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La France rapatrie 35 mineurs et 16 mères détenus dans des camps syriens

La France rapatrie 35 mineurs et 16 mères détenus dans des camps syriens

Des femmes et des enfants dans le camp de Roj, dans le nord-est de la Syrie, le 8 mars 2021. Photo d’archives AFP

La France a rapatrié mardi 35 mineurs et 16 mères des camps de déplacés en Syrie, dont Emilie König, l'une des jihadistes françaises les plus connues, éveillant l'espoir des ONG et familles de voir cesser la politique "inhumaine" du "cas par cas".

Mardi, quelques heures après la formation d'un nouveau gouvernement, le ministère français des Affaires étrangères a indiqué dans un communiqué que la France avait "procédé ce jour au retour sur le territoire national de 35 enfants mineurs français qui se trouvaient dans les camps du Nord-Est de la Syrie" ainsi que de "16 mères en provenance de ces mêmes camps".

Il s'agit du premier rapatriement massif d'enfants et de leurs mères depuis la chute en 2019 du "califat" du groupe État islamique (EI), d'où avaient été notamment planifiés les meurtriers attentats du 13 novembre 2015 en France. Selon le Parquet national antiterroriste (PNAT), sur les 35 mineurs, sept sont des enfants isolés. Quant aux 16 femmes, âgées de 22 à 39 ans, "quatre avaient déjà consenti au retour de leurs enfants au cours des derniers mois" et "12 sont revenues accompagnées de leurs enfants". Elles ont la nationalité française "sauf deux d'entre elles qui ont en revanche des enfants français", précise le PNAT dans un communiqué.

Parmi elles, figure Emilie König, 37 ans, originaire de Bretagne, partie en Syrie en 2012. Elle est soupçonnée d'avoir agi comme recruteuse, notamment, pour l'EI. Comme elle, les femmes visées par un mandat d'arrêt devraient se voir notifier dès mardi leur mise en examen (inculpation). Les autres, visées par un mandat de recherche, vont être placées en garde à vue et devraient ensuite être présentées à un juge d'instruction en vue de leur mise en examen.

Huit mères ont été placées en garde à vue "en exécution d'un mandat de recherche" et "huit (autres) font l'objet d'un mandat d'arrêt", a expliqué le parquet national antiterroriste dans un communiqué. Un mineur de 17 ans et sept femmes ont été placés en garde à vue à la DGSI (sécurité intérieure), selon une source proche du dossier. La huitième a été placée en garde à vue à la Section antiterroriste (SAT) de la préfecture de police de Paris.

Opération secrète

Aucun détail n'a officiellement été donné sur ce premier rapatriement d'enfants et mères français détenus dans un camp contrôlé par les Kurdes.

"Les services de renseignement sont venus hier matin dans les camps de Roj avec des listes et photos des familles qu'ils entendaient rapatrier", a témoigné sous le couvert de l'anonymat l'oncle de deux enfants encore sur place. "Je sais à quel point les enfants français laissés dans les camps souffrent de ne pas avoir été emmenés avec leurs copains et leurs mères", a souligné Me Marie Dosé, conseil de familles encore sur place, "plus de 150 enfants et leurs mères", selon elle.

"Ma sœur ne s'y attendait pas. C'est un grand soulagement, on n'aura plus à s'inquiéter jour et nuit pour leur vie", témoigne auprès de l'AFP la tante d'un mineur rentré avec sa mère. Ces 35 enfants, pris en charge par l'Aide sociale à l'enfance, rejoignent les 126 mineurs déjà revenus depuis 2016 de territoires repris à l'EI. En 2019, près de sept Français sur dix étaient opposés au retour des enfants de jihadistes, selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour France Info et Le Figaro.

La question reste aujourd'hui lancinante dans le débat politique en France où avocats, parlementaires, ONG et instances indépendantes, exhortent régulièrement les autorités à suivre le pas de leurs voisins européens. L'Allemagne et, plus récemment, la Belgique ont récupéré une grande partie de leurs ressortissants détenus dans les camps syriens qui regroupent déplacés de guerre et proches de jihadistes.

Mardi, la secrétaire d'État française à l'Enfance Charlotte Caubel a twitté: "Nous poursuivrons leur rapatriement tant qu'il le faudra pour les protéger". Le "Collectif des familles unies" a de son côté indiqué dans un communiqué "espérer" que ce rapatriement "signe la fin de cette abjecte politique du +cas par cas+ qui revient à trier des enfants, à séparer les fratries et à arracher des enfants à leurs mères".

"Rien ne justifie que ces enfants soient privés de libertés et leur vie sacrifiée sur l'autel de l'opinion publique", a également réagi Martin Pradel, avocat de familles. La Défenseure des Droits Claire Hédon a souligné mardi "l'urgence" à les rapatrier, décrivant "les conditions épouvantables de vie, avec des problèmes de nutrition, des problèmes de santé, un non-accès à l'école".

La France a rapatrié mardi 35 mineurs et 16 mères des camps de déplacés en Syrie, dont Emilie König, l'une des jihadistes françaises les plus connues, éveillant l'espoir des ONG et familles de voir cesser la politique "inhumaine" du "cas par cas".Mardi, quelques heures après la formation d'un nouveau gouvernement, le ministère français des Affaires étrangères a indiqué dans un...