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Moyen-Orient - Repère

Contexte et enjeux : Ce qu’il faut savoir sur les frappes américaines en Syrie

Ces deux derniers jours, Washington a conduit des frappes aériennes visant des intérêts liés aux gardiens de la révolution islamique dans le Nord-Est syrien. Nous faisons le point.

Contexte et enjeux : Ce qu’il faut savoir sur les frappes américaines en Syrie

Deux F-15E Strike Eagles américains survolant le nord de l’Irak, le 23 août, après avoir effectué des frappes en Syrie. Photo US Defense Visual Information Distribution Service/HO AFP

Ce que l’on sait:

  1. Washington a effectué deux frappes aériennes entre mardi et mercredi à Deir ez-Zor, dans le nord-est de la Syrie, tuant « deux ou trois personnes suspectées d’être des militants soutenus par l’Iran », selon le communiqué du commandement américain au Moyen-Orient (CENTCOM).
  2. La première opération répondait à une attaque au drone subie à la mi-août par les forces américaines et leurs alliés syriens présents sur la base militaire d’al-Tanf. Cette attaque n’avait pas fait de dégâts. La seconde est intervenue peu après qu’une salve de roquettes ait visé deux bases américaines, Green Village et Conoco, faisant quelques blessés légers.
  3. Dans le viseur de Washington, des infrastructures, notamment des bunkers, et des équipements militaires liés aux Gardiens de la révolution iranienne, qui soutiennent le régime de Bachar el-Assad aux côtés des Russes et du Hezbollah libanais, et sont souvent accusés d’être derrière les attaques visant le personnel militaire américain en Syrie.

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Le contexte:

  1. Joe Biden a autorisé ces frappes alors que la Maison-Blanche finalisait l’étude des réponses iraniennes à la dernière mouture d'un accord sur le nucléaire proposé par les négociateurs européens. Washington a envoyé ses commentaires mercredi soir à ses partenaires à Bruxelles, qui les ont déjà transmis à Téhéran.
  2. Le corps des Gardiens de la Révolution islamique était, jusqu’à la semaine dernière, le sujet d’un point de contentieux dans le cadre des pourparlers de Vienne pour réactiver l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien. Dans sa réponse au texte européen, l’Iran avait finalement abandonné son exigence que soit retirée l’entité de la liste américaine des organisations terroristes étrangères. Le président américain y avait déjà opposé une fin de non-recevoir en avril dernier. L’agence de presse iranienne Mehr, proche du régime, a ainsi qualifié les frappes américaines en Syrie de « provocation ».
  3. Les États-Unis disposent encore de centaines de militaires en Syrie, officiellement présents pour coordonner la lutte contre l’État islamique avec leurs alliés locaux, notamment les Forces démocratiques syriennes, à majorité kurdes. Les attaques attribuées à l’Iran et à ses supplétifs contre les intérêts américains en Syrie se sont multipliées dès 2019, dans une volonté iranienne de pousser à une accélération du retrait américain de la région. Et ce d’autant plus après l’assassinat, le 3 janvier 2020 par une attaque US au drone à Bagdad, de Kassem Soleimani, ancien chef de la force al-Qods, l’unité d’élite des gardiens de la révolution.
  4. Les frappes aériennes ciblant des éléments pro-iraniens en Syrie sont généralement le fait d’Israël, qui ne les revendique que rarement, dans le cadre de sa guerre de l’ombre contre la République islamique. Ces opérations militaires se sont notamment multipliées depuis le début de la guerre en Ukraine, alors que la Russie, qui contrôle l’espace aérien de la Syrie, s’est retirée de certaines zones, laissant la place à des éléments du Hezbollah et à des groupes pro-iraniens.

Pour mémoire

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Les enjeux:

  1. Alors que l’accord sur le nucléaire n’englobe pas les activités régionales de l’Iran et son programme balistique, les États-Unis semblent vouloir dissocier les différends avec l’Iran afin de ne pas mettre en péril une probable réactivation prochaine de l’accord sur le nucléaire. Le sous-secrétaire d’État à la Défense, Colin Kahl, a ainsi affirmé jeudi matin que « la frappe de la nuit dernière était une communication claire aux Iraniens que ces dossiers sont sur des trajectoires différentes ».
  2. Le pendant de cette stratégie américaine serait également de montrer les muscles pour rassurer ses alliés dans la région, lesquels sont des adversaires de l’Iran. Parmi eux, l’État hébreu qui s’oppose farouchement à la signature d’un accord et cherche encore à convaincre les Européens et les Américains de ne pas le conclure. Le locataire de la Maison-Blanche avait signé la Déclaration de Jérusalem lors de sa tournée au Moyen-Orient à la mi-juillet, assumant d’utiliser la force pour empêcher Téhéran d’obtenir la bombe atomique.
  3. Finalement, cette démonstration de force pourrait également servir les intérêts domestiques de Joe Biden à l’approche des élections de mi-mandat prévues en novembre prochain, pour faire contrepoids à un potentiel retour à l’accord sur le nucléaire iranien, auquel un front bipartisan s’oppose encore.

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