Ils ont été sélectionnés pour pitcher leur application à l’Université Bourgogne Franche-Comté en France, dans le cadre du concours étudiant de développement entrepreneurial DEEL organisé annuellement depuis 2017 par l’Agence universitaire de la francophonie (AUF). Théodor Rahmé, Anthony Kreidy et Nour Adabachy, étudiants à l’Université libanaise (UL), se demandaient comment ils pouvaient soutenir les élèves et étudiants du Liban sans devoir se déplacer d’une région à une autre. « Parallèlement à leurs études, Nour et Anthony travaillent en tant que professeurs particuliers. Nous discutions de nos options et Nour a proposé une plateforme du type question/réponse (Q/A) sur un formulaire Google (Google form) par exemple. Nous sommes partis de là. C’était le point de départ de notre remue-méninges improvisé et cela nous a menés à notre plateforme actuelle », explique avec enthousiasme Théodor Rahmé, étudiant en sciences informatiques. « En 20 jours, nous sommes passés d’une simple idée à un prototype concret », ajoute-t-il. Le résultat ? Une application web progressive (site web qui utilise les capacités modernes des mobiles) intitulée Questa, permettant une expérience digitale plus efficace que le tutorat en direct. « Notre application est un mode d’accompagnement pédagogique innovant et rapide qui permet aux étudiants de poser des questions comme sur WhatsApp et d’obtenir une réponse en 5 à 10 minutes de la part d’un professeur spécialisé en la matière. On utilise l’intelligence artificielle pour étudier le profil de l’étudiant et en fonction de cette donnée on optimise la plateforme pour mieux servir chaque personne. » Afin de tester l’utilité d’une telle plateforme, les étudiants se sont rendus au collège des Sœurs des Rosaires à Byblos, leur alma mater, pour y promouvoir leur idée et leur prototype. « On a présenté notre plateforme à tous les élèves de la classe d’EB9 jusqu’à la terminale et ils ont directement commencé à nous solliciter pour bénéficier de nos services ! » raconte Théodor. L’équipe a profité des échanges avec les élèves pour optimiser les fonctionnalités de l’application afin de mieux répondre à leurs besoins. « Ça coûte en moyenne 600 dollars par an pour payer des profs privés au Liban. Avec notre application, cela coûterait 117 dollars uniquement », précise-t-il, ajoutant que « l’application permet également aux tuteurs de trouver des élèves, donc c’est bénéfique dans les deux sens ».
DEEL et Badeel pour développer l’entrepreneuriat au Liban
Le trio de créateurs avaient profité des formations et de l’encadrement offerts par Badeel, qui signifie alternative en arabe, un pré-incubateur lancé par le Centre d’employabilité francophone (CEF) de Beyrouth de l’AUF en collaboration avec
ForwardMENA (Beirut Digital District). Le tout dans le cadre du projet DEEL inspiré du programme français Pepite, dont l’objectif est de renforcer l’esprit d’entrepreneuriat au Liban. Badeel offre aux entrepreneurs les moyens de faire avancer leurs projets en leur procurant un parcours d’apprentissage, un suivi personnalisé ainsi que la possibilité d’intégrer un incubateur en France. « À l’AUF, notre mission a toujours été de soutenir les universités. C’est pour cela que nous avons lancé la pré-incubation. Les étudiants ne sont pas toujours prêts à intégrer les incubateurs, donc nous les préparons afin qu’ils puissent intégrer Berytech ou d’autres structures qui peuvent les accompagner », explique Nathalie Bitar, directrice régionale adjointe à l’AUF. Le programme de pré-incubation Badeel dure sept semaines et comprend des ateliers de formation avec des experts, des séances de mentorat et des rencontres avec des acteurs de la scène entrepreneuriale libanaise. Six équipes représentant six universités libanaises ont participé à l’édition 2022 de ce programme. « En cette période de crise, ça fait vraiment du bien de voir à quel point les étudiants sont motivés et plein d’idées, et on sent vraiment que ça les aide et leur donne de l’espoir », souligne Nathalie Bitar.