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Moyen-Orient - Mort de Mahsa Amini

Indignation après la 1re exécution d’un Iranien impliqué dans la contestation

Mises en garde d’ONG sur de nouvelles pendaisons imminentes.

Indignation après la 1re exécution d’un Iranien impliqué dans la contestation

Manifestation à La Haye, aux Pays-Bas, en soutien aux manifestations en Iran, le 7 décembre 2022. Bart Maat/AFP

L’Iran a exécuté jeudi pour la première fois un homme condamné à mort pour son implication dans les manifestations qui secouent le pays depuis septembre, suscitant un tollé à l’étranger et des mises en garde d’ONG sur de nouvelles pendaisons imminentes.

Mohsen Shekari, 23 ans, avait été reconnu coupable et condamné à mort pour avoir bloqué une rue et blessé un paramilitaire au début des manifestations, à l’issue d’une procédure judiciaire dénoncée comme un procès-spectacle par des groupes de défense des droits humains. Au moins une dizaine d’autres personnes risquent d’être exécutées de manière imminente après avoir été condamnées à la pendaison en lien avec les manifestations, ont averti ces groupes.

La République islamique est le théâtre d’un mouvement de contestation déclenché par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans décédée après son arrestation par la police des mœurs. Cette dernière lui reprochait d’avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique, imposant notamment le port du voile pour les femmes.

« Mohsen Shekari, un émeutier qui avait bloqué le 25 septembre le boulevard Sattar Khan et poignardé avec une machette un bassidj, a été exécuté jeudi matin à Téhéran », a annoncé hier l’organe de l’autorité judiciaire Mizan Online. La milice des bassidji est liée aux gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique.

Amnesty International s’est dit « horrifié » par l’exécution, qui, selon l’ONG, est intervenue trois semaines seulement après la condamnation de Shekari dans un « simulacre de procès très injuste ». « Son exécution expose l’inhumanité du soi-disant système judiciaire iranien alors que des dizaines d’autres risquent le même sort », ajoute Amnesty.

Mahmood Amiry-Moghaddam, directeur du groupe Iran Human Rights (IHR) basé à Oslo, a appelé à une forte réaction internationale, sinon « nous ferons face à des exécutions massives de manifestants ». « Mohsen Shekari a été exécuté à l’issue d’un procès expéditif et inéquitable sans avocat », a-t-il déclaré, ajoutant que l’exécution avait eu lieu à peine 75 jours après son arrestation.

L’agence de presse iranienne Fars a diffusé une vidéo de Shekari évoquant l’attaque alors qu’il était en détention, des images dénoncées par IHR comme des « aveux forcés », avec un visage portant « des blessures visibles ».

Mépris sans limite

L’exécution a suscité l’indignation des gouvernements allemand, français et britannique. « Le mépris du régime iranien pour l’humanité est sans limite », a affirmé la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock sur son compte Twitter. Paris a condamné une exécution qui vient « s’ajouter à d’autres violations graves et inacceptables » et Londres s’est dit « scandalisé ».

Selon Mizan Online, Mohsen Shekari avait été accusé d’être un « ennemi de Dieu » et condamné par le tribunal révolutionnaire de Téhéran le 1er novembre. Son appel a été rejeté par la Cour suprême le 20 novembre rendant la peine exécutoire.

Le défenseur de la liberté d’expression Hossein Ronaghi, récemment libéré de prison, a averti les autorités. « L’exécution de tout manifestant aura de graves conséquences pour vous. Prendre la vie d’une personne, c’est prendre toutes nos vies », a-t-il tweeté.

Selon l’autorité judiciaire, Shekari a été reconnu coupable d’avoir dégainé « son arme avec l’intention de tuer, de provoquer la terreur et de troubler l’ordre et la sécurité de la société ». « Il a intentionnellement blessé un bassidj à l’arme blanche, qui a nécessité 13 points de suture alors qu’il accomplissait son devoir, et a bloqué la rue Sattar Khan à Téhéran », ajoute l’agence.

Mardi, la justice iranienne a prononcé la peine capitale à l’encontre de cinq personnes pour avoir tué un paramilitaire lors des manifestations, portant à onze le nombre de condamnations à mort.

Danger imminent

La répression du mouvement a déjà fait au moins 458 morts depuis mi-septembre, selon un bilan communiqué mercredi par IHR. Au moins 28 personnes, dont trois mineurs, pourraient être exécutées en lien avec la contestation, a indiqué le 2 décembre Amnesty.

L’Iran exécute davantage de condamnés que n’importe quel autre pays, excepté la Chine, relève Amnesty International. Plus de 500 personnes y ont été exécutées en 2022, selon l’IHR.

Le groupe de défense de la liberté d’expression « Article 19 » a appelé à une action urgente, « car la vie des autres condamnés à mort » en lien avec la contestation « est en danger imminent ».

Sur Twitter, l’ex-star du football iranien Ali Karimi, partisan des manifestations, a averti : « Si nous restons silencieux aujourd’hui, demain nous utiliserons le hashtag “Ne pas exécuter” pour les autres enfants d’Iran. »

Source : AFP

L’Iran a exécuté jeudi pour la première fois un homme condamné à mort pour son implication dans les manifestations qui secouent le pays depuis septembre, suscitant un tollé à l’étranger et des mises en garde d’ONG sur de nouvelles pendaisons imminentes.Mohsen Shekari, 23 ans, avait été reconnu coupable et condamné à mort pour avoir bloqué une rue et blessé un paramilitaire au...

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