Les familles des victimes des explosions meurtrières du 4 août 2020 à Beyrouth se sont réunies samedi devant le port de la capitale pour marquer les deux ans et demi depuis le drame, tandis que des militants ont installé une tente à proximité en mémoire de l'activiste et fervent opposant au Hezbollah Lokman Slim, retrouvé assassiné il y a deux ans.
L'explosion du 4-Août, provoquée par des milliers de tonnes de nitrate d'ammonium mal stockées, a tué plus de 200 personnes et en a blessé 6.500 autres. L'enquête est ralentie par une série d'ingérences politiques et judiciaires, tandis que les familles des victimes réclament régulièrement justice.
Samedi, peu de personnes se sont rassemblées dans le froid devant la statue de l'Émigré en hommage aux victimes, selon notre photographe sur place João Sousa. À proximité, une foule s'est rassemblée autour de la tente dédiée à Lokman Slim. Des tentes similaires avaient été montées par des militants dans le centre-ville de Beyrouth lors du soulèvement populaire d'octobre 2019. À l'époque, l'une de ces tentes avait été attaquée et brûlée en raison des critiques de son initiateur à l'encontre d'Israël.
"Assiégés par des partisans du Hezbollah et ses hommes, Lokman Slim et ses compagnons se sont précipités pour soutenir les militants pacifiques à l'intérieur de la tente", a rappelé la fondation Lokman Slim dans un communiqué, alors que ses proches organisaient une cérémonie marquant les deux ans de son assassinat.
"La tente a été brûlée par les assaillants, puis enlevée par le gouvernement libanais complice. Ce courageux face-à-face a été le début d'une attaque malveillante contre toutes les factions de la révolution. Les deux nuits suivantes, Lokman Slim et sa famille ont reçu des menaces de mort directes, alors que le slogan 'Gloire au silencieux des armes' était épinglé sur les murs de sa maison familiale dans la banlieue sud de Beyrouth", poursuit le communiqué. "En réponse, Lokman a publiquement accusé et tenu le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah, et le président du Parlement Nabih Berry, pour responsables de tout mal qui pourrait lui arriver ou à sa famille".
L'avocat Moussa Khoury, le journaliste d'investigation Riad Kobeissi et William Noun, frère de l'un des pompiers tués dans l'explosion au port, devaient s'exprimer sous la tente samedi soir. Le débat sera animé par la présentatrice télé vedette Dima Sadek.
Le mois dernier, le juge d'instruction sur les explosions au port Tarek Bitar avait décidé de reprendre l'enquête après 13 mois de suspension. Il a engagé des poursuites contre le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, et le directeur de la Sécurité de l'État, le général Tony Saliba, sans préciser les charges. Il a aussi décidé de poursuivre l'ancien commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwaji, et le procureur général près la Cour de cassation Ghassan Oueidate. Ce dernier a réagi en inculpant M. Bitar et en ordonnant la libération de tous les détenus dans le cadre de l'enquête, y compris l'ancien chef des douanes Badri Daher. La décision de M. Oueidate a poussé les proches des victimes à organiser plusieurs manifestations.
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