Cette fois, de l’avis des présents, la rencontre du conseil de l’ordre des rédacteurs, présidé par Joseph Kossaïfi, avec le patriarche maronite Béchara Raï était différente de toutes les précédentes. Dans un langage direct et franc, Mgr Raï a exprimé sa colère face à la non-élection d’un président de la République.
Sans prendre de gants ni ménager qui que ce soit, le patriarche maronite a déclaré que toutes les parties politiques et tous les groupes parlementaires sont responsables de la vacance présidentielle et surtout de son prolongement. Contrairement à ce qu’on pourrait donc croire, Mgr Raï estime que tous les partis politiques chrétiens sont responsables du blocage de l’échéance. Et, selon lui, le problème n’est pas dans le système, mais dans son application. Devant ses interlocuteurs, interrogés par L’Orient-Le Jour, il a donc exprimé son inquiétude face à la situation dans laquelle se trouve le Liban. Dans ce contexte, le patriarche n’innocente personne et estime que toutes les parties sont responsables du gouffre dans lequel s’enfonce le pays, insistant sur le fait que la sortie de crise passe par l’élection d’un nouveau président pour que les institutions de l’État puissent recommencer à fonctionner.Selon lui, le problème réside essentiellement dans le fait que « l’esprit milicien continue à régir le comportement des différentes parties ». D’après le prélat maronite, tant que cet esprit continuera de régner, il ne pourra pas engendrer des solutions valables. Il a même expliqué que si certains croient que le pays peut fonctionner sans président de la République, ils se trompent. Le gouvernement est démissionnaire et ne doit agir qu’en situation d’extrême urgence, les ministères sont sans contrôle ainsi que les administrations, alors que le dollar poursuit sa hausse vertigineuse sans le moindre plafond. « S’il y avait un président, ces problèmes pourraient au moins être contrôlés », estime Mgr Raï. Il faut donc, selon lui, cesser de faire assumer la responsabilité de la situation actuelle à telle ou telle autre partie, à telle ou telle autre personnalité. C’est ensemble, avec leur souci de leurs intérêts personnels ou particuliers, que les différents acteurs politiques sont responsables. Le patriarche a insisté sur le fait que la solution est entre les mains du Parlement, et pour lui, le fait de ne pas élire un président est un crime contre le pays et contre le peuple. « Les gens sont en train de mourir de faim, a-t-il lancé. Qui est responsable de cette situation ? La destruction systématique de l’État et de ses institutions n’est-elle pas un crime ? »Béchara Raï a ensuite développé la question de l’élection présidentielle, affirmant qu’aucun des groupes parlementaires ne veut réellement élire un président, car celui qui veut vraiment remplir cette mission doit faire un pas en avant en direction des autres. Or, jusqu’à présent, ce n’est pas le cas. Certains blocs ont un candidat et ne veulent pas parler avec les autres d’une autre éventualité. D’autres n’en ont pas ouvertement, mais campent sur leurs positions. « Les maronites, par exemple, a-t-il dit, entraînent les autres chrétiens derrière eux et ils n’en ont pas le droit. Alors que les chiites s’accrochent à leur candidat Sleiman Frangié et réclament ensuite le dialogue. Mais un dialogue sur quel sujet ? D’autres encore veulent le candidat Michel Moawad et ainsi de suite. Ce n’est pas ainsi qu’on peut arriver à des solutions. Le dialogue doit se faire au Parlement, dans le cadre des réunions pour l’élection présidentielle qui doivent se tenir chaque jour, et pas seulement chaque jeudi. Le Parlement doit être actuellement un collège électoral, non une assemblée qui légifère. » Et d’ajouter : « Il semble que le peuple et ses souffrances ne font pas partie des préoccupations de certains. Je le dis avec une grande peine. » En réponse à une question, le patriarche maronite a précisé qu’il était en contact avec le président de la Chambre Nabih Berry, mais que ce dernier veut un accord entre toutes les parties sur un même candidat. Ce qui, selon Mgr Raï, n’est pas possible.
Réunir des intellectuels
Malgré cette situation désastreuse, le patriarche affirme qu’il ne peut pas se laisser aller au désespoir. « Nous avons une grande confiance en Dieu et nous sommes convaincus qu’Il ne lâchera pas le Liban. Il interviendra forcément à un moment donné sans prévenir. Je ne vis donc pas dans le désespoir, mais dans l’espérance », a-t-il ajouté. Interrogé sur son intention de convier les responsables maronites à une rencontre à Bkerké, le cardinal Raï a répondu : « Il semble qu’ils n’aiment pas cela. » Il a aussi déploré son incapacité à réunir toutes les parties (pas seulement chrétiennes) pour mener un véritable dialogue, insistant sur le fait qu’il faut une conférence internationale pour cela. En attendant, il a exprimé son souhait de pouvoir réunir des intellectuels et des élites à Bkerké pour discuter en toute liberté et de façon informelle dans le but d’essayer de trouver des solutions. Mgr Raï est donc très remonté contre tous les protagonistes libanais, principaux responsables, selon lui, de la vacance présidentielle. Dans ce contexte, il estime que le gouvernement actuel fait de son mieux. « On ne peut pas lui demander d’assumer toutes les responsabilités », a-t-il déclaré, avant d’ajouter que le Premier ministre sortant Nagib Mikati « avance sur un terrain miné, entre les questions urgentes et celles qui le sont moins ». Il s’est ainsi quelque peu démarqué de la position des grands blocs parlementaires chrétiens, celui du Liban fort (CPL) et celui de la République forte (FL).
Au sujet du sommet spirituel dont il a été question, Béchara Raï s’est déclaré prêt à se rendre n’importe où, au siège du cheikh Akl druze, à Dar el-Fatwa ou au Conseil supérieur chiite, l’essentiel étant qu’il y ait une volonté réelle de trouver des solutions, révélant qu’il a été contacté à ce sujet.
Le patriarche n’a pas ménagé ses critiques du système dit de la « démocratie consensuelle » ainsi que du principe de consensus, qui est, selon lui, en contradiction avec la démocratie. Pour lui, toutes ces formules ne figurent pas vraiment dans la Constitution. En réponse à une question, il a reconnu que les parties libanaises ne sont pas d’accord entre elles sur des questions de fond, et si les divergences sont une richesse, les conflits ne devraient pas porter sur les « fondamentaux ». Selon lui, le Liban « traverse une étape cruciale, et les parties concernées s’occupent de questions secondaires au lieu de traiter les vrais problèmes ». Un triste constat, certes, mais surtout une volonté réelle de secouer les consciences.
= - QUAND DANS LA BERGERIE AU LIEU DE CHEFS BELIERS, - ON VOIT COMBATS DE COQS ET ENTEND BRAIMENTS D,ANES, - FAIRE DE CES NULS AU LIEU D,ANES DES ANIERS, - C,EST LES INTRONISER SACHANT QU,ILS SONT DES ANES. = - ILS ARGUENT QU,ILS SONT LES PROTECTEURS DES CHRETIENS, - QUAND L,EMIGRATION VA S,INTENSIFIANT SANS CESSE. - PATRIARCHE, SI VOUS N,OTEZ PAS CES VAURIENS, - D,AUTRES FORCES DE NOS FUITES SERAIENT EN LIESSE.
14 h 47, le 02 mars 2023