Mettra-t-il réellement fin au conflit vieux de quinze ans entre le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, et le Fateh, à la tête du leadership en Cisjordanie ? Ou tombera-t-il à l’eau à l’image des ententes conclues par le passé entre les deux rivaux palestiniens ? Quatorze factions palestiniennes, dont les deux principaux mouvements, ont signé, jeudi en Algérie, un accord en vue d’une réconciliation. Si elle reste relativement vague, la « Déclaration d’Alger » prévoit, d’ici à la fin du mois, des élections pour la présidence ainsi que pour le Conseil législatif palestinienns.
« Nous sommes fiers de nous tenir en ce moment sous les auspices du président (algérien) Abdelmajid Tebboune (...) pour signer cet accord et nous débarrasser du cancer malin qui a pénétré le corps palestinien », a déclaré Azzam el-Ahmad, chef de la délégation du Fateh. De son côté, le chef du bureau politique du Hamas Ismaïl Haniyeh a salué « un jour de joie pour la Palestine et l’Algérie, et pour ceux qui aiment la cause palestiniens ».
Ces élections doivent être une première depuis celles organisées il y a plus de 15 ans à la suite de la mort de Yasser Arafat en 2004. Tandis que les premiers scrutins devaient avoir lieu en mai 2021 dans le sillage d’une réconciliation entre les islamistes du Hamas et le mouvement dirigé par Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne (AP) avait annoncé leur report sine die. La décision, officiellement motivée par le refus d’Israël d’inclure Jérusalem-Est dans le scrutin, avait alors été interprétée par de nombreux observateurs comme une manière de se dérober au verdict des urnes dans un contexte d’hostilité grandissante vis-à-vis du leadership palestinien.
Fruit d’une médiation algérienne, le timing de cet accord s’explique surtout par les efforts d’Alger peu avant la tenue du sommet de la Ligue arabe organisé dans la capitale les 1er et 2 novembre prochain. Mais alors que le texte doit relancer le processus électoral, des doutes subsistent sur la concrétisation de l’accord. « Si l’accord est respecté, que des élections ont lieu et qu’un transfert de pouvoir a lieu le cas échéant, alors la question palestinienne sera relancée », explique Daoud Kuttab, ancien professeur de journalisme à l’Université de Princeton et fondateur de l’Institut des médias modernes à l’Université al-Qods à Ramallah. Malgré tout, « les faits sont clairs : tant le Hamas que le Fateh ont tout intérêt à rester au pouvoir dans les petits fiefs qu’ils contrôlent. Ils n’ont aucun respect pour la volonté du peuple », poursuit ce dernier.
Crise de légitimité
À couteaux tirés depuis plus d’une décennie, les deux factions s’étaient livrées à une guerre sanglante en 2007. Grand perdant du scrutin législatif de 2006, le Fateh n’avait pas digéré son issue consacrant la victoire du mouvement islamiste, considéré comme une organisation terroriste par Washington et par l’Union européenne. À l’issue des combats, la rupture politique était actée. Tandis que le Hamas prenait le contrôle de la bande de Gaza, soumise depuis à un blocus israélien, l’Autorité palestinienne dirigée par Mahmoud Abbas asseyait son pouvoir en Cisjordanie occupée.
S’il s’agit officiellement, avec ce nouvel accord, d’acter l’entente entre les deux organisations, plusieurs signes semblent déjà mettre en lumière la fragilité du processus. L’un deux, l’absence de section sur la formation d’un gouvernement d’unité nationale, retiré à la dernière minute du texte final, selon des sources proches du dossier rapportées par l’AFP. En outre, « ni Mahmoud Abbas ni les chef adjoint et secrétaire général du Fateh Mahmoud el-Alloul et Djibril Rajoub n’étaient présents lors de la signature, ce qui affaiblit l’accord », observe Daoud Kuttab.
Qu’il aboutisse ou pas, l’accord pourrait ne pas être au goût de tous. La déclaration, fruit d’une entente entre des factions rivales, semble loin d’emporter l’adhésion de la population. Cible de nombreuses critiques – qui épinglent sa dérive autoritaire, sa corruption et sa collaboration avec l’occupant –, l’Autorité palestinienne peine de plus en plus à convaincre de sa légitimité. D’autant plus depuis la douloureuse séquence ouverte en mai 2021, lors de laquelle Ramallah était apparue hors jeu face à l’élan populaire en provenance de Jérusalem, de Gaza et des villes à majorité palestinienne d’Israël. Tirant profit de la faiblesse de l’AP, le Hamas s’était alors érigé en principal représentant et défenseur de la cause palestinienne, prenant notamment l’initiative de tirs de roquettes en direction de l’État hébreu. Mais là encore, le bilan du Hamas dans la petite langue de terre, après plus de quinze années aux commandes, est loin d’être reluisant. Alors que la population de Gaza continue de subir les retombées économiques des guerres successives, beaucoup fustigent l’étau exercé par le mouvement vert.
et Toz :). pas notre souci. Ennemis et destructeurs du liban ces gens.
16 h 18, le 15 octobre 2022