samir Tabet, qui illustrait bien la situation dans laquelle nous sommes actuellement. Des masques tirés par les ficelles d’autres nations et de l’argent. » Karim Tabet indique que les personnages sont très réalistes et se rapprochent étrangement de personnalités connues, au lecteur de jouer le jeu. Afin de préserver tout le suspense du roman, nous éviterons de donner des détails et nous nous contenterons des grandes lignes, car ce qui fait l’originalité de ce roman, ce sont les 20 dernières pages de la fin. Lorsqu’il élabore son plan dans ce pays sous-développé, le héros usera de quelques complices et de son imagination.

Non dénué d’intérêt, ce récit bien écrit et bien construit se lit vite. L’écriture est agréable et les courts chapitres font progresser le récit rapidement. Sans doute ne convenait-il pas de le faire durer davantage au risque pour l’auteur de ne plus pouvoir « jouer » avec le personnage et ses attentes. Un roman qui, sans atteindre des sommets, se lit avec plaisir. C’est avec beaucoup de doigté que l’auteur nous fait pénétrer dans les coulisses de la politique et des milieux mafieux, tout en prouvant qu’il n’est pas obligatoire de joncher une intrigue de cadavres, de jouer la carte de l’ultraviolence, pour captiver le lecteur. Non seulement l’auteur sait nous convaincre en créant une ambiance réelle autour des complices du héros, mais il ne cherche pas à impressionner le lecteur en lui imposant des situations outrancières. Son récit est centré sur l’humain. Pas d’exploits, pas de course-poursuite, tout se passe dans un climat finement alimenté par la personnalité de chacun des acteurs, leurs questionnements, leurs investigations, leurs déductions. Il crée ainsi sa touche personnelle du roman policier.

« Un écran de fumée », de Karim Tabet (éditions Complicités). Signature aujourd’hui vendredi 9 juin à la librairie Antoine, Urbanista, ABC Achrafieh, de 17h à 20h.

Karim-tabet.com

Voici un livre étonnant, original et plein de suspense, qui va tenir le lecteur éveillé au fil des pages. Un roman qui pourrait bien susciter des discussions entre ceux qui le trouveront plutôt « irréaliste » et ceux qui y verront une lueur d’espoir, une solution proposée qui s’appliquerait bien au Liban afin de remettre tous les compteurs à zéro, avec une population...
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