Rendez-vous cet après-midi à la bibliothèque du Parlement. C’est là qu’un peu plus d’une trentaine de députés opposants au Hezbollah se réuniront pour tenter, pour la énième fois, d’accorder leurs violons dans la perspective de la sixième séance parlementaire consacrée à l’élection d’un nouveau président de la République prévue jeudi à 11 heures. Sauf que les efforts déployés pour sortir des divergences sont encore loin d’aboutir à des résultats concrets. Aucune percée n’est donc à attendre à l’issue de cette réunion, exception faite d’une probable légère amélioration du score de Michel Moawad, député de Zghorta et candidat d’une frange de l’opposition dans la course à Baabda.
Deux semaines après une réunion de 27 parlementaires de l’opposition au siège du parti Kataëb à Saïfi, 33 députés se retrouveront aujourd’hui au Parlement. De sources parlementaires concordantes, on croit savoir dans ce cadre que dans un premier temps, une somme d’un millier de dollars aurait été demandée aux parlementaires en question pour se réunir à la bibliothèque de la Chambre. Une information formellement démentie par le secrétaire général du Parlement Adnane Daher. Contacté par L’Orient-Le Jour, il a jugé « honteuses » ces accusations adressées à la Chambre. Selon les sources parlementaires précitées, la question serait en voie de règlement. Aujourd’hui, les députés qui prendront part à la réunion relèvent des Kataëb, du groupe du Renouveau mené par Michel Moawad et de certains parlementaires représentant la contestation. Des députés indépendants ainsi que des sunnites ex-haririens feront également acte de présence. Dans leur écrasante majorité, les participants seront donc ceux qui avaient déjà pris part à la réunion de Saïfi. Charbel Massaad, député indépendant de Jezzine, se joint à cette initiative pour la première fois. « J’ai décidé de participer pour briser la glace et tenter de libaniser l’échéance présidentielle au moyen du dialogue entre tous les protagonistes au lieu d’attendre les diktats extérieurs », explique M. Massaad à L’OLJ dans ce qui sonne comme une critique adressée au camp mené par le Hezbollah, qui continue de voter blanc en attendant les circonstances propices pour l’élection du prochain chef de l’État.
Encore une fois sans les FL et le PSP
Si le nombre de participants à la réunion devrait grimper de 27 à 33, celle-ci se tiendra, une nouvelle fois, en l’absence de représentants des Forces libanaises de Samir Geagea et du Parti socialiste progressiste du leader druze Walid Joumblatt, les deux partis qui se présentent comme les principaux soutiens à la candidature de Michel Moawad. Comment expliquer cette attitude ? « Certains participants à la réunion ont suggéré de ne pas intégrer des partis politiques traditionnels qui faisaient partie intégrante du pouvoir en place ces dernière années », explique un député de l’opposition sous couvert d’anonymat. De leur côté, les FL disent ne pas s’attarder sur ce genre de formalités. « Ce qui nous importe le plus, c’est la capacité des opposants à unifier leurs rangs derrière un même candidat à la présidentielle », commente le porte-parole du parti chrétien Charles Jabbour, assurant que sa formation, qui « appuiera Michel Moawad jusqu’au bout est en coordination avec les Kataëb, le PSP et plusieurs composantes de l’opposition ».
Au menu des discussions aujourd’hui : la question de la présidentielle d’abord, mais aussi celle de la participation à des séances législatives, alors que la Chambre est considérée depuis le 21 octobre dernier (dix jours avant la fin du mandat de Michel Aoun) un collège exclusivement électoral. « Pour ce qui est de la présidentielle, nous formons une opposition hétérogène et diversifiée qui tente d’unifier ses rangs face au Hezbollah. Il faut donc que les composantes de ce camp parviennent à améliorer la coordination entre elles », souligne le député de l’opposition précité. De son côté, le député indépendant Bilal Hocheimi se veut plus clair : « Nous partageons la même vision stratégique et œuvrons pour faire élire un président qui préserverait le pays, et non la résistance », dit-il à L’OLJ, dans une réponse au secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah, qui, dans son dernier discours vendredi, avait plaidé pour un chef de l’État qui « ne poignarderait pas la résistance « dans le dos ».
Cette seconde réunion élargie pavera-t-elle la voie à cette unification face au camp du Hezbollah et à ses alliés ? « Je crois qu’on exagère un peu les attentes de cette réunion. D’autant qu’elle n’aboutira pas à une unification des opposants. Mais il s’agira d’un pas en avant pour atteindre cet objectif », reconnaît l’un des députés concernés, sans pour autant écarter la possibilité d’une légère amélioration du score de M. Moawad qui avait frôlé les cinquante voix lors de la séance électorale de jeudi dernier.
Mikati souhaite que Frangié devienne président
Le Premier ministre désigné Nagib Mikati a exprimé le souhait hier que le chef du courant des Marada Sleiman Frangié devienne président de la République, alors que le Liban est depuis le 1er novembre entré dans une vacance politique totale du pouvoir exécutif. « Il faut immédiatement élire un nouveau président de la République afin de régulariser le travail politique », a déclaré M. Mikati lors d’un entretien sur al-Jazeera, dont des extraits ont été partagés sur le compte Twitter de la chaîne. Il a appelé à l’élection d’un chef de l’État « accepté par tous, qui ne soit pas un président de défi pour quiconque ». « J’ai une relation historique avec Sleiman Frangié et je souhaite qu’il devienne président de la République », a-t-il ajouté.
Alors qu’il a été l’un des premiers à se lancer, sans toutefois officiellement l’annoncer, dans la course à Baabda, multipliant les déplacements et les déclarations, Sleiman Frangié apparaît de plus en plus comme un sérieux présidentiable. Le leader du Nord doit pouvoir avant tout compter sur ses principaux alliés, le tandem Amal-Hezbollah. Si le chef des Marada essaie toutefois de se présenter comme une figure de consensus et non d’un seul camp, le soutien de Riyad lui est primordial s’il espère arriver à Baabda. En outre, c’est dans l’arène chrétienne que Sleiman Frangié va devoir mener sa principale bataille. Ne disposant que d’un seul député, il manque au leader de Zghorta ce qu’on appelle au Liban la légitimité chrétienne que seul l’un des deux grands blocs chrétiens (le Courant patriotique libre ou les Forces libanaises) pourrait lui assurer. Peu de temps après avoir tenu ces propos, M. Mikati et les anciens Premiers ministres Fouad Siniora et Tammam Salam ont appelé à ce que « l’élection rapide d’un nouveau président soit l’une des priorités ». Ils ont noté dans un communiqué conjoint qu’un nouveau président devrait avoir la « confiance » de tous les Libanais, et non « d’un groupe spécifique », et devrait « respecter la Constitution », énumérant les différentes caractéristiques que devrait présenter le futur chef d’État, notamment « l’empressement à respecter les principes et les décisions des lois arabes et internationales ».
commentaires (10)
Le hezb peut se permettre de mener tout le monde, et même,surtout , ses alliés inféodés !
Citoyen Lambda
15 h 21, le 16 novembre 2022