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"Irresponsable" de "tourner le dos" à l'ONU malgré ses défauts, pour l'ambassadeur Ukrainien

Le logo des Nations unies au siège de l'agence à New York, le 24 septembre 2019. Photo Angela Weiss/AFP

L'ONU n'est "clairement pas parfaite", avec un Conseil de sécurité "discrédité", mais il serait "irresponsable" de lui "tourner le dos", estime l'ambassadeur Ukrainien auprès des Nations unies, insistant sur le poids des résolutions de l'Assemblée générale condamnant l'invasion russe.

"Les Nations unies, clairement, ne sont pas parfaites", et ce depuis leur naissance en 1945, lance Sergiy Kyslytsya lors d'un entretien jeudi avec l'AFP. "Nous ne devons pas avoir d'illusions sur les Nations unies, c'est vrai. D'un autre côté, avons-nous une alternative aux Nations unies? Non." Alors "le plus facile, mais aussi le plus irresponsable, serait de tourner le dos aux Nations unies", insiste-t-il, décrivant un "bouquet" d'Etats aux opinions très diverses avec lesquels il faut composer.

"L'Assemblée générale et ses Etats membres, c'est une photo du monde tel qu'il est, nous pouvons ne pas l'aimer, mais c'est le monde", commente l'ambassadeur. "Et si la France ou l'Ukraine ou d'autres pays veulent l'améliorer, on ne peut pas utiliser Photoshop, il faut travailler avec chaque pays, avec les groupes de pays, c'est très difficile". Depuis l'invasion russe en février 2022, l'Ukraine et ses alliés ont organisé l'adoption par l'Assemblée générale de plusieurs résolutions condamnant Moscou.

La dernière, à l'occasion du premier anniversaire de l'invasion en février dernier, a réclamé à une majorité écrasante (141 voix pour, 7 contre, 32 abstentions) le retrait immédiat des troupes russes. "Ce n'est pas symbolique. C'était un vrai coup porté à la Russie qui propageait son récit selon lequel le monde était fatigué, avait perdu son intérêt pour la guerre", estime Sergiy Kyslytsya, pour qui ces votes participent aussi à la "résilience" du peuple Ukrainien.

"Pas un coin de paradis"

Alors, même si le Conseil de sécurité, "paralysé" sur le dossier Ukrainien par le droit de véto de la Russie, "est profondément discrédité, aux yeux des Ukrainiens mais pas seulement, cela ne veut pas dire que l'organisation dans son ensemble a échoué", note-t-il, insistant sur l'importance d'autres agences onusiennes comme le Haut commissariat pour les réfugiés.

Toutefois, le fait que la Russie assure pendant un mois, jusqu'à dimanche, la présidence tournante du Conseil a "porté un coup à l'image" de l'ONU, déplore-t-il, espérant une réforme de ce "système moralement perverti" où le ministre russe des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov a présidé une réunion sur la défense des principes de la charte de l'ONU. "Cela m'a écoeuré. Mais je suis habitué à être écoeuré (...) cette ville est remplie d'hypocrisie. Les Nations unies sont un endroit toxique, pas un coin de paradis".

Mais l'ambassadeur appelle aussi à ne pas oublier "le succès du secrétaire général" Antonio Guterres dans la conclusion de l'accord sur l'exportation de céréales Ukrainiennes via la mer noire. Un secrétaire général, limpide dans sa condamnation de l'invasion russe, dont il salue les "solides valeurs morales et l'engagement". Quant à la création d'un tribunal spécial pour juger les responsables de l'agression russe, la question de savoir si cela passera par l'ONU ou non reste ouverte.

Il y a encore quelques mois, l'Ukraine plaidait pour une résolution de l'Assemblée générale. Aujourd'hui "les discussions se poursuivent", note l'ambassadeur. "Que nous passions par l'Assemblée générale ou une autre voie, c'est important mais pas l'essence" de la question, estime-t-il. "L'essentiel est la façon dont seront rendus les comptes pour le crime d'agression". Et "nous ne devons pas permettre que cela échoue".

L'ONU n'est "clairement pas parfaite", avec un Conseil de sécurité "discrédité", mais il serait "irresponsable" de lui "tourner le dos", estime l'ambassadeur Ukrainien auprès des Nations unies, insistant sur le poids des résolutions de l'Assemblée générale condamnant l'invasion russe."Les Nations unies, clairement, ne sont pas parfaites", et ce depuis leur naissance en 1945, lance Sergiy...