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Des ONG internationales reprennent partiellement leurs activités avec des employées femmes


Des ONG internationales reprennent partiellement leurs activités avec des employées femmes

Des filles afghanes portent du bois à Kuz Kunar, en Afghanistan, le 16 janvier 2023. Photo Shafiullah KAKAR / AFP

Au moins trois ONG internationales ont repris partiellement leurs activités avec du personnel féminin en Afghanistan, après avoir reçu l'assurance des autorités talibanes que les femmes pouvaient continuer à travailler dans le secteur de la santé.

Les ONG apportent une aide essentielle dans ce pays dont plus de la moitié des 38 millions d'habitants sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë, et où trois millions d'enfants risquent la malnutrition.

Le 24 décembre, le ministère afghan de l'Economie avait annoncé que les ONG avaient désormais interdiction de travailler avec des femmes afghanes, en raison de "plaintes sérieuses" quant au non-respect du port du hijab, qui doit couvrir entièrement le corps et le visage. Plusieurs ONG, dont International Rescue Committee (IRC), Save the Children ou encore Care, avaient immédiatement annoncé la suspension de leurs activités dans le pays en guise de protestation.

Ces derniers jours, ces ONG ont néanmoins recommencé à fournir de l'aide dans certaines provinces avec l'appui de leur personnel féminin, dans le secteur de la santé et de la nutrition. "Nous avons reçu des autorités compétentes des assurances claires et fiables que notre personnel féminin sera en sécurité et pourra travailler sans entrave", a indiqué Save the Children dans un communiqué.

"Toutefois, l'interdiction générale étant toujours en vigueur, nos autres activités pour lesquelles nous n'avons pas d'assurances fiables que nos collègues féminines peuvent travailler, restent en suspens", a ajouté l'ONG. "Nous avons repris les activités dans le secteur de la santé avec du personnel féminin" dans quatre provinces, a également déclaré à l'AFP Samira Sayed-Rahman, une responsable d'IRC qui mène des discussions pour faire de même ailleurs.

"Nouvelles directives"

Care a aussi annoncé dans un communiqué reprendre "ses activités de santé et de nutrition en Afghanistan avec du personnel masculin et féminin". Quelque 1.260 ONG exercent une activité dans le pays, selon le ministère de l'Economie, et emploient plusieurs milliers de femmes à des postes essentiels, dans des programmes d'aide alimentaire, dans les domaines de la santé ou encore de l'éducation.

La communauté internationale n'a cessé de réclamer au gouvernement afghan qu'il revienne sur l'interdiction faite aux femmes, prévenant qu'elle aurait un lourd impact sur le volume d'aide fourni au pays. Le porte-parole du ministère de l'Economie, Abdul Rahman Habib, a reconnu mardi auprès de l'AFP que les femmes étaient indispensables dans le secteur de la santé. "Nous avons besoin d'elles pour soutenir les enfants souffrant de malnutrition et les autres femmes qui ont besoin de services de santé", a-t-il déclaré, ajoutant qu'elles "travaillent toutes selon nos valeurs religieuses et culturelles".

Deux humanitaires ont indiqué à l'AFP que les échanges se poursuivaient avec les autorités pour les convaincre de laisser les femmes travailler dans d'autres domaines, notamment l'éducation, l'accès à l'eau, l'hygiène publique ou la distribution alimentaire. "Nous avons bon espoir qu'il y ait bientôt de nouvelles directives", a déclaré, sous couvert d'anonymat, un responsable d'une ONG étrangère.

Sévères restrictions

Les autorités pourraient décider "d'ouvrir de manière sélective" d'autres secteurs aux femmes, a expliqué l'un de ses homologues d'une autre ONG, qui a aussi réclamé l'anonymat.

"On s'attend à ce qu'elles demandent aux ONG pour quels services spécifiques au sein de leur organisation et quels secteurs de travail elles ont besoin d'employées femmes et, en fonction de ça, des permissions pourraient être accordées", a précisé ce dernier. Un haut responsable taliban s'exprimant aussi sous couvert d'anonymat a indiqué à l'AFP que les ONG devront justifier les raisons pour lesquelles elles ont besoin d'employer des femmes.

"Le ministère de l'Economie regardera ces raisons et si un accord est conclu, alors les ONG se verront demander de garantir une bonne atmosphère de travail à leurs employées femmes", a-t-il rapporté. Les ONG ont dénoncé les raisons invoquées par les talibans pour imposer l'interdiction, assurant faire respecter scrupuleusement le port du voile intégral et le principe de ségrégation entre hommes et femmes sur le lieu de travail.

Cette interdiction pour les femmes d'être employées par des ONG avait suivi de quelques jours celle les empêchant d'étudier à l'université. En dépit de leurs promesses de se montrer plus souples, les talibans sont revenus à l'interprétation ultra-rigoriste de l'islam qui avait marqué leur premier régime (1996-2001).

Depuis leur retour au pouvoir en août 2021, ils ont imposé de sévères restrictions aux femmes afghanes les écartant des emplois publics, leur interdisant de fréquenter les écoles secondaires, ou encore de se rendre dans les parcs, les gymnases et les bains publics.

Au moins trois ONG internationales ont repris partiellement leurs activités avec du personnel féminin en Afghanistan, après avoir reçu l'assurance des autorités talibanes que les femmes pouvaient continuer à travailler dans le secteur de la santé.Les ONG apportent une aide essentielle dans ce pays dont plus de la moitié des 38 millions d'habitants sont confrontés à une insécurité...