Deriane : L'obstruction de la formation du cabinet est un probable prélude à une obstruction de la présidentielle

Le mufti de la République, Abdel Latif Deriane, a formulé lundi la crainte que "l'obstruction de la formation du gouvernement", mission lancée fin juin par Nagib Mikati, ne soit un "prélude à une obstruction de la présidentielle", ce qui serait une "grande calamité".

"La formation du gouvernement ne peut plus attendre, alors que l'effondrement et la paralysie frappent les institutions de l'État", a déclaré le cheikh Deriane à son retour de La Mecque, où il a effectué le pèlerinage. Il a dit craindre "une explosion sociale et sécuritaire si les responsables de l'Etat, qui sont devenus incapables d'assurer l'électricité, l'eau, les moyens de subsistance, les soins de santé et les médicaments ne remédient pas à la situation".

Le haut dignitaire sunnite a blâmé "ceux qui placent des obstacles et des conditions à la formation d'un cabinet de sauvetage". Pourtant, selon lui, la mise sur pied d'une équipe ministérielle, attendue depuis le mois de mai, est "la porte d'entrée pour l'élection d'un nouveau président de la République, pour les réformes et la lutte contre la corruption répandue dans l'État". "L'obstruction de la formation du gouvernement est probablement une introduction à une entrave de l'élection présidentielle, ce qui serait une grande calamité", a-t-il lancé. 

Le délai constitutionnel pour l'élection d'un successeur au président Michel Aoun commence le 31 août prochain, soit deux mois avant la fin de son sexennat. Entre-temps, le processus de formation du nouveau gouvernement demeure suspendu, dans l'attente d'une nouvelle réunion entre MM. Aoun et Mikati, qui se trouve en déplacement depuis la fête de l'Adha, la semaine dernière. Il devrait se rendre à Baabda à son retour à Beyrouth, pour une première rencontre entre les deux hommes après la guerre de communiqués à laquelle ils s’étaient livrés la semaine dernière avec, en toile de fond, les prérogatives de chacun d’eux en matière de formation du gouvernement. Nagib Mikati avait présenté le 29 juin une mouture au chef de l'État, que celui-ci avait rejetée pour plusieurs motifs, dont le remplacement de Walid Fayad (grec-orthodoxe, proche de Baabda) par l’homme d’affaires sunnite Walid Sinno au ministère de l’Énergie, aux mains des aounistes depuis 2008.