Pluie de médailles pour les jeunes escrimeurs libanais

Une bien belle moisson! Du 26 au 31 août, la jeunesse libanaise a brillé sur les planches de la capitale jordanienne. Pour le compte des championnats juniors d’escrime ouest-asiatiques, les jeunes cèdres ont glané la bagatelle de douze médailles. Un bilan plus qu’honorable salué par le président de la Fédération nationale d’escrime, Jihad Salamé.

Parmi les nombreux athlètes libanais ayant brillé au cours de cette compétition, ce sont les épéistes Anthony Bassil et Élias Jalbout qui figurent au premier plan. Vainqueurs du tournoi d’épée individuelle, respectivement dans la catégorie des moins de 15 et des moins de 13 ans, ils décrochent leurs premiers titres personnels sur l’arène internationale, offrant au passage à la délégation libanaise une médaille d’or et une d'argent. Une vraie satisfaction pour Christophe Clément, entraîneur d’Anthony Bassil depuis ses débuts : « Cela fait longtemps qu’Anthony a le potentiel pour remporter des titres internationaux, assure à L’Orient-Le Jour le maître d’armes français basé à Doha depuis 2006 (...) C’est une très bonne chose que, cette fois-ci, il soit parvenu à mettre en place ce qu’il savait faire et à montrer, en compétition, son réel niveau. »

Une éclosion attendue

Né au Liban avant de partir dès l’âge d’un an au Qatar, l’actuel élève de seconde au Lycée Bonaparte de Doha n’en est pas à son coup d’essai. Avec près de neuf années d’escrime derrière lui, cet admirateur de l’épéiste français Yannick Borel, multiple champion du monde et médaillé olympique, croise le fer en compétition depuis ses 10 ans. S’exerçant plusieurs fois par semaine avec plus d’une vingtaine de compatriotes libanais à l’académie d’escrime fondée en janvier 2014 par Christophe Clément, il ne cesse d’améliorer son niveau de jeu : « Anthony a franchi un cap cette année, affirme l’ancien entraîneur de la sélection qatarie. Jusqu’aux derniers championnats nationaux du Liban (remportés par Anthony en juillet dernier), il avait beaucoup de mal à gérer son stress et pouvait complètement perdre ses moyens (...) Depuis, il a prouvé qu’il avait la capacité à imposer son jeu et surtout remporter une finale. »

Pour mémoire

Deux médailles d’or pour le Liban aux championnats arabes

Une maturité acquise depuis ses premiers championnats du monde l’année dernière, qui lui a appris à gérer la forte pression des matchs couperets. « Je me suis très bien senti dans cette compétition, raconte-t-il à L’OLJ. J’essaie toujours d’appliquer ce que j’ai mis en place à l’entraînement avec mon coach tout le long de l’année, et cette fois-ci ça a bien marché. » Malgré les difficultés rencontrées le long de son parcours d’une dizaine de combats, Anthony n’a jamais laissé de place au doute. Qualifié pour la finale au terme d’un combat très disputé face au tireur omanais Saïd al-Shaabi, conclu sur le score de 10 touches à 7 en sa faveur, il savait à ce moment-là que le plus dur était déjà fait : « Ma sensation après ma victoire en demi-finale était incroyable, décrypte le champion. Mais bizarrement, pendant la finale, je n’ai presque rien senti parce que dès le milieu du combat, je savais que j’allais gagner. J’avais analysé le jeu de mon adversaire, j’étais en confiance et sûr de ma force. »

Raison pour laquelle le tombeur du Koweïtien Abdelaziz al-Audi (10-7) a manifesté une joie contenue au moment de porter son dernier coup d’épée victorieux. Bien au contraire de ses parents, qui n’ont pu contenir leur émotion lorsque l’hymne libanais a résonné pour célébrer le premier titre international de leur fils. Ayant eux-mêmes couvert les frais du déplacement en Jordanie, faute de financements offerts par la Fédération libanaise, ces derniers ont finalement eu la chance d’assister à un second sacre familial. Et ce grâce aux performances de leur fils cadet Marc, médaillé de bronze dans le tournoi d’épée des moins de 13 ans et disposant déjà d’un « très bon niveau pour son âge », selon les dires de Christophe Clément.

Des escrimeuses également au rendez-vous

Les escrimeuses libanaises ne sont pas en reste. Ramenant deux autres breloques de bronze dans l’escarcelle de la délégation libanaise, grâce aux prouesses de Chloé el-Khazen en fleuret des moins de 13 ans et de Mia Mneimné en épée des moins 13 ans, les deux jeunes combattantes se sont mises au diapason de leurs homologues masculins. « J’ai vu un réel investissement personnel de toute l’équipe, assure Anthony. On allait tous voir les combats des autres pour s’encourager, même avant nos propres matches. Il y avait beaucoup de solidarité entre nous. »

Cette dynamique de groupe poussant chacun et chacune vers le haut sera essentielle pour que l’escrime libanaise réalise à nouveau une telle campagne. Si des moyens suffisants sont mis sur la table, la jeune garde libanaise se déplacera en nombre lors de la prochaine grosse échéance que seront les championnats asiatiques de mars 2023. D’ici là, Anthony aura quant à lui l’occasion de continuer à s’aguerrir, à l’occasion des prochains championnats du Qatar, et de poursuivre sa progression avant de, qui sait, se rapprocher des sommets atteints par son idole tricolore.

Rain of medals for young Lebanese fencers