La procureure générale du Mont-Liban, Ghada Aoun, a affirmé jeudi que "nul ne peut [l']empêcher de dire la vérité" et s'est estimée "menacée de poursuites", alors que l'Inspection judiciaire l'a déférée il y a plus d'une semaine devant le conseil de discipline qui est chargé de statuer sur les infractions reprochées aux juges. L’annonce de la convocation n’a pas été publiée de manière officielle, et encore moins sa date et les griefs reprochés à Mme Aoun.
"Nul ne peut m'empêcher de dire la vérité ni de révéler l'injustice et la corruption en me menaçant de poursuites, sous couvert de violation du devoir de réserve", a écrit Ghada Aoun jeudi sur son compte Twitter. "Une telle poursuite pourrait servir aux corrompus mais ce ne sera pas le cas. Je resterai fidèle à ma profession et dirai la vérité. Ce qui arrive dans la justice est vraiment désolant", a-t-elle poursuivi.
Se prévalant de l'Association des juges du Liban, Mme Aoun a ensuite rappelé que "le droit des juges de s'exprimer est consacré dans tous les écrits et traités libanais". "Personne ne peut l'en priver et menacer de poursuites dans le contexte de débauche actuel dont souffre la justice", a-t-elle insisté.
La procureure générale du Mont-Liban se retrouve souvent au centre de remous judiciaires et elle est réputée pour sa proximité avec le camp présidentiel et le Courant patriotique libre (CPL, aouniste). Elle avait été déférée une première fois en avril 2021 devant l’Inspection judiciaire, après ses descentes ultra médiatisées au siège de la société Mecattaf, à Aoukar (Metn), devant une foule de partisans du CPL qu’elle avait harangués. Mme Aoun avait également refusé de se conformer à une décision du procureur général près la Cour de cassation Ghassan Oueidate, consistant à la dessaisir des affaires liées aux crimes financiers.
Le Conseil supérieur de la magistrature, dont M. Oueidate est le vice-président, lui reprochait "sa violation récurrente du droit de réserve et son refus de répondre aux convocations du ministère public". On ne sait pas si les motifs pour lesquels Mme Aoun a été déférée sont liés à une enquête qu’aurait menée l’Inspection judiciaire pendant plus d’une année sur ces questions.
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