Près de 150 manifestants se sont rassemblés samedi à 16h, heure de Beyrouth, place de la République à Paris, pour commémorer les deux ans et sept mois depuis l'explosion meurtrière du 4 août 2020 au port de Beyrouth, selon une manifestante, Audrey M-G, contactée par L'Orient-Le Jour. Une autre manifestation est prévue à Beyrouth à 17h devant le port, par des proches des victimes.
Les manifestants réclament l'avancée de l'enquête sur ce drame qui a fauché plus de 220 vies, blessé plus de 6.500 personnes et pour lequel justice n'a toujours pas été rendue, alors que l'enquête fait face à de flagrantes ingérences politiques et judiciaires.
Tracy et Paul Naggear, les parents de la petite Alexandra, tuée dans l'explosion, étaient présents lors de la manifestation à Paris, selon des images que la mère retransmettait en direct sur les réseaux sociaux.
"Cela fait du bien que l'on soit là ensemble, en tant que Libanais et autres", a dit Paul Naggear, selon une vidéo envoyée à L'Orient-Le Jour par Audrey M-G. L'un des manifestants, Savio Haykal, jouait des airs de Feyrouz au piano, sous la statue de la République.
Le 29 janvier dernier, une manifestation similaire, à l'initiative de plusieurs collectifs d'émigrés libanais avait également eu lieu à Paris, place du Trocadéro.
Au Liban, les proches de victimes protestent chaque 4 du mois pour réclamer une avancée de l'enquête, confiée au juge d'instruction Tarek Bitar mais bloquée par de nombreux recours en invalidation déposés par des responsables contre lesquels il a engagé des poursuites.
Le 23 février, le bureau d’accusation du barreau de Beyrouth a révélé qu'un jugement en faveur des victimes de l'explosion a été prononcé par la cour de justice de Londres, au Royaume-Uni, dans le cadre d’une plainte civile déposée contre Savaro Ltd, une société de négoce de produits chimiques qui aurait acheté en Géorgie la cargaison de nitrate d'ammonium à l'origine de la déflagration.
Fin janvier, le procureur général près la Cour de cassation du Liban Ghassan Oueidate avait engagé des poursuites à l'encontre du juge Bitar et décidé de libérer tous les suspects détenus dans l'enquête, ravivant la colère des proches des victimes. Les décisions du procureur Oueidate ont été considérées par de nombreux observateurs comme un acte politique visant à bloquer cette enquête afin de protéger la classe politique au pouvoir, accusée par une frange de la population de n'avoir rien fait pour éviter l'explosion.
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