Rechercher
Rechercher

Sport

Les maux bleus de Benzema

Victime d’une déchirure à la cuisse gauche samedi à l’entraînement, le Ballon d’or a dû déclarer forfait pour l’intégralité de la compétition. Un énième coup dur pour les Bleus de Didier Deschamps avant leur entrée en lice demain contre l’Australie.

Les maux bleus de Benzema

Karim Benzema quittant ses partenaires sur la pelouse du stade Jassem ben Hamad de Doha, ce samedi soir, victime d’une déchirure du quadriceps gauche lors d’une séance d’entraînement. Franck Fife/AFP

Décidément, l’histoire de Karim Benzema avec l’équipe de France restera à jamais un rendez-vous manqué. Après six longues années de mise à l’écart, un Euro sur le sol français et une épopée victorieuse au Mondial 2018 dont il n’a pas fait partie, cette Coupe du monde devait être celle de la rédemption et des retrouvailles entre l’immense champion et le public français. Surtout à 34 ans, un âge où de telles occasions ne se représentent plus beaucoup.

Mais le sort, le destin, les dieux du football (on ne sait plus vraiment à qui s’adresser) en ont voulu autrement. Tel un coup de poignard à l’aube du dernier grand frisson de sa carrière, cette cruelle blessure de dernière minute vient agrémenter le feuilleton des blessés de l’équipe de France. Une série interminable qui devait bien nous livrer un ultime épisode rocambolesque : après Paul Pogba et N’Golo Kanté (le duo magique du milieu de terrain), Mike Maignan (le talentueux gardien remplaçant), Presnel Kimpembe (le second de la charnière centrale) et Christopher Nkunku (le joker offensif de luxe), c’est au tour du paria repenti, tout juste auréolé de son Ballon d’or, de devoir quitter un navire qui prend de plus en plus des airs de Titanic.

Déchirure au quadriceps

Avec ce forfait, ou plutôt ce coup de massue, les Bleus semblent définitivement avoir perdu leur bonne étoile, et cette quête de la troisième s’apparente de plus en plus à une mauvaise adaptation footballistique de la saga Mission impossible.

Pourtant, quelques heures avant le verdict médical, tombé samedi sur le coup de 23h30, l’heure était à l’optimisme en voyant le Madrilène fouler à nouveau les terrains de l’entraînement collectif en compagnie de l’autre convalescent, le défenseur et vice-capitaine Raphaël Varane.

L'édito d'Anthony SAMRANI

Qatarsis

Absent des pelouses depuis près d’un mois, Benzema espérait voir le bout du tunnel en participant enfin à sa première séance avec le reste du groupe. Mais il a dû rapidement l’écourter après s’être à nouveau blessé, tout seul, sur une reprise d’appui. On a d’abord tous pensé à une « rechute » suite à ses douleurs aux ischios-jambiers de la jambe droite (à cause desquelles il était resté à l’écart jusqu’alors), mais c’est en fait l’autre cuisse, plus précisément du quadriceps de la jambe gauche, qui s’est déchiré. Cette blessure « nécessitera un délai de convalescence de trois semaines », a ensuite détaillé la Fédération française dans un communiqué.

« De ma vie je n’ai jamais abandonné, mais ce soir il faut que je pense à l’équipe comme je l’ai toujours fait, a réagi hier matin le buteur sur Instagram. La raison me dit de laisser ma place à quelqu’un qui pourra aider notre groupe à faire une belle Coupe du monde. »

Lire aussi

La guerre de Doha n’aura pas lieu

À 34 ans, l’avant-centre ne disputera probablement jamais une seconde Coupe du monde après celle de 2014 qu’il avait terminée dans la peau de meilleur buteur français. Pour défendre son titre, la bande de Didier Deschamps va devoir faire sans l’ancien Lyonnais, revenu en grâce après le long bannissement (2015-2021) consécutif à « l’affaire de la sex tape » dans laquelle il a été condamné à un an de prison avec sursis après avoir été reconnu coupable de tentative de chantage envers Mathieu Valbuena, un de ses anciens coéquipiers en équipe de France.

Pas de remplaçant

De toute façon, la brume qui entourait l’état de santé de Benzema ces dernières semaines était déjà bien épaisse. L’ancien Lyonnais se plaignait de gênes persistantes à la cuisse droite depuis près d’un mois et demi, sans que la nature de ses pépins physiques ne soit clairement établie.

Il a disputé son dernier match en intégralité le 19 octobre, un Elche-Real remporté 3-0 par les Madrilènes avec un but du Français, sacré Ballon d’or deux jours plus tôt à Paris. Et il n’a pu jouer, depuis, qu’une petite trentaine de minutes le 2 novembre en Ligue des champions.

Abasourdi, comme on l’imagine, par la nouvelle, Didier Deschamps peut théoriquement encore faire appel à un remplaçant jusqu’à 24 heures avant l’entrée des Bleus dans la compétition. Si plusieurs noms ont rapidement été évoqués (Wissam Ben Yedder, Martin Terrier, Moussa Diaby...), le sélectionneur a toutefois décidé de conserver son groupe tel quel, avec 25 joueurs.

Une décision logique pour préserver l’équilibre d’un groupe déjà chamboulé par cette avalanche de forfaits de dernière minute, qui plus est au vu de l’étendue du réservoir offensif que Deschamps a à sa disposition : avec Kylian Mbappé (qui devient ainsi le leader incontesté de l’attaque française), Antoine Griezmann, Ousmane Dembélé, Kingsley Coman, Marcus Thuram, Randal Kolo Muani... et Olivier Giroud, l’autre revenant et premier postulant pour remplacer Benzema.

« C’est une période un peu faste pour moi, je me sens bien physiquement, dans mon jeu, dans mon club et aussi en équipe de France », avait rapporté jeudi l’avant-centre de l’AC Milan, titulaire en 2018 mais barré ces derniers mois par le retour en fanfare de Benzema. Le second meilleur buteur des Bleus (49 buts) devrait donc être propulsé en tant que titulaire sur le front de l’attaque et en profitera peut-être pour dépasser le record de 51 réalisations détenu par Thierry Henry au cours de la compétition.

Varane de retour

Giroud aura donc la lourde tâche de faire oublier le Madrilène qui a de lui-même préféré « laisser sa place » et quitter le groupe avant le match de mardi contre l’Australie, et les 26 et 30 novembre contre le Danemark puis la Tunisie.

De l’autre côté du terrain, en défense, il subsiste encore un gros point d’interrogation derrière le nom de Raphaël Varane, patron de la jeune arrière-garde du haut de ses 29 ans et 87 sélections.

Le défenseur de Manchester United s’est entraîné pour la première fois avec l’ensemble du groupe samedi en fin de journée au stade Jassem ben Hamad de Doha. Le protocole de rétablissement semble être respecté sans accroc pour l’ex-Madrilène, fauché le 22 octobre par une inquiétante blessure à la cuisse droite.

Une rare bonne nouvelle dans une préparation qui vire au cauchemar pour des Bleus toujours menacés par le spectre de la « malédiction » qui touche les tenants du titre au XXIe siècle. Hormis le Brésil, quart-de-finaliste après son sacre en 2002, tous les champions du monde sortants ont connu les mêmes déboires : la France en 2002, l’Italie en 2010, l’Espagne en 2014 puis l’Allemagne en 2018, toutes étaient passées à la trappe dès la phase de poules quatre ans après avoir décroché le Graal. Et vu la poisse qui s’abat sur les Bleus ces derniers temps, le scénario du pire devient de plus en plus plausible...

Décidément, l’histoire de Karim Benzema avec l’équipe de France restera à jamais un rendez-vous manqué. Après six longues années de mise à l’écart, un Euro sur le sol français et une épopée victorieuse au Mondial 2018 dont il n’a pas fait partie, cette Coupe du monde devait être celle de la rédemption et des retrouvailles entre l’immense champion et le public français....

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut