Blé subventionné : le ministre de l'Economie accuse certains acteurs du privé de "vol"

Le ministre sortant de l'Économie, Amine Salam, a dénoncé vendredi des "vols" perpétrés par certains acteurs du secteur privé concernant le blé subventionné, alors que le Liban connaît régulièrement des pénuries de farine et de pain, comme par exemple à Nabatiyé (Liban-Sud) où s'active un marché noir avec un paquet de pain vendu à plus du double du prix officiel.

"Les chiffres montrent clairement qu'il y a un vol de fonds publics dans le secteur privé", a déclaré M. Salam en marge d'un entretien avec le président du Parlement Nabih Berry à Aïn el-Tiné. Il a encore dénoncé le fait que "certaines boulangeries et certains commerçants profitent personnellement du blé subventionné". Le ministre a affirmé que le chef du Législatif l'a "rassuré sur le fait que les crédits demeurent ouverts" pour les subventions sur le blé, et le ministère de l'Économie "travaille à l'importation de cargaisons de blé". 

M. Salam a également rappelé l'existence d'un crédit de la Banque mondiale (BM) d'un montant de 150 millions de dollars pour assurer la sécurité alimentaire au Liban, ajoutant qu'une loi sur ce sujet sera présentée au Parlement la semaine prochaine. M. Berry lui aurait ainsi "assuré son attachement à ce qu'il n'y ait pas de retard" sur cette question, ajoutant que le crédit de la BM permettra de stabiliser la production de pain pendant au moins les neuf prochains mois. La quantité actuelle de blé subventionné présente au Liban suffit, quant à elle, pour un mois et demi seulement, a-t-il précisé.

Le blé est une des dernières denrées importées qui est subventionnée par la Banque du Liban, au taux officiel de 1.507,5 livres libanaises pour un dollar, alors que le billet vert s'échange aux alentours de 30.000 LL sur le marché parallèle. Le prix du pain augmente toutefois régulièrement, d'autres produits entrant dans sa fabrication n'étant plus subventionnés et en raison de la hausse des prix du carburant. 

Jeudi matin, des ouvriers du syndicat des boulangeries avaient bloqué la circulation devant le sérail de Tripoli au Liban-Nord, en vue de protester contre les pénuries de farine. Des mobilisations de professionnels du secteur ont régulièrement lieu, alors que les importations de blé au Liban sont durement impactées par l'invasion russe de l'Ukraine déclenchée le 24 février dernier.