Sit-in et route bloquée à l'entrée nord de Beyrouth contre la hausse du "dollar douanier"

Des dizaines de vendeurs de véhicules d'occasion et de chauffeurs de taxi ont bloqué, mardi après-midi, l'autoroute Charles Hélou devant le port de Beyrouth, pour protester contre la décision du gouvernement d'augmenter le taux de change du "dollar douanier" à 86.000 livres libanaises pour un billet vert.

Le terme "dollar douanier" est relatif au taux de change utilisé pour calculer les droits de douane sur les produits importés au Liban. Ce taux est passé de 60.000 à 86.000 LL à la mi-mai, convergeant ainsi avec le taux de change de la plateforme Sayrafa de la banque centrale. Il s'agit de la quatrième augmentation de ce taux, qui avait été multiplié par dix pour atteindre 15.000 LL/dollar en décembre dernier.

Alors que les manifestants brûlaient des pneus et bloquaient l'autoroute, provoquant d'importants embouteillages à l'entrée nord de Beyrouth, l'armée s'est déployée sur les lieux. Des échauffourées ont éclaté entre les soldats et les protestataires, selon notre journaliste sur place Mohammad Yassine. 

Les manifestants brandissaient des pancartes affirmant ": "ils [les autorités] ont détruit nos maisons" et "sauvez les concessionnaires automobiles, ou nous devrons retourner au transport à dos d'âne".

De son côté, le président du syndicat des importateurs de voitures, Elie Azzi, a déclaré au quotidien an-Nahar, dans une vidéo en direct, que "le gouvernement nous demande de payer aux douanes l'équivalent de 65 % du prix de la voiture qui arrive au port de Beyrouth. C'est tout simplement du vol".

S'adressant à la foule, un concessionnaire automobile a affirmé que les autorités ont "promis à plusieurs reprises" au secteur des voitures d'occasion qu'il "serait traité équitablement et que ses demandes seraient entendues, mais ce ne sont que des promesses creuses".

La manifestation de mardi était la troisième de l'année pour  réclamer un ajustement du taux de douane, qui, selon les importateurs, nuit à leur activité.

L'ajustement du taux du "dollar douanier" a été imposé par le ministère des Finances dans le budget 2022 de l'Etat le 15 novembre dernier, alors qu'il était toujours calculé sur la base de l'ancien taux officiel de 1.500 LL pour un dollar. Cet ajustement vise à compenser certains des effets de la vive dépréciation de la livre sur les recettes fiscales de l'État.