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Économie - Finances publiques

Fragilisée, Liz Truss assume son revirement fiscal

Fragilisée, Liz Truss assume son revirement fiscal

Liz Truss arrivant hier à son hôtel pour le troisième jour du congrès de son parti, qui se tient jusqu’à mercredi à Birmingham. Paul Ellis/AFP

La Première ministre britannique Liz Truss a assumé hier sa volte-face sur une baisse d’impôts pour les plus riches, un revirement qui l’a fragilisée au moment où d’autres sujets de tensions montent au sein même de son propre camp.

Au pouvoir depuis à peine un mois, la dirigeante conservatrice connaît des débuts agités. À deux ans des prochaines élections, où l’opposition travailliste est donnée largement gagnante selon les sondages, la Première ministre n’a de cesse de défendre son approche « responsable », alors que le « minibudget » présenté le 23 septembre a suscité une foule de critiques pour ses baisses d’impôts financées par la dette.

Face au tollé, son gouvernement a dû annoncer lundi qu’il renonçait, sous la pression de sa propre majorité, à supprimer la tranche d’imposition la plus élevée, une mesure qui cristallisait l’opposition car bénéficiant aux contribuables les plus riches. « Il n’y a pas de honte pour un dirigeant à écouter » et « répondre » aux préoccupations, a déclaré Liz Truss sur Sky News.

Après avoir dans un premier temps botté en touche, elle a fini par affirmer son soutien à son ministre des Finances Kwasi Kwarteng. « Je fais confiance au chancelier » de l’Échiquier, « absolument », a-t-elle déclaré sur TalkTV, « nous travaillons très étroitement ensemble ». Selon le Financial Times et la BBC, ce dernier s’apprête dans un nouveau revirement à présenter d’ici à la fin du mois, soit avant la date prévue du 23 novembre, le financement détaillé de ce plan ainsi que les prévisions qui le soutiennent. « J’ai exercé une forte pression sur le chancelier à ce sujet et, à son honneur, il a écouté », a réagi dans un communiqué le chef de la commission parlementaire du Trésor Mel Stride.

C’est l’absence de chiffrage sur le montant du mégapaquet budgétaire, de projections sur l’impact de ce plan de dépenses massif, sans réduction de dépenses envisagées et avec un financement par emprunt, à l’heure où l’inflation flambe et les taux grimpent, qui a mis le feu aux marchés financiers la semaine dernière.

La banque centrale a dû intervenir en urgence en rachetant des bons du Trésor à long terme pour éviter une banqueroute de fonds de pensions, et le FMI a lancé un cinglant appel à réduire les dépenses et à ne pas accroître les inégalités par des baisses d’impôts favorisant les plus riches en pleine crise du coût de la vie.

Les promesses de Johnson

Un autre front s’annonce d’ores et déjà délicat pour le gouvernement Truss, celui des prestations sociales. Sur la radio privée LBC, la chef du gouvernement a indiqué qu’« aucune décision » n’a encore été prise à propos de la base sur laquelle elles seraient réévaluées, alors que l’inflation frôle les 10 %. Mel Stride (conservateur) a averti sur la BBC qu’il y réfléchirait à deux fois s’il avait à voter pour une augmentation de ces prestations alignée sur les salaires plutôt que sur l’inflation, laissant à nouveau augurer d’un risque de rébellion dans les rangs de la majorité.

Le sujet crée déjà des dissensions au sein même du gouvernement. La secrétaire d’État chargée des Relations avec le Parlement Penny Mordaunt a souligné sur Times Radio qu’elle a « toujours soutenu, qu’il s’agisse des retraites ou de notre système de protection sociale, le fait de suivre l’inflation ». « C’est logique de le faire », a souligné la ministre, initialement candidate à la succession de Boris Johnson.

Plusieurs anciens ministres de Boris Johnson, aujourd’hui redevenus simples députés, ont rappelé à Liz Truss de rester dans la ligne du programme de M. Johnson lors des élections triomphales de décembre 2019. Au congrès du parti, l’ex-ministre Michael Gove a souligné lors d’une rencontre que les conservateurs doivent faire en sorte que les engagements du programme soient « honorés », après que Liz Truss est revenue sur le moratoire sur la fracturation hydraulique.

Interrogé par des journalistes pour savoir si elle pourrait se maintenir à son poste jusqu’à la fin de l’année, il a néanmoins répondu par l’affirmative.

La Première ministre britannique Liz Truss a assumé hier sa volte-face sur une baisse d’impôts pour les plus riches, un revirement qui l’a fragilisée au moment où d’autres sujets de tensions montent au sein même de son propre camp.Au pouvoir depuis à peine un mois, la dirigeante conservatrice connaît des débuts agités. À deux ans des prochaines élections, où l’opposition...

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