Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Vient de paraître

Georges Boustany : Raconter des choses avant qu’elles ne se perdent

Pour ce second « Avant d’oublier », pas tout à fait le même, pas tout à fait un autre, la signature aura lieu aujourd’hui à Beit Beirut, dans le cadre de l’exposition « Allo Beirut »*. Un lieu qui paraît comme une évidence pour toute la mémoire passée qui s’en dégage.

Georges Boustany : Raconter des choses avant qu’elles ne se perdent

Georges Boustany, archiviste et poète. Photo Grégory Buchakjian

Il se bat depuis des années contre l’amnésie, les pertes de repères et la laideur. Inlassablement, méticuleusement, avec la patience d’un archiviste qu’il est devenu, il (r)amasse des images et des traces de nos passés avec la même émotion, le même étonnement et le respect des premières fois. Il les sauve de la détérioration et de l’oubli, puis il les transforme en textes. « J’écris avec mes tripes », murmure ce passionné à froid avec une voix calme. Aujourd’hui, c’est un second livre que Georges Boustany sort, la suite de son Avant d’oublier I (les éditions L’Orient-Le Jour) paru en 2019, à l’aube de l’éclatement du Liban. Coédité par les éditions L’Orient-Le Jour et Antoine, le concept est le même, un recueil de ses articles publiés entre 2019 et 2022 dans la Dernière page de L’Orient-Le Jour ; une Carte du tendre qui est vite devenue sa carte de visite tant elle lui ressemble et qu’elle est appréciée par des lecteurs fidèles. « J’écris avec mes tripes et je pense que ça se sent », confie-t-il. Trois ans plus tard, il se souvient : « En plus de la crise économique qui en était à son sixième mois, le jour de la signature, le 12 décembre, il avait tellement plu que je pensais que personne ne viendrait ! » Rien n’avait alors dissuadé ses aficionados qui sont conviés ce soir à la signature du nouvel ouvrage. Trois années dramatiques plus tard, face à la violence des événements et celle de l’indifférence générale, ce recueil tombe à point nommé pour nous rappeler… de ne pas oublier. Ne pas oublier le reste surtout. L’histoire qui hélas se répète et un peuple qui heureusement se relève. « L’idée d’un second a toujours été là, tant que j’écris mes articles. J’ai hésité un court moment en me disant : Ce n’est pas le temps de cette futilité, avant de penser : Est-ce vraiment une futilité? » La décision s’est imposée d’elle-même.

« Avant d’oublier II », une couverture en hommage à Alexandra Naggear, victime du 4 août. Photo DR

Des mots et des images

« Plus épais que le précédent », avec une vingtaine de textes en plus, publiés par ordre de parution, et dans une conception graphique signée -scope Ateliers, Avant d’oublier II, à lire et regarder, donne plus de place aux photos, reprises souvent en gros plan. « Je montre l’image comme un objet en soi. » Un peu comme une musique qui accompagne les mots, ces précieuses photos mettent en scène des textes, plantent le décor, la période, les personnages. « Mon écriture a évolué, mûri. Les articles sont plus élaborés et plus influencés par ce qui se passe depuis 2019. On vit quelque chose de très poignant, une révolte, une crise économique inouïe et une terrible explosion. » « Je cherche à présent, explique-t-il encore, à rappeler l’importance de notre passé qui se répète depuis des siècles. Les politiciens ont toujours été des mafieux et notre peuple insulté et soumis. J’ai dépassé le stade de la nostalgie, nostalgie de quoi ? Je voudrais croire que, même dans la pire période de notre histoire que nous traversons actuellement, les choses peuvent changer. La vitalité de ce peuple, c’est ça pour moi l’espoir. Petit à petit, peut-être grâce à la douleur, nous avons réussi à enfanter de si belles choses. Il reste des gens pour prouver qu’il existe une autre possibilité du Liban que celle-ci. »

Une très belle mise en page signée -scope Ateliers.

Une référence

« Les gens croient que je suis un vieux. Je le suis, quelque part, un vieux qui a des souvenirs qui remontent aux années 20. » Depuis que sa passion s’est transformée en mission, Georges Boustany est devenu un expert en la matière, devenu une référence chez qui l’on vient pour retrouver une personne, identifier un visage, une photo. « J’aime partager… C’est l’écriture, l’image, la collection au sens noble du terme qui m’ont intéressé. Je cherche à transmettre, j’accumule dans ce but-là. » Ses archives qui contiennent quelque 10 000 photos, dont 9 000 sont à présent scannées et référencées, font sa fierté. « Plus besoin de les manipuler, je peux faire mes recherches à partir d’un mot-clé. » Et c’est justement par souci de préservation et de transmission qu’il a cédé ses archives à l’USEK en 2021. « J’étais à la veille de quitter le pays, et j’ai eu peur de possibles inondations, de guerre, d’explosions ou d’événements qui puissent les faire disparaître. » Il partira l’esprit plus tranquille dans un exil raccourci, il reviendra six mois plus tard. « Je ne suis pas ce collectionneur matérialiste qui possède son objet et ne veut même pas le partager. Je ne comprends pas ça. Mon plus grand plaisir est d’aider et de partager. » Et parce qu’il ne peut pas s’en empêcher, il vient de s’atteler à une nouvelle mission, archiver tous les numéros de Magazine et de La Revue du Liban. « Je suis tout seul à scanner 400 numéros, page par page… Le but : raconter des choses avant qu’elles ne se perdent par ceux qui nous les ont données. »

Signature d’« Avant d’oublier II » aujourd’hui à Beit Beirut.

Alors, évidemment, la question d’un troisième livre s’impose. « J’y pense déjà. Sa couverture sera verte, couleur de l’espoir. » Pour succéder à celle d’Avant d’oublier II, rouge, couleur du sang, de la violence des dernières années, avec la photo d’une petite fille en rouge, en hommage à Alexandra Naggear, victime de la double explosion du 4 août.

* « Avant d’oublier II », Georges Boustany (éditions L’Orient-Le Jour et Antoine). Signature aujourd’hui 9 décembre de 17 heures à 20 heures à Beit Beirut, Sodeco.

Il se bat depuis des années contre l’amnésie, les pertes de repères et la laideur. Inlassablement, méticuleusement, avec la patience d’un archiviste qu’il est devenu, il (r)amasse des images et des traces de nos passés avec la même émotion, le même étonnement et le respect des premières fois. Il les sauve de la détérioration et de l’oubli, puis il les transforme en textes....

commentaires (1)

OK, mais comment commander a partir des USA (Amazon?)

Zampano

08 h 27, le 09 décembre 2022

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • OK, mais comment commander a partir des USA (Amazon?)

    Zampano

    08 h 27, le 09 décembre 2022

Retour en haut