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Nos Lecteurs ont la Parole

L’Université libanaise entre l’effondrement et la chute libre

L’Université libanaise, seul le nom s’impose et impose respect et dignité : 16 instituts et facultés, 3 écoles doctorales, 76 sections et antennes réparties géographiquement sur tout le territoire libanais. Elle assure 365 spécialisations et 238 parcours dans le cadre des diplômes délivrés (licence, master, doctorat).

On la surnomme « le joyau de l’enseignement supérieur », grâce à ses 5 000 enseignants titulaires de diplômes d’études supérieures, remis par les plus prestigieuses universités, grâce à son personnel administratif compétent, à ses 80 mille étudiants ambitieux et surtout persévérants. On la reconnaît comme étant la « deuxième armée du Liban » puisqu’elle défend et sauvegarde aussi, et à sa manière, la souveraineté nationale et les valeurs de la République libanaise. On vante, à raison, d’autres traits de ses qualités de « Jami’a » signifiant en arabe à la fois « université » et « celle qui rassemble ». Les responsables de l’État font constamment l’éloge de sa distinction, de ses exploits et, étrangement, ils la négligent, l’oublient, la dénigrent.

Les abus perpétrés à son encontre et les promesses non tenues sont nombreux. Citons-en le fameux accord de « sept décrets », conclu en juin 2019 entre la ligue des professeurs à temps plein à l’UL et les représentants de l’éducation et de la finance ; accord qui aurait dû résoudre une grande partie de ses difficultés. La déception des « universitaires » (professeurs, employés, vacataires et étudiants) s’enchaînent et se perpétuent à cause d’un projet de loi non voté par-ci ou un décret non appliqué par-là.

Les politiciens du pays n’assument pas effectivement leur responsabilité et privilégient le clientélisme au détriment du développement et de l’épanouissement de la seule institution publique de l’enseignement supérieur du pays qui se bat obstinément contre vents et marées. Le budget de l’Université libanaise qui s’est contracté, à cause de l’inflation, comme peau de chagrin, de l’équivalent de 250 millions de dollars américains en 15 millions de dollars environ, n’a pas secoué leur conscience. Les dossiers vitaux n’ont pas été traités, ni approuvés au Conseil des ministres.

De ce fait, les professeurs contractuels sont condamnés à l’insécurité d’emploi et à l’absence de toute couverture sociale. Le corps enseignant à temps plein (la promo de 2014) n’a plus le droit de bénéficier d’un salaire lorsqu’il atteint l’âge de 64 ans. Quant aux vacataires, ils touchent une somme modique, insuffisante pour payer les frais des déplacements, tous les six mois et non pas mensuellement. Par ailleurs, la Caisse mutuelle des enseignants à temps plein de l’UL, dépourvue actuellement de moyens, a perdu sa raison d’être.

Les 50 millions de dollars, fruits des labeurs des « Projets extérieurs » des laboratoires de l’UL (tests de PCR effectués pendant l’épidémie de coronavirus), sont toujours impayés par les compagnies aériennes, ce qui aurait permis une bouffée d’oxygène au budget de l’université qui suffoque.

L’Université libanaise est actuellement en grève ouverte après maints sit-in, conférences de presse, rencontres avec les parties prenantes, avertissements lancés par les enseignants, suite à de nombreuses réunions exceptionnelles du conseil des délégués et de la ligue des professeurs ainsi que des assemblées générales en ligne et en présentiel. Ajoutons à cela les sérieux appels au secours lancés par monsieur le professeur Bassam Badran, recteur de l’université, et par les doyens. L’État ne semble pas être concerné ni par la conjoncture ni par les revendications accumulées. Bien au contraire, il s’enlise dans un discours démagogique, se basant sur les arguments par les valeurs, et fait semblant de se soucier des intérêts des étudiants et de leur avenir. Il est à signaler que les professeurs de l’UL n’ont pas été désignés directement dans le décret du ministère des Finances, signé récemment au sujet de l’aide sociale de deux mois, accordée au secteur public. D’ailleurs, ils sont les seuls à ne pas avoir touché les subventions allant du 1/1/2022 jusqu’au 1/6/2022.

L’Université libanaise attend une rentrée incertaine. Les éléments rudimentaires de la viabilité d’une année universitaire ne sont point assurés. Elle lance un appel de toute urgence, tout le monde devrait craindre un effondrement retentissant.

Le droit à l’éducation, un des droits universels et fondamentaux de l’homme, est réellement menacé dans le pays du Cèdre.

Enseignant universitaire. Secrétaire du conseil des délégués – La ligue des enseignants à temps plein à l’Université libanaise

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique Courrier n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, L’Orient-Le Jour offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires ni injurieux ni racistes.

L’Université libanaise, seul le nom s’impose et impose respect et dignité : 16 instituts et facultés, 3 écoles doctorales, 76 sections et antennes réparties géographiquement sur tout le territoire libanais. Elle assure 365 spécialisations et 238 parcours dans le cadre des diplômes délivrés (licence, master, doctorat).On la surnomme « le joyau de l’enseignement...

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