Des milliers d'Afghans "détenus arbitrairement" aux Emirats

L'ONG Human Rights Watch a accusé mercredi les Emirats arabes unis de détenir "arbitrairement" au moins 2.400 demandeurs d'asile afghans dans des conditions insalubres depuis plus d'un an.

De 2.400 à 2.700 Afghans ayant quitté leur pays pour les Emirats lors de la prise de Kaboul par les talibans en août 2021 sont détenus dans des installations temporaires, avec un accès restreint à une aide juridique et une restriction de leur liberté de mouvement, selon un rapport publié mercredi.

HRW a interrogé 16 Afghans résidant dans ce complexe intitulé "Emirates Humanitarian City", qui dénonçaient notamment une surpopulation, des infrastructures vétustes et des invasions d'insectes.

"Les autorités émiraties ont gardé des milliers de demandeurs d'asile afghans enfermés pendant plus de 15 mois dans des conditions surpeuplées, misérables sans aucun espoir de progrès concernant leur dossier", accuse Joey Shea, chercheur sur les Emirats pour l'ONG.

Cité dans ce rapport, un Afghan a qualifié l'Emirates Humanitarian City de "camp". "Ce camp est comme une prison", a-t-il dit. HRW appelle à la libération immédiate de ces Afghans "détenus arbitrairement", parmi lesquels se trouvent des femmes et des enfants.

Les autorités émiraties ont accepté de les accueillir temporairement, à la demande des Etats-Unis, en attendant qu'un autre pays leur offre l'hospitalité, selon un responsable du gouvernement.

"Les Emirats continuent à travailler avec l'ambassade américaine pour traiter (les dossiers des) voyageurs et sont en relation avec leurs homologues américains dans le cadre d'efforts pour l'installation des derniers (Afghans) évacués dans un délai convenable", a-t-il déclaré à l'AFP, sous couvert d'anonymat.

"Nous comprenons qu'il y ait des frustrations et que cela ait pris plus de temps que prévu", a-t-il ajouté.

D'après lui, les autorités fournissent aux demandeurs d'asile des "logements de haute qualité, des sanitaires, des services médicaux, hospitaliers, éducatifs, alimentaires et de conseil" juridique.

HRW évoque pour sa part une grave "crise de santé mentale", disant avoir recensé au moins une tentative de suicide. L'ONG a appelé la communauté internationale "à ne pas ignorer la détresse choquante de ces Afghans tombés dans l'oubli aux Emirats."

"Le gouvernement américain, en particulier, (...) pour qui de nombreux réfugiés travaillaient avant la prise de pouvoir des talibans, devrait immédiatement intervenir", a estimé HRW.