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Culture - Théâtre

« Victoria K. », la victoire de la petite chaise jaune

La pièce de Valérie Cachard, jouée au théâtre Zoukak la semaine dernière, traite du rôle des femmes dans leur identité. Avec « l’artiste multidisciplinaire » Hadi Deaibess et l’auteure, le duo a proposé une représentation à faire bondir de leur chaise les spectateurs.

« Victoria K. », la victoire de la petite chaise jaune

Vaérie Cachard ouvrant une pochette dans son spectacle « Victoria K., Delphine Seyrig et moi, ou la petite chaise jaune ». Photo Gregory Buchakjian

La scène est sa maison, elle invite le spectateur à la regarder se mouvoir sur les planches. Valérie Cachard a présenté et interprété, avec Hadi Deaibess, au théâtre Zoukak, il y a quelques jours, sa pièce Victoria K., Delphine Seyrig et moi, ou la petite chaise jaune. Pièce mise en scène par les deux compères et écrite par Cachard. Elle narre l’histoire d’une femme qui, à travers des cahiers déterrés dans une maison abandonnée, fait la rencontre d’une certaine Victoria K. Elle entreprend alors un travail « archéologique », comme le qualifie notre consœur Joséphine Hobeïka dans son entretien avec la dramaturge dans L’Orient Littéraire, afin de retracer l’histoire de cette madame K. et les raisons de la fascination du personnage principal vis-à-vis de son histoire. La version écrite n’a pas attendu d’être mise en scène pour être saluée par la critique. Le texte, lauréat du prix RFI théâtre 2019, narre avec brio un voyage entre les époques de ces deux (?) femmes grâce à la construction du récit ne se divisant pas en scènes, mais en trois catégories de délimitation textuelle : les fragments, les improvisations et les archives. La première catégorie s’explique par elle-même : il s’agit de fragments de vie servant au travail de mémoire proposé par Cachard.Les scènes entrant dans le deuxième type ne sont pas des improvisations à proprement parler. Il s’agit en fait d’une impression immersive au contact de cette maison, lieu faisant le pont entre les émotions des trois femmes rencontrées au cours de la lecture ou du visionnage de la pièce. Enfin, les archives sont des passages tirés du journal lu par l’auteure sur scène. Le texte, originellement écrit en français, a été traduit en arabe libanais par Chrystèle Khodr, des sous-titres étant disponibles pour les personnes n’étant pas très familières avec notre beau dialecte. « Il a fallu oublier totalement le texte que j’ai écrit pendant 2 ans afin de coller au mieux aux questionnements liés à l’identité et à l’espoir que j’essaye de faire véhiculer », avoue Valérie Cachard à L’Orient-Le Jour.

Valérie Cachard et Hadi Deaibess sur la scène du théâtre Zoukak. Photo Gregory Buchakjian

Une mise en scène entre acteurs et spectateurs

À peine initié, le 4e mur est déjà brisé. L’actrice se dirige vers les spectateurs et leur parle du Liban, de son lien avec ce pays, lançant alors un regard bienveillant vers Hadi Deaibess jouant le personnage du technicien. « Mon rôle sert à faire le pont entre la fiction scénique et la réalité du spectateur, indique Deaibess à L’OLJ, je sers aussi à faire respirer le spectateur. » Le technicien sollicite le public à plusieurs moments en détachant son regard de son panel de contrôle et en se retournant afin d’énumérer précisions et explications sur ce qui se passe de l’autre côté du 4e mur. Valérie Cachard s’adresse aussi au public. Cependant, avoir un technicien représentant monsieur Tout-le-monde est bien plus impactant que d’entendre le monologue d’une actrice, aussi talentueuse soit elle. Ce lien est aussi caractérisé par la sollicitation d’une personne du staff de Zoukak présente parmi le public. Son but est de lancer le spectacle. Elle n’interviendra plus pour tout le reste de la représentation. La pièce se lance sur les fragments 1, 2 et 3. Quelque chose saute aux yeux, le livre vendu aux éditions esse que débute pourtant avec le fragment 0… Les scènes ne se suivent pas telles qu’elles ont été rédigées. Les acteurs prennent la liberté de sauter certains passages ou de les jouer plus tard. Les scènes « Fragments 13 » et « Archive 7 » ne seront d’ailleurs pas présentées. Un choix qui semble intrigant. Nous vous invitons à lire les passages en question afin de vous faire votre propre avis quant à la raison de leur absence dans le texte final. La conclusion et la révélation finale sont énigmatiques. Elles amènent le spectateur à réfléchir sur l’intégralité de la pièce précédemment visionnée. Il est alors invité à faire un choix sur l’identité des personnages qui changera sa perception et son idée préconçue.

Ce que ce dénouement ne change pas, c’est la forme de cette représentation et de son texte. Le travail, presque scientifique, de Valérie Cachard appuie l’esprit réaliste que ces lignes insufflent. Il s’agit de son récit, de son histoire. La représentation reste tout de même un quasi-monologue. Ainsi, cette pièce est recommandée à un public averti, bien que les mouvements de l’actrice semblant se téléporter d’une position à une autre entre chaque coupure de lumière rendent cette pièce visuellement très plaisante. Un texte merveilleux et épatant, mettant le lecteur, ou le spectateur, à la place de ces femmes, de leurs rêves et de leur esprit d’appartenance à leur pays en nous prouvant une fois de plus que la plume du peuple libanais est la plus importante de ses armes.

La scène est sa maison, elle invite le spectateur à la regarder se mouvoir sur les planches. Valérie Cachard a présenté et interprété, avec Hadi Deaibess, au théâtre Zoukak, il y a quelques jours, sa pièce Victoria K., Delphine Seyrig et moi, ou la petite chaise jaune. Pièce mise en scène par les deux compères et écrite par Cachard. Elle narre l’histoire d’une femme qui, à...

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