Yasmina Halaby, Norma Saba et Marilyn Kanaan ont remporté la troisième édition du concours Startcup pour leur projet Bio-SoundTech qui transforme la pollution sonore en énergie électrique, raflant le premier prix d’une valeur de 1 000 euros. Ce concours, organisé en juin dernier à l’Université de Jordanie par l’Union des universités méditerranéennes (Unimed) et l’Université libanaise, vise à encourager les équipes participantes des universités des pays méditerranéens à présenter des idées entrepreneuriales innovantes. Le prototype conçu par les trois Libanaises s’accroche aux fenêtres pour capter le son et le transformer d’abord en énergie thermique puis en électricité. « La chaleur produite par le frottement dû aux ondes sonores va créer, avec l’aide d’un gel ionique, un champ électrique qu’un microcontrôleur transforme en signal numérique, produisant ainsi de l’électricité et une climatisation durable », explique Yasmina Halaby, étudiante en 2e année d’architecture à l’ALBA, avant d’ajouter : « Ce prototype placé directement sur le revêtement des fenêtres permet également de réduire les nuisances sonores en absorbant le bruit. »
Un prototype innovant, environnemental et social
Les participants à ce concours devaient présenter une idée innovante, non réalisée, en ciblant les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies. « Il y a 17 Objectifs de développement durable, et notre projet répond à 11 de ces 17, que ce soit directement ou indirectement. Par exemple, notre projet ne traite pas directement la pollution de l’eau, mais en évitant l’usage des carburants nonrenouvelables et non biodégradables, ainsi que celui des batteries, on diminue implicitement la pollution de l’eau, affectant donc indirectement l’ODD lié à l’eau propre et à l’assainissement », précise encore l’architecte en devenir. Les étudiantes ont également pris en compte le facteur économique de leur produit ainsi que le contexte socio-économique. « Pour que ce prototype soit accessible à tous, surtout dans la crise économique actuelle, nous avons décidé d’utiliser des éléments de seconde main, ce qui nous permet à la fois de réduire le coût et d’avoir un impact positif sur la pollution existante dans notre pays », ajoute-t-elle. Bio-SoundTech avait au préalable remporté un hakathon organisé au printemps passé par l’AUF. C’est ainsi que ses jeunes créatrices se sont vu remettre un prix de 1 000 euros ainsi que l’opportunité de présenter leur projet à la Startcup en Jordanie.
« Les gens veulent souvent soutenir la lutte pour l’environnement, mais cela vient souvent au détriment du luxe et/ou de leur confort. C’est pour cela qu’ils n’arrivent pas à mener un mode de vie plus écolo », estime Yasmina qui souligne : « Notre projet combine environnement et confort. » C’est en travaillant sur un projet mené dans le cadre de leurs études et qui cherchait des solutions, à travers l’architecture, pour bloquer toutes les nuisances sonores liées à la ville et aux autoroutes que les étudiantes ont eu l’idée de transformer la pollution sonore en électricité. « À Beyrouth, en été, il fait chaud et il y a du bruit ; et cela dérange tout le monde. En plus, il n’y a pas d’électricité. Il nous fallait une solution », raconte Yasmina Halaby. L’équipe décide ainsi de transformer le bruit, polluant, en quelque chose d’utile : de l’électricité. « On expérimente actuellement pour savoir combien d’énergie notre prototype peut produire. Tout dépendrait de l’étage, de la fenêtre où il est installé, de la ville en question et de beaucoup d’autres facteurs », explique-t-elle encore avant de conclure : « En architecture, on se soucie vraiment de l’environnement. D’ailleurs, c’est l’une des problématiques les plus importantes sur laquelle on a travaillé toute l’année. Les gens pensent que l’architecture, c’est juste construire des murs, mais non. L’architecture, c’est créer un mode de vie. C’est créer une “machine à habiter”, comme le disait Le Corbusier. C’est créer quelque chose de pratique et d’agréable à la fois. »
De l'innovation rafraîchissante!! Bon courage à ves demoiselles et bonne chance avec tous leurs projets d'avenir
14 h 02, le 28 juillet 2022