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Agenda - Émigrés

Le Liban au secours de Saint-Pé-de-Bigorre

Le Liban au secours de Saint-Pé-de-Bigorre

Vue d’ensemble de l’abbaye de Saint-Pé-de-Bigorre, près de Lourdes, désormais propriété de l’Église maronite. Photo DR

Certains écrivent l’histoire. À Saint-Pé (contraction de Saint-Pierre), elle commence par un miracle : en 1022, le duc Sanche de Gascogne qui était malade vient s’y recueillir devant une relique, un bout de la chaîne qui avait lié saint Pierre lors de son martyre à Rome. Recouvrant la santé, il décide d’y construire une abbaye dont l’église fut le plus grand sanctuaire roman de la région, au XIIIe siècle, ainsi qu’un haut lieu de pèlerinage sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Certains écrivent l’histoire, tels ces pionniers lancés à la conquête du Pic du Midi, situé 60 kilomètres plus loin, et qui ont érigé à cette altitude le plus vieil observatoire au monde.

L’abbaye bénédictine connut une histoire mouvementée, traversée par les guerres de religion et le tremblement de terre de 1661. En 1822, Procope Lassalle, prêtre de Saint-Pé, rachète le monastère pour le donner au diocèse de Bayonne, à la condition d’y installer un Petit-Séminaire. Le premier directeur n’en fut autre que l’abbé Laurence. Celui qu’on surnomme aujourd’hui « l’évêque des apparitions » organisera vers la grotte de Lourdes, située huit kilomètres plus loin, la première procession mariale.

En 1905, année de la loi de séparation des Églises et de l’État, une amicale des anciens élèves est créée pour voler au secours de l’établissement et l’enseignement de qualité qu’il prodigue. Pour prévenir sa dissolution, elle transforme le Petit-Séminaire en institution secondaire libre et sera dès 1928 l’unique propriétaire des lieux.

Le sort néanmoins s’acharne et, en 1966, Mgr Théas transfère une partie du corps professoral à Tarbes et dissocie l’établissement de son séminaire. Étêté alors de son lycée mais toujours fort du soutien de l’amicale, l’établissement ne compte plus que cinq prêtres et devient l’Institution Saint-Pierre, ouverte à la mixité. Malgré la création de classes techniques allant jusqu’au BTS, il amorce dès 1992 une période de déclin qui mènera en 1999 à sa fermeture définitive.

S’ensuit une traversée du désert. Livrée aux intempéries, l’abbaye connaîtra une dégradation galopante plongeant Christian Fort, président de l’amicale, dans l’inquiétude et les ennuis. Il faudra attendre 2017, date de son rachat par l’éparchie maronite à travers l’association Authenticité et Mission, pour renouer avec l’espoir.

Mgr Maroun Nasser Gemayel, Michel Rahmé, Roger Abi Jaber et l’ensemble des volontaires de cette association sont ces nouveaux pionniers, ces ardents visionnaires qui jettent les bases d’un futur radieux. Ils se sont fixé pour mission de faire renaître Saint-Pé de ses cendres. Au terme d’un projet ambitieux, ils en feront un lieu de culte et d’accueil, de retraite, de culture et d’échange entre les générations, mais aussi un point de rencontre entre l’Orient et l’Occident.

Il ne faut pas rater un rendez-vous avec l’histoire. En 2022, deux siècles après son rachat par Procope Lassalle, l’abbaye a fêté son millénaire. Parmi les festivités du 14 au 17 juillet : un concert de chants sacrés donné dans la vieille église. Derrière Micaela Mingheras Couture, Lena Farah et Salam Geha, les interprètes, accompagnés par Georges Daccache au piano, une châsse dorée fut posée sur l’autel. L’abbé Yan, curé de Saint-Pé, y avait placé une relique. Celle-là même qui avait guéri Sanche de Gascogne il y a mille ans. Fondue depuis, elle a la forme d’une clé.

Les festivités n’étaient pas terminées que Christian Fort rendait son dernier souffle. Il avait passé le flambeau. Cela, je le tiens de François Lalanne, conservateur en chef du patrimoine et « conservateur honoraire » aujourd’hui. Par son érudition, son enthousiasme et l’amour porté à son pays, il escorte en finesse cette passation.

Authenticité & Mission

L’éparchie maronite de France a rebaptisé l’abbaye bénédictine « Maison maronite de la Mère de la Miséricorde », et une association Authenticité & Mission a été créée pour le prendre en charge. Elle souhaite en faire un pôle d’accueil pour les pèlerins en chemin vers Lourdes et Saint-Jacques-de-Compostelle, et a lancé un projet ambitieux pour la réhabiliter. Le volontariat est la pierre angulaire de ce projet. Les candidats peuvent prendre contact ou s’inscrire sur le site web de l’association.

Certains écrivent l’histoire. À Saint-Pé (contraction de Saint-Pierre), elle commence par un miracle : en 1022, le duc Sanche de Gascogne qui était malade vient s’y recueillir devant une relique, un bout de la chaîne qui avait lié saint Pierre lors de son martyre à Rome. Recouvrant la santé, il décide d’y construire une abbaye dont l’église fut le plus grand...