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Sport - Ligue Europa

Nantes, des portes du stade à celles de l’exploit

Les Canaris n’ont pas manqué leur grand rendez-vous à Turin en accrochant la Juventus (1-1) sur sa pelouse, au terme d’un match où ils auront beaucoup souffert, tout comme une large partie de leurs supporters, empêchés d’assister à la rencontre par la police italienne.

Nantes, des portes du stade à celles de l’exploit

Ludovic Blas célébrant son but égalisateur permettant au FC Nantes de ramener un match nul de son déplacement sur le terrain de la Juventus Turin (1-1), jeudi, en 16e de finale de la Ligue Europa. Marco Bertorello / AFP

Venus à plus de 2 000 à Turin pour regoûter, vingt ans après, au doux parfum des grandes soirées européennes, les fans nantais auront vécu une soirée contrastée.

Elle fut d’abord cauchemardesque pour une bonne partie d’entre eux, plus précisément pour les membres de la Brigade Loire, principale association de supporters du FC Nantes. Ces derniers faisaient partie du gros contingent nantais ayant traversé l’Hexagone pour vivre ce premier match européen à élimination directe disputé par leur club de cœur depuis le 22 février 2021 (un 8e de finale de C3 perdu contre le FC Porto).

Mais à peine avaient-ils mis un pied aux abords du Juventus Stadium que la grande fête annoncée s’est rapidement muée en immense désillusion. Alors qu’ils s’avançaient tranquillement pour pénétrer dans l’enceinte du stade, la police italienne a soudainement décidé de leur refuser l’entrée, sous prétexte que les places qu’ils avaient en leur possession n’étaient pas « nominatives », comme le raconte à L’Orient-Le Jour Alex*, un membre de ce groupe ultra ayant fait le déplacement.

« C’est absolument scandaleux »

« On fait 15 heures de route, on dépense des centaines d’euros pour vivre ce qui peut être le match d’une vie pour un supporter nantais et on se fait recaler juste parce que nos noms ne sont pas inscrits sur nos places ? C’est absolument scandaleux ! » s’indigne cet amoureux des Canaris d’une trentaine d’années.

« On n’a rien fait de mal pourtant », embraye-t-il. « Lorsqu’ils nous ont confisqué nos drapeaux sans explication, lorsqu’ils nous parlaient comme à des malpropres ou qu’ils nous demandaient d’enlever nos chaussures pour les fouiller, personne n’a bronché. Tout le monde est resté calme », assure-t-il.

Bloqués plusieurs heures à l’entrée des grilles, la majorité des membres de la Brigade Loire, dont Alex, ont alors décidé de quitter les lieux pour se contenter de suivre tant bien que mal la rencontre sur leurs smartphones en essayant de capter des retransmissions radio ou vidéo.

Et même si certains d’entre eux ont finalement pu accéder au parcage au compte-gouttes, à quelques secondes du coup d’envoi, « le mal était fait », pour Alex et les siens, qui ne pouvaient décemment pas accepter un tel traitement et rester muets face à une organisation aussi défaillante. « En tout cas, ça montre qu’il n’y a pas qu’en France que les autorités se méfient des supporters comme s’ils avaient affaire à des criminels, conclut Alex. C’est un problème bien plus global : beaucoup de pays ne savent toujours pas encadrer les déplacements de supporters, et il faut que cela cesse. »

Un nul ramené... à l’italienne

La frustration fut évidemment immense pour des fans qui s’apprêtaient à savourer cette affiche de prestige face à la Juventus comme une sorte de madeleine de Proust. La dernière confrontation entre le FC Nantes et la Vieille Dame remonte à près de vingt-sept ans en arrière, et l’enjeu était tout autre, puisqu’il s’agissait alors d’une demi-finale de Ligue des champions. Un stade de la compétition que les Nantais n’ont plus jamais atteint depuis cette épopée menée lors de la saison 1996-1997.

Les Bianconeri s’étaient alors imposés sur le score de 2-0 à l’aller et, malgré la défaite au retour à la Beaujoire (3-2), avaient gagné le droit d’aller en finale et de remporter son dernier trophée continental en date.

À l’époque, les Nantais avaient tenu une mi-temps avant de céder, alors qu’ils avaient été réduits à dix pendant tout le second acte. Cette fois, la défense, où Nicolas Pallois faisait son retour après un mois d’absence (genou), a cédé dès le premier quart d’heure face à une Juve déchaînée pendant l’entame de match, à l’image d’un Angel Di Maria multipliant les arabesques.

L’Argentin a sollicité une première fois Alban Lafont (3e), avant de délivrer, dix minutes plus tard, une ouverture lumineuse dans la course de Federico Chiesa, qui a ensuite servi Vlahovic de la tête seul face au but. Cruel pour le jeune gardien français, piégé par ses deux ex-partenaires de la Fiorentina (1-0, 13e).

Après ce coup de massue d’entrée de jeu, les Canaris ont eu le mérite de ne pas se démobiliser et de rester fidèles au plan de jeu mis en place par leur entraîneur. S’apprêtant à subir les vagues bianconeri tout au long de la partie, Antoine Kombouaré avait concocté un schéma tactique placé sous le signe du « verrouillage », à l’image d’une formation italienne adepte du « catenaccio ».

Placés à la pointe d’une équipe composée de 5 défenseurs et de 3 milieux, également à vocation défensive, Ludovic Blas et l’Égyptien Mostafa Mohammad avaient la lourde tâche d’animer l’attaque nantaise lors des rares ballons de contre qu’ils auraient à leur disposition.

Merci, les poteaux

Après avoir laissé passer l’orage, les Nantais se sont peu à peu rapproché des abords de la surface italienne en profitant d’une Juve semblant parfois se contenter de ce court avantage.

Lafont, impeccable à plusieurs reprises devant Di Maria (28e, 49e), a longtemps permis aux siens de rester dans le match. Mais il a parfaitement été relayé par l’autre homme fort des Canaris cette saison Blas, qui n’a pas laissé passer la première occasion qui s’est présentée devant lui.

À l’heure de jeu, le numéro 10 a conclu, en force, d’une frappe limpide du pied gauche, un contre éclair enclenché par Fabien Centonze, parfaitement relayé par la passe aveugle de Mostafa Mohammad surprenant toute l’arrière-garde turinoise.

Pris au piège tendu par Antoine Kombouaré, les hommes de Massimiliano Allegri se sont enfin réveillés dans la dernière demi-heure, mais les Nantais ont rivalisé d’héroïsme et de réussite pour tenir le choc.

Ils peuvent également remercier leur bonne étoile, notamment sur cette frappe de Chiesa (62e) qui a heurté la barre de Lafont, avant de rebondir sur sa ligne puis de finir sa course sur son poteau. Ils ont encore eu quelques sueurs froides, comme sur un corner dangereux de Di Maria (66e), ou après la maladresse de Danilo sur une ultime situation chaude (90+1e).

Enfin, ils ont encore tremblé de longues minutes lorsque l’arbitre João Pinheiro a été appelé par la VAR pour statuer sur un éventuel penalty qui viendrait sanctionner une main involontaire de Centonze à la 90+5e. Mais le Portugais a finalement absous le défenseur nantais pour sanctionner au contraire une faute turinoise.

Le parcage nantais lors du 16e de finale de Ligue Europa au Juventus stadium de Turin. Marco Bertorello / AFP

« Ils ne sont pas prêts »

De quoi sceller le sort de la rencontre et de ramener un nul inespéré du Piémont (1-1) qui fait le bonheur du technicien nantais: « Un grand bravo à mes joueurs, qui ont été héroïques, solides. On savait qu’on allait souffrir, mais on a fait front, on a fait bloc, a salué Antoine Kombouaré. Il y a beaucoup de fierté. On savait que si on voulait espérer un exploit, il faut faire deux grands matchs (aller et retour, NDLR). Le plus dur, ce sera de finir le travail. Je m’attends à une Juve remontée, ils sont vexés. On s’attend à souffrir comme ce soir. »

Pour les Italiens, qui n’ont gagné qu’un seul de leurs sept matchs européens cette saison après un parcours désastreux en C1, la tâche s’annonce bien plus complexe que prévu. Loin d’être une compétition disputée à la légère, cette Ligue Europa représente au contraire leur unique espoir de disputer la Ligue des champions l’année prochaine.

Une victoire finale en C3 paraît en effet bien plus probable qu’une remontée au classement en Serie A, dont ils ont dégringolé au 9e rang, à 12 points des places européennes, après le retrait de 15 points décidé par la Ligue italienne suite à la condamnation du club piémontais, épinglé par la justice après de multiples transferts frauduleux.

Mais cela devra passer par une victoire à la Beaujoire où les supporters des Jaune et Vert seront cette fois bien plus que 2 000 : « Ils ne sont pas prêts pour le boucan que l’on va mettre la semaine prochaine », promet Alex, qui compte bien extérioriser toute la frustration accumulée en terres turinoises en poussant les Canaris vers un exploit qui, s’il advenait, ferait date dans l’histoire du football français.

L’effectif nantais remerciant ses supporters à la fin de la rencontre. Marco Bertorello / AFP

Monaco surprend le Bayer, Rennes bousculé par Donetsk

Dans le même temps, deux autres clubs français étaient engagés dans ces 16es de finale de Ligue Europa. Au terme d’un match fou, Monaco est allé s’imposer sur la pelouse de la BayArena de Leverkusen (2-3) grâce à des buts de Hradecky (contre son camp), Krépin Diatta et Axel Disasi. De quoi permettre au club de la principauté de prendre une sérieuse option sur la qualification et de poursuivre sa belle dynamique entamée depuis la fin de la trêve du Mondial.

De son côté, Rennes a été touché, mais pas coulé sur la pelouse du Legia Varsovie, qui accueille les matchs de l’équipe du Shakhtar Donetsk depuis le début de la guerre en Ukraine.

« Gloire à l’Ukraine, gloire à l’Ukraine », ont scandé les quelque 12 000 spectateurs venus soutenir l’équipe ukrainienne aux côtés d’un millier de fans bretons.

Sous leurs acclamations, Dmytro Kryskiv (11e) et Artem Bondarenko (45e+1 sur penalty) ont donné l’avantage au Shakhtar, tandis que Karl Toko Ekambi a réduit l’écart en seconde période (59e) en signant son premier but en Rouge et Noir. Après cette courte défaite 2-1, l’espoir est encore permis pour les Bretons qui recevront les Ukrainiens dans une semaine au Rhoazon Park.

* Le prénom a été modifié à la demande de la personne interrogée.

Venus à plus de 2 000 à Turin pour regoûter, vingt ans après, au doux parfum des grandes soirées européennes, les fans nantais auront vécu une soirée contrastée. Elle fut d’abord cauchemardesque pour une bonne partie d’entre eux, plus précisément pour les membres de la Brigade Loire, principale association de supporters du FC Nantes. Ces derniers faisaient partie du gros...

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