
La journaliste koweitienne Fajr al-Saïd, dans une vidéo tournée à l'Aéroport international de Beyrouth (AIB), le 7 juin 2023. Capture d'écran
La journaliste koweïtienne Fajr al-Saïd, connue pour ses prises de position anti-Hezbollah et ses appels à la normalisation des pays arabes avec Israël, a révélé mercredi sur son compte Twitter avoir été refoulée à son arrivée à l'Aéroport international de Beyrouth (AIB). La journaliste a dit avoir été notifiée par la Sûreté générale libanaise (SG) d'une "interdiction permanente" d'entrer au Liban et estime que cette mesure serait reliée à ses opinions politiques.
Un communiqué de la SG publié jeudi confirme que Fajr al-Saïd fait bien l'objet d'une interdiction d'entrer au Liban et explique que "l'entrée des arabes et des étrangers au Liban est régulée par la loi et gérée uniquement par la SG ". "Les personnes concernées (par des mesures prises à leur encontre) peuvent contacter la SG pour que leurs dossiers soient revus", poursuit le texte. Sollicitée par L'OLJ, la SG n'était pas disponible pour fournir plus d'informations sur cette affaire.
Dans une vidéo tournée alors qu'elle attendait d'être renvoyée dans son pays à l'AIB, Fajr al-Saïd raconte avoir été retenue pendant plus de 5 heures par la SG, sans accès à internet pour pouvoir contacter ses proches. Un employé de la SG l'aurait finalement aidée à se connecter à internet pour acheter un billet de retour. La journaliste est finalement rentrée au Koweït jeudi matin. La journaliste révèle également dans sa vidéo que des employés de la représentation diplomatique koweïtienne au Liban se sont rendus à l'aéroport pour lui porter assistance.
Contacté par L'Orient-Le Jour, un porte-parole au sein du consulat du Koweït n'était pas en mesure de confirmer cette information. Le consul koweïtien n'était pas non plus disponible pour commenter. Notre publication a également tenté de rejoindre la journaliste, en vain.
La représentation diplomatique koweïtienne au Liban avait été brièvement réduite en 2021, après la saisie par l'Arabie saoudite de plus de 5,3 millions de pilules de captagon en provenance de Beyrouth et cachées dans des grenades. L'ambassadeur koweïtien avait repris ses fonctions à Beyrouth en avril 2022.
"Seconde Corée du Nord ?"
Revenant sur les causes de son refoulement, Mme Saïd a déclaré sur Twitter que sa déportation était un "message clair". "Vous connaissez les conditions dans lesquelles se trouve le Liban et vous savez qui est responsable des décisions ici. Cette affaire est éminemment politique (...) peut-être que certains sont gênés par mes avis politiques,", a-t-elle souligné. "Ceux qui m’empêchent d’entrer au Liban, pensent-ils qu’ils peuvent empêcher ma voix d’être entendue par les Libanais?", s'est-elle encore demandé.
En novembre dernier, la journaliste koweïtienne avait évoqué le parti chiite et la question de la normalisation avec l'Etat hébreu lors d'une interview dans le cadre de l'émission Al Majhoul, présentée sur la chaîne LBCI par Rodolphe Hilal. "M. Rodolphe, vous m'aviez demandé si le Hezbollah était un parti démocratique. Regardez, malgré mes attaques contre lui, il m'a laissée entrer au Liban", a tweeté Fajr al-Saïd, sur un ton ironique.
Réagissant à cet incident, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a critiqué jeudi le refoulement de la journaliste "effectué de manière policière et sans aucune base juridique". "Il s'agit d'une atteinte aux valeurs du Liban et à ses relations avec les pays arabes. Le Koweït a toujours été un ami du Liban", a-t-il rappelé. Selon le chef des FL, la journaliste aurait été refoulée "à cause de ses prises de position claires et transparentes par rapport à l'axe de la moumanaa (l'axe pro-iranien)". "La question qui se pose est la suivante : le Liban s'est-il transformé en une seconde Corée du Nord?", s'est encore demandé Samir Geagea, tout en appelant les autorités à intervenir.
Le Parti socialiste progressiste a également réagi jeudi dans un communiqué, se disant "étonné de voir que la journaliste koweïtienne a été arrêtée et interrogée uniquement à cause de ses opinions politiques". "Nous condamnons ce procédé qui porte atteinte aux libertés et à la diversité au Liban ainsi qu'au respect des journalistes. Les responsables concernés doivent s'expliquer sur la question et empêcher que cela ne se répète", poursuit le texte.
La journaliste koweïtienne Fajr al-Saïd, connue pour ses prises de position anti-Hezbollah et ses appels à la normalisation des pays arabes avec Israël, a révélé mercredi sur son compte Twitter avoir été refoulée à son arrivée à l'Aéroport international de Beyrouth (AIB). La journaliste a dit avoir été notifiée par la Sûreté générale libanaise (SG) d'une "interdiction...
commentaires (12)
C’est quoi la prochaine étape? Interdir l’accès aux des libanais à leur pays parce qu’ils sont qui sont contre HB et ses magouilles, ses armes et sa dictature? Où est ce on va comme cela? Qui décide de l’entrée sur notre territoire alors qu’on autorise les mercenaires de tout bord de venir renflouer les rangs des vendus avec armes et bagages pour leur prêter main forte ou cas où tout en empêchant l’extradition des assassins mercenaires qui profitent de la largesse des fossoyeurs. Il ne faut pas tout mélanger. Et ceux qui trouvent normal qu’une milice contrôle nos frontières ne valent guère mieux que les vendus qui s’appuient sur leur manque d’objectivité pour se montrer plus autoritaires et plus exigeants un peu plus tous les jours.
Sissi zayyat
10 h 12, le 09 juin 2023