Le gouvernement sortant de Nagib Mikati a entamé mercredi peu après 10h une réunion du Conseil des ministres axée autour du dossier critique de l'électricité dans un Liban en plein effondrement économique depuis 2019.
Il s'agit de la deuxième réunion du gouvernement sortant, depuis qu'il est chargé d'expédier les affaires courantes à la suite des élections législatives de mai 2022, et alors que le Liban est sans président depuis le 31 octobre, date de la fin du mandat de l'ex-chef de l'Etat Michel Aoun.
Le Premier ministre sortant Nagib Mikati a ouvert la séance mercredi en déclarant que cette réunion était "plus qu'urgente, à l'instar de la précédente (...)". "Le gouvernement sortant actuel n'a pas l'intention de remplacer le président ou de considérer que le pays peut continuer sans chef de l'Etat", a ajouté M. Mikati, selon des tweets de la présidence du Conseil.
"La session d'aujourd'hui est une réponse à un devoir et à des responsabilités nationales, constitutionnelles, éthiques et légales pour répondre aux besoins urgents du peuple en matière d'électricité. Elle sert également à prendre des mesures anticipées et préliminaires pour protéger la sécurité alimentaire des Libanais en assurant les crédits nécessaires pour l’achat de blé, de farine et d'autres produits, en plus d'assurer des besoins relatifs à la santé qui ne peuvent être reportés", a ajouté le Premier ministre sortant.
Nagib Mikati a par ailleurs assuré que "le Conseil des ministres mercredi et celui qui l'a précédé, ainsi que toute mesure gouvernementale à venir, seront conformes à la Constitution et en accord avec le partenariat et le Pacte (national), et ne constituent en aucun cas un défi à d'autres parties".
L'organisation d'une réunion du Conseil des ministres a été validée par le Hezbollah, au grand dam de son allié chrétien, le Courant patriotique libre de Gebran Bassil, qui s'oppose à la tenue de telles séances en l'absence d'un chef de l'Etat, accusant ainsi le Premier ministre sortant d'usurper les prérogatives du président. Des accusations rejetées par M. Mikati qui affirme vouloir traiter les dossiers urgents.
Plusieurs ministres proches du CPL boycottent cette réunion. Mais les ministres sortant du Tourisme, Walid Nassar, et de l'Economie, Amine Salam, tous deux réputés proches du parti aouniste, ont pris part à cette réunion.
Lundi, le ministre sortant de l'Energie, Walid Fayad, proche du CPL, a annoncé qu'il avait envoyé des décrets à signer aux autres ministres, pour réclamer une avance du Trésor de 300 millions de dollars destinés à couvrir les frais d'approvisionnement en carburant des centrales électriques du pays, qui souffre d'un manque aigu de courant. Le Premier ministre sortant a rejeté sans surprise l’initiative de M. Fayad, lui renvoyant ses projets de décrets afin de lui demander qu'ils ne soient signés que par les ministres concernés.
Selon l'ordre du jour de la réunion gouvernementale envoyé en amont aux ministres, ceux-ci devront étudier plusieurs projets d'approvisionnement en carburant pour EDL, dont un projet d'accord avec l'Irak, l'augmentation d'une ligne de crédit de la BDL ou encore l'octroi d'une avance du Trésor pour payer le fournisseur bahreïni de carburant Vitol Bahrain E.C.
La procédure concernant ces décisions divise le gouvernement Mikati, le fournisseur public EDL ayant dû éteindre la semaine dernière ses centrales faute de carburant, une situation qui a provoqué des tensions politiques. En effet, le chef du gouvernement affirme qu'un Conseil des ministres est nécessaire pour approuver ces dossiers tandis que M. Fayad, à l'instar du CPL, dont il est proche, estime qu'un décret de son ministère, signé par les autres ministres, serait suffisant. Les principales forces chrétiennes du Liban - CPL et Forces libanaises (FL) - estiment qu’en cette période de vacance présidentielle, le gouvernement ne devrait se réunir que pour examiner les dossiers urgents.
D'autres dossiers devraient également être évoqués lors de ce Conseil des ministres, comme un accord avec la Banque mondiale dans le cadre d'un projet de lutte contre le Covid-19, l'entretien de la décharge de Naamé (au sud de Beyrouth), l'octroi d'indemnités de transports aux contractuels de l'enseignement public, et le financement d'importations de blé à partir des droits de tirage spéciaux (DTS) du Liban de la BM.
Simultanément à la réunion du cabinet, les syndicats d'enseignants des écoles publiques ont manifesté devant le Grand Sérail pour demander une augmentation des salaires et des frais de transport, leurs conditions de vie s'étant détériorées après que la livre a perdu plus de 90 % de sa valeur depuis le début de la crise en 2019.
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