L'Australie a dévoilé lundi une révision majeure de sa doctrine de défense pour contrecarrer notamment le renforcement des capacités militaires de la Chine, sur fond de tensions en Asie Pacifique où l'influence de Pékin est croissante.
"Aujourd'hui, pour la première fois depuis 35 ans, nous redéfinissons la mission des Forces de défense australiennes", a déclaré le ministre australien de la Défense Richard Marles, estimant que la précédente stratégie n'était "plus adaptée à l'objectif visé". La nouvelle doctrine militaire de l'Australie mise désormais sur la dissuasion, visant à maintenir l'adversaire à distance avant qu'il ne puisse atteindre le territoire australien, et préconise pour cela l'utilisation de missiles, sous-marins et outils cybernétiques.
Le nouveau rapport stratégique du ministère de la Défense justifie cette évolution par le renforcement des capacités militaires de Pékin et met en garde contre la hausse "des risques d'escalade militaire ou d'erreur d'appréciation". Les analystes militaires australiens ont observé avec méfiance la montée en puissance militaire de la Chine, craignant que l'augmentation des capacités militaires de Pékin ne coupe de facto l'Australie de ses partenaires commerciaux et des chaînes d'approvisionnement mondiales.
Face à cette menace, la nouvelle doctrine de défense australienne préconise le recrutement de soldats ainsi que le renforcement des bases militaires du nord du pays et l'élargissement des capacités de frappe aérienne, terrestre et maritime de son armée.
Frappe à longue portée
Canberra avait déjà annoncé le développement d'une nouvelle flotte de sous-marins à propulsion nucléaire armés de missiles de croisière. Lundi, M. Marles a déclaré que les Forces de défense australienne seront également dotées de capacités de frappes à longue portée, à la fois terrestres et aériennes. L'avènement de "l'ère des missiles" dans la guerre moderne, cristallisé par la prolifération des armes de frappe de précision à longue portée, a radicalement réduit les avantages géographiques de l'Australie", conclut le rapport.
La priorité sera désormais donnée à la défense des côtes du pays et l'armée devra se doter d'une "capacité de frappe à longue portée", mettant de facto un coup d'arrêt au développement de projets militaires terrestres. Un plan d'achat de 450 véhicules de combat d'infanterie a ainsi été revu à la baisse, à 129 véhicules.
L'annonce de cette nouvelle doctrine a suscité une réaction immédiate de Pékin qui assure poursuivre une politique de défense nationale "de nature défensive". "Nous ne représentons une menace pour aucun pays", a déclaré lundi Mao Nig, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
"Nous espérons que des pays s'abstiendront d'utiliser la Chine comme excuse pour élargir leur puissance militaire ou de monter en épingle la théorie de la +menace chinoise+", a-t-il souligné.
Un adversaire tacite
Bien que le rapport du ministère australien de la Défense ne mentionne que neuf fois la "Chine", les vastes investissements militaires de Pékin et l'influence croissante de la Chine en Asie Pacifique sont autant d'éléments qui ont précipité l'avènement de cette nouvelle doctrine militaire australienne. Le document souligne en revanche que le renforcement des capacités militaires de Pékin "s'effectue sans transparence et sans rassurer la région Indo-Pacifique sur les intentions stratégiques de la Chine".
"L'affirmation par la Chine de sa souveraineté en mer de Chine méridionale menace l'ordre mondial (...) dans l'Indo-Pacifique, d'une manière qui impacte défavorablement les intérêts nationaux de l'Australie", indique le rapport.
Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), les dépenses militaires chinoises, en hausse pour la 28e année consécutive, ont atteint le chiffre record de 292 milliards de dollars l'année dernière.
Le retour de la concurrence stratégique entre la Chine et les Etats-Unis "devrait être considéré comme la caractéristique déterminante de notre région et de notre époque", indique le rapport stratégique.
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