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Moyen-Orient - Repères

Une voiture piégée touche un convoi militaire à Diyarbakir

Neuf personnes ont été blessées vendredi matin dans un attentat contre un bus militaire, près de la capitale de la province éponyme de Turquie, à majorité kurde. L'attaque intervient dans un contexte tendu suite à l'opération lancée récemment par Ankara contre les forces kurdes en Syrie.

Une voiture piégée touche un convoi militaire à Diyarbakir

Des experts de la police judiciaire examinent le site de la voiture piégée à Diyarbakir, en Turquie, le 16 décembre 2022. Photo Sertac Kayar/Reuters

Vendredi matin, à l'aube, un convoi transportant des soldats le long de la route qui relie Mardin à Diyarbakir a été la cible d’un attentat à la bombe, dans le sud-est de la Turquie. Si l'attaque dans la province à majorité kurde n'a pas été revendiquée, elle pourrait avoir des conséquences sur les opérations militaires menées par la Turquie dans le nord de la Syrie.

Les faits

• Neuf personnes, dont huit policiers, ont été blessées dans un attentat à la voiture piégée dans la province de Diyarbakir, principale ville du sud-est de la Turquie à majorité kurde. Il s’agit de la première attaque depuis cinq ans dans les environs de Diyarbakir.

• Une bombe dissimulée dans un véhicule en bord de route a détoné au passage d’un minibus de la police antiémeute vers 5h00 du matin (heure locale).

• Le ministre turc de l’Intérieur, Suleyman Soylu, a déclaré que deux suspects avaient été arrêtés. L’attentat n’a pas été revendiqué pour l’instant.

Interview

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Le contexte

• Diyarbakir, capitale éponyme de la province à majorité kurde, a toujours été un bastion du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé terroriste par Ankara. En décembre 2015 et mars 2016, la ville a été le théâtre d’affrontements entre les forces de sécurité turques et les militants locaux du PKK et des Unités de protection du peuple (YPG). Cette dernière unité de combattants compose majoritairement les Forces démocratiques syriennes (FDS), alliées des États-Unis dans la lutte contre le groupe État islamique.

• Le 4 novembre 2016, quelques heures après l'arrestation des deux coprésidents et d'élus du Parti démocratique des peuples (HDP), un mouvement prokurde de l'opposition, un attentat à la voiture piégée visant un commissariat de police avait fait onze morts et 100 blessés. Revendiquée par l’État islamique (EI), l’attaque avait néanmoins été attribuée au PKK par la Turquie.

• L’attaque de vendredi intervient dans un contexte tendu alors que le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a lancé des frappes aériennes sur le nord de la Syrie, réaffirmant le besoin d’un « corridor de sécurité » de 30km de large le long de sa frontière sud. Martelée depuis mai, la menace d'une incursion s'est concrétisée après l’attentat d’Istanbul, dans la rue d’Istiklal, qui a fait 6 morts et plus de 80 blessés, le 13 novembre. Le régime avait imputé l’attaque au PKK et au YPG, qualifiés de « terroristes » par le pouvoir, et qui ont nié toute implication dans cette explosion. « Nous n'avons aucun lien avec cet événement, nous ne visons pas les civils et rejetons les opérations qui le font », avait affirmé le PKK, via l'agence de presse Firat qui lui est proche.

• Le 20 novembre, Ankara lançait une série de raids aériens contre les groupes de combattants kurdes du nord-est syrien, menaçant de donner suite au moyen d'une opération terrestre si nécessaire. Parmi eux, le PKK et les YPG.

• La Turquie a ainsi exigé des États-Unis qu’ils stoppent leur soutien au YPG le 22 novembre. Washington avait alors appelé à la « désescalade » en réponse. Autre acteur impliqué en Syrie, la Russie a également dit espérer que la Turquie fasse preuve de « retenue » et sache se garder de « tout usage excessif de la force » dans le pays voisin.

• En décembre, la coalition internationale dirigée par Washington pour lutter contre l’État islamique a décidé d’augmenter ses patrouilles avec les YPG dans le nord-est de la Syrie, après les avoir réduites suite aux bombardements turcs.

Éclairage

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Les enjeux

• Alors que les élections législatives et présidentielle turques doivent se tenir dans six mois, le président turc doit faire face à une érosion de sa popularité. Les enjeux sécuritaires et la question grandissante des ressortissants syriens seront un élément important de la campagne électorale. L’opération voulue par le reïs pourrait ainsi le faire remonter dans les sondages avant le scrutin de juin.

• Depuis plusieurs mois, Recep Tayyip Erdogan menace de lancer une offensive terrestre en Syrie contre les forces kurdes et dit n'attendre le feu vert de personne. Lors du sommet tripartite qui avait rassemblé en juillet dernier à Téhéran les dirigeants de la Turquie, de l’Iran et de la Russie, le dirigeant turc avait néanmoins tenté de récolter le feu vert de ses partenaires pour une incursion visant à chasser les combattants prokurdes du gouvernorat d’Alep, sans succès. Si la Russie est accaparée par le dossier ukrainien et semble désormais avoir atténué la pression sur le dossier, ni elle ni les États-Unis n’ont encore ouvert la voie à une telle opération.

• Jeudi, Recep Tayyip Erdogan annonçait sa volonté de voir s’organiser une réunion tripartite entre Ankara, Moscou et Damas. Un nouveau pas en direction de Bachar el-Assad, dix ans après la rupture des relations avec le régime syrien suite à sa répression sanglante du soulèvement populaire né en 2011. En août dernier, le président turc avait déclaré que le renversement du gouvernement syrien n’était plus à l’ordre du jour à l’heure où il cherchait à lancer une nouvelle offensive dans le pays voisin. 

Vendredi matin, à l'aube, un convoi transportant des soldats le long de la route qui relie Mardin à Diyarbakir a été la cible d’un attentat à la bombe, dans le sud-est de la Turquie. Si l'attaque dans la province à majorité kurde n'a pas été revendiquée, elle pourrait avoir des conséquences sur les opérations militaires menées par la Turquie dans le nord de la Syrie.Les faits
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commentaires (1)

Effectivement ce n'est plus un monde d'humains dans lequel nous vivons... mais plutôt un monde de rapaces, de fauves et de monstres qui a la phobie de la paix et de l'entente entre humains. Au lieu de dompter la jungle c'est elle qui nous asservit

Wlek Sanferlou

16 h 45, le 17 décembre 2022

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Commentaires (1)

  • Effectivement ce n'est plus un monde d'humains dans lequel nous vivons... mais plutôt un monde de rapaces, de fauves et de monstres qui a la phobie de la paix et de l'entente entre humains. Au lieu de dompter la jungle c'est elle qui nous asservit

    Wlek Sanferlou

    16 h 45, le 17 décembre 2022

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