La presse libanaise vient de perdre l’un de ses journalistes et analystes politiques les plus expérimentés et les plus appréciés. Rajeh Khoury s’est éteint tard vendredi des suites d’une longue maladie. Il était l’un des chroniqueurs les plus réguliers du journal an-Nahar, dans lequel il avait occupé plusieurs fonctions au cours de sa longue carrière, notamment celle de chef du service des enquêtes ou encore de chef de la page Environnement et patrimoine durant de longues années. Il avait également collaboré à de nombreuses autres publications comme le journal al-Amal (le Travail) proche des Kataëb, al-Hayat, al-Chark el-Awsat, et a été rédacteur en chef de la première version du journal Nidaa el-Watan.
Dès l’annonce de sa disparition, de nombreuses personnalités politiques lui ont rendu hommage, et l’ordre des journalistes a publié un communiqué dans lequel son président Joseph Kossaïfi a salué « un journaliste à la plume prodigue, à l’esprit éclairé, à la vision pertinente ». L’ordre rappelle qu’il a été professeur et a formé de nombreux jeunes journalistes au métier pour lequel il a dédié sa vie.
Nabil Bou Monsef, rédacteur en chef adjoint du journal an-Nahar et qui a longtemps collaboré avec lui, se souvient d’un « professionnel hors pair, qui a vécu l’âge d’or du journalisme, quand la presse avait peu de concurrence, et s’est adapté à tout dans sa vie, jusqu’aux réseaux sociaux ». « Je le savais malade, mais c’est quand j’ai constaté qu’il n’écrivait plus que j’ai su que c’était la fin », dit celui qui a été son ami. Ses proches se souviennent d’une anecdote peu banale : Rajeh Khoury a été victime d’une crise cardiaque il y a quelques années, alors qu’il était en avion. Dans l’ambulance de la Croix-Rouge qui le transportait à l’hôpital, il n’a pas oublié de s’assurer que son dernier article avait effectivement été bien reçu par le journal…
Sans nécessairement être partisan, le journaliste a toujours été engagé dans la politique pour laquelle il avait une vraie passion. Nabil Bou Monsef rappelle qu’il a été conseiller du président assassiné Bachir Gemayel, puis de son frère, le président Amine Gemayel. Il a été plus tard un fervent défenseur de la ligne du 14 Mars. « Il avait une vision claire, d’où le fait qu’il s’exprimait clairement comme analyste », affirme-t-il.
La journaliste May Abboud Abi Akl, qui a longtemps collaboré avec lui dans le cadre de la page Environnement et patrimoine du journal an-Nahar, dépeint un chef « au caractère strict, mais qui savait faire confiance à ses collaborateurs, et qui était profondément humain ». « Je me souviens encore de ses larmes à l’annonce de l’assassinat de Gebran Tuéni (député et directeur du journal) », poursuit-elle. La journaliste décrit un homme curieux, qui passait des heures à lire la presse internationale, et qui avait un vaste réseau de connaissances. « Il était toujours très bien informé, tout en étant un analyste expérimenté, d’où son succès auprès des chaînes de télévision, qui se le disputaient », dit-elle.
Ce journaliste pour qui « l’écriture était vitale », selon les mots de May Abboud Abi Akl, était également poète et peintre.
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