Les résultats des élections législatives feront couler encore beaucoup d’encre. Il faudra du temps pour analyser attentivement les chiffres et saisir tous les messages envoyés par les électeurs, à une période aussi délicate de l’histoire du pays.
Si l’on examine la scène chiite, on peut d’abord affirmer que le Hezbollah a gagné son pari en conservant pour lui et son allié Amal les 27 sièges de la communauté. Pour lui, c’était un objectif primordial, pour éviter toute brèche qui pourrait profiter à ceux qui veulent l’affaiblir et l’isoler. Le Hezbollah a ainsi tout fait pour que ses 13 candidats aux élections, qui sont tous des membres de la formation, aient des scores élevés. Sur ces 13, 12 ont ainsi augmenté leur score par rapport aux candidats pour les mêmes sièges en 2018. Le souci déclaré du Hezbollah était de montrer qu’il ne se contente pas de faire élire ses candidats. Ceux-ci obtiennent aussi le plus grand nombre de voix préférentielles.
Cette démarche a toutefois mis l’accent sur le déclin de la popularité de son allié, le mouvement Amal, qui a aussi commis certaines erreurs dans la gestion de l’opération électorale. Il faut préciser que des 15 députés du groupe parlementaire Amal dans toutes les circonscriptions (13 chiites, un chrétien Michel Moussa et un sunnite Kassem Hachem), cinq seulement ont amélioré leur score par rapport aux élections de 2018. L’un d’eux d’ailleurs, Hani Kobeïssi, n’a obtenu que quelques voix de plus qu’en 2018. Ali Khreiss a aussi amélioré modestement son score, alors que les nouvelles figures Kabalan Kabalan (à la place de Mohammad Nasrallah) et Achraf Beydoun (à la place de Ali Bazzi) ont obtenu deux mille voix en plus. Le cinquième, Ghazi Zeaïter, a bénéficié de près de 4 500 voix que lui a données le Hezbollah pour pouvoir obtenir un score identique à celui de ses colistiers à Baalbeck-Hermel. Amal en avait fait la demande pour qu’il n’y ait pas de grand écart entre son candidat et les autres dans cette circonscription. Selon les machines électorales des deux formations, les 4 500 voix que le Hezbollah réservait au candidat maronite sur sa liste, il les a données à Ghazi Zeaïter. Ce qui a favorisé l’élection du candidat maronite sur la liste des Forces libanaises, Antoine Habchi. Certes, la liste des FL et alliés dans cette circonscription avait un seuil électoral qui lui permettait d’obtenir un siège, mais il aurait pu être sunnite ou chiite. Le Hezbollah a préféré consolider la scène chiite en verrouillant le siège de Zeaïter par les voix préférentielles, au grand dam d’ailleurs du député de la région Jamil Sayyed. L’affaiblissement populaire du mouvement Amal ne se traduit pas seulement dans le décompte des voix préférentielles obtenues par ses candidats par rapport aux scores des députés du Hezbollah. Il apparaît dans l’échec de certains candidats appuyés directement par le commandement du mouvement. Dans la troisième circonscription du Sud par exemple (Nabatiyé, Bint Jbeil, Marjeyoun, Hasbaya, qui compte 5 sièges chiites, un sunnite, un druze et un grec-orthodoxe), Nabih Berry a insisté sur la candidature du chef d’une des branches du PSNS Assaad Hardane pour le siège grec-orthodoxe. Pourtant, ce dernier est contesté par la propre base du PSNS et il n’a pas obtenu les voix de son parti, alors que ceux qui auraient pu l’aider étaient trop occupés à augmenter les scores de leurs propres candidats. Résultat, c’est Élias Jaradé (issue de la contestation et proche de la mouvance gauchiste) qui a remporté le siège. De même, dans un souci de concilier les deux pôles druzes Walid Joumblatt et Talal Arslane, M. Berry avait adopté sur la liste du mouvement dans la même circonscription la candidature de Marwan Kheireddine pour le siège druze. Mais la base électorale dans la région était hostile à tout ce qui concerne les banques, en raison de la grave crise économique. Elle n’a donc pas répondu aux instructions du mouvement Amal et c’est le candidat de la contestation Firas Hamdane qui a été élu.
Dans la circonscription de Saïda-Jezzine, la tactique adoptée par le mouvement Amal qui visait à faire barrage aux candidats maronites du Courant patriotique libre, Ziad Assouad et Amal Abou Zeid, a certes porté ses fruits, puisqu’ils ont tous les deux été battus. Il est vrai que ces deux candidats, en conflit entre eux, n’ont cessé de chercher à s’arracher respectivement des voix, alors qu’ils sont sur la même liste et ont ainsi largement contribué à leur propre échec. Mais cette tactique a aussi fait échouer le candidat maronite sur la liste Amal, Ibrahim Azar. Ce sera ainsi la première fois depuis son élection à la tête de la Chambre en 1992 que Nabih Berry n’aura pas un député maronite à Jezzine. Enfin dans la circonscription de la Békaa-Ouest-Rachaya, Nabih Berry a insisté sur la présence du vice-président de la Chambre Élie Ferzli sur la liste de l’alliance entre Hassan Mrad, le CPL et Amal. Or, pour le CPL, il était difficile d’accepter d’être sur la même liste qu’Élie Ferzli qu’il accuse de l’avoir lâché au pire moment. Les 3 000 voix qu’il lui avait données en 2018 ont donc été données cette année à son candidat Charbel Maroun qui a remporté le siège maronite de la circonscription, au détriment du siège grec-orthodoxe raflé par un candidat d’une autre liste, Ghassan Skaff.
Tous ces exemples montrent que, quelque part, le mouvement Amal a mal géré cette campagne électorale, en ne tenant pas compte des changements dans l’atmosphère populaire et en menant de petites guerres au sein des grandes. Le Hezbollah, de son côté, l’a visiblement laissé faire, et les résultats qui montrent de grandes différences entre les voix des députés d’Amal et celles du Hezbollah ne sont probablement pas fortuits. Désormais, au sein de la communauté chiite et même du duo Amal-Hezbollah, il faudra prendre en considération ces changements, qui auront forcément une répercussion sur les prochaines échéances.
J’espère que les nouveaux pourront bien travailler, c‘est le plus important pour ma famille et notre cercle d‘amis. Qui a le plus ou le moins, quelle stratégie ici ou là à porté ses fruits nous est parfaitement égal. Toujours est-il que j’ai l’impression qu’on ait fini avec les nouveaux riches et surtout cette bande qui nous crie dessus oui presque tous le font tout en ayant l‘audace de nous priver de tous nos droits.
19 h 15, le 19 mai 2022