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Auto - Éclairage

Le nouveau patron de Volkswagen face au grand chantier de la voiture connectée

Oliver Blume prendra la succession de Herbert Diess, récemment limogé, le 1er septembre. Et outre la bataille des logiciels, il devra relever de nombreux autres défis pour faire oublier le scandale du Dieselgate dans lequel le groupe allemand est encore empêtré.

Le nouveau patron de Volkswagen face au grand chantier de la voiture connectée

Herbert Diess entretenait des relations houleuses avec les syndicats, qui l’ont fragilisé depuis des mois. Sa personnalité clivante et l’accumulation de conflits internes sont la principale raison sous-jacente de son départ expéditif, selon une source au sein du groupe Volkswagen. John MacDougall/AFP

Le futur patron de Volkswagen, Oliver Blume, doit achever plusieurs chantiers de taille, à commencer par celui d’apaiser le climat en interne après le règne de son bouillant prédécesseur Herbert Diess, mais aussi introduire

Porsche en Bourse et s’armer pour la bataille des logiciels. « Le défi numéro un porte clairement sur les logiciels », résume Matthias Schmidt, analyste allemand du secteur.

Autrement dit : la transformation des voitures en sorte d’ordinateurs sur roues, seconde grande étape en plus de l’électrification. L’actuel PDG Herbert Diess, limogé le vendredi 22 juillet, a déjà lancé le groupe aux douze marques dans un virage électrique sans équivalent dans le monde des « vieux » constructeurs – bien placé pour devenir leader du marché d’ici à 2025.

Mais pour rattraper Tesla, érigé en modèle, la programmation des véhicules s’avère plus complexe. Des difficultés dans la filiale Cariad, chargée de mettre au point ces systèmes, ont retardé plusieurs projets phares.

Elles ont précipité la fin du mandat de Herbert Diess, qui comptait transformer Volkswagen en géant de la technologie. L’objectif est ambitieux : programmer un maximum du code en interne, sans s’appuyer sur des logiciels achetés ailleurs, et garder ainsi la main sur le centre névralgique de la voiture du futur et les bénéfices financiers qui en découlent. Oliver Blume « doit décider s’il continue à suivre le projet de Herbert Diess (...) de le faire en interne ou s’il réalise un changement stratégique majeur » en s’appuyant sur des fournisseurs, « en vivant avec les conséquences de voir disparaître ces sources de bénéfices », note Matthias Schmidt. « Le plan de tout faire de manière centralisée sera probablement repensé », estime pour sa part l’expert allemand Ferdinand Dudenhöffer, fondateur et président du Center Automotive Research (CAR).

Réputé plus « coopératif », Oliver Blume (un proche de la famille Porsche-Piëch qui contrôle le groupe Volkswagen) est – contrairement à son prédécesseur Herbert Diess arrivé de chez BMW – un pur produit de Volkswagen. Il prendra la tête du géant allemand le 1er septembre. Daniel Roland/AFP

Confrontation nuisible

Autre chantier : réparer les relations houleuses entre direction et syndicats, qui ont fragilisé depuis des mois Herbert Diess. La personnalité clivante de l’Autrichien et l’accumulation de conflits internes sont la principale raison sous-jacente du départ expéditif, confirme une source au sein du groupe. L’annonce a surpris pour le moment choisi.

Mais l’avenir du patron de Volkswagen semblait compromis depuis un moment déjà. Une partie de ses prérogatives avaient déjà été réduites dans le passé. Herbert Diess « avait des ennemis » et « n’était aimé ni des politiques ni du comité d’entreprise », note Ferdinand Dudenhöffer. Signe du désaveu : le conseil de surveillance a unanimement approuvé son départ.

Pour tourner la page du scandale dit du Dieselgate – celui des moteurs diesel truqués – et lancer l’électrification, « il était très important d’aller vers la confrontation, car le groupe devait être transformé », note encore Ferdinand Dudenhöffer. Mais à présent, « il s’agit d’appliquer » les décisions. « Pour ça, la confrontation est nuisible », juge l’expert. Même si, avec Herbert Diess, « une bouffée d’air frais disparaît à Wolfsburg », ce dernier ayant eu « le courage d’essayer », rétorque Matthias Schmidt. Proche de la famille Porsche-Piëch qui contrôle le groupe, Oliver Blume est – contrairement à Herbert Diess arrivé de chez BMW – un pur produit de Volkswagen. « Probablement pas ce dont Volkswagen a besoin actuellement », tranche l’analyste.

Continuité

Réputé plus « coopératif », selon Ferdinand Dudenhöffer, Oliver Blume prendra la tête du géant allemand le 1er septembre. « Il poursuivra les grands projets stratégiques de Herbert Diess », estime l’expert, notamment les investissements dans la fabrication de cellules de batteries électriques, la construction d’une nouvelle usine à proximité du siège historique et le développement des services de mobilité avec Europcar. Signe d’une certaine continuité : le directeur financier Arno Antlitz accédera en plus aux fonctions de directeur des opérations (COO). Et Herbert Diess continuera, selon une source proche du conseil de surveillance, à travailler pour Volkswagen jusqu’à la fin de son contrat en 2025 – en tant que « conseiller ».

Gardant pour l’instant la direction de la marque Porsche, Oliver Blume devra finalement mener à bon port l’introduction en Bourse (IPO) de la filiale à bolides, envisagée au 4e trimestre dans un contexte de marché déjà frileux. « Je pense qu’il restera chez Porsche » jusqu’à l’IPO, note Matthias Schmidt, avant de « se concentrer à gérer le groupe et ses multiples tentacules ». Le futur patron « sera jugé sur le succès de Volkswagen en Chine et aux États-Unis », deux marchés-clés où le groupe a faibli, rappelle enfin Ferdinand Dudenhöffer.

Yann SCHREIBER/AFP

Le futur patron de Volkswagen, Oliver Blume, doit achever plusieurs chantiers de taille, à commencer par celui d’apaiser le climat en interne après le règne de son bouillant prédécesseur Herbert Diess, mais aussi introduire Porsche en Bourse et s’armer pour la bataille des logiciels. « Le défi numéro un porte clairement sur les logiciels », résume Matthias Schmidt,...

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