Durant ce long weekend férié au Liban, Gebran Bassil, lui, n'a pas chômé. A moins de deux semaines des législatives et à quelques jours du vote des expatriés, le chef du Courant patriotique libre a mené campagne dans plusieurs régions du pays. S'il a fait usage de plusieurs armes dans la bataille, notamment sur la scène chrétienne, contre son principal rival Samir Geagea, le leader maronite a dans le même temps menacé de suspendre la participation de sa formation au scrutin.
Tout a commencé lors d'un déplacement du chef du CPL samedi au Akkar quand des heurts entre partisans de parti aouniste et de riverains qui lui sont hostiles ont fait au moins trois blessés. L’armée a été massivement déployée, alors qu’une vive tension régnait dans la localité de Rahbé, où le meeting électoral a eu lieu. Dès vendredi soir, notre correspondant au Liban-Nord, Michel Hallak, rapportait que des manifestants ont bloqué la voie publique à Joumé, au niveau du croisement de Rahbé, à l'aide de gravats. Ils entendaient protester contre la tournée de Gebran Bassil, le Akkar étant une région majoritairement sunnite et souvent considérée comme hostile au Hezbollah, allié chiite du CPL. Malgré ces tensions, ce dernier a tenu un discours devant des dizaines de partisans rassemblés dans le stade municipal de Rahbé, autour duquel l'armée s'est massivement déployée. « Est-ce normal qu'en temps d'élections, il y ait un incident à chaque fois que nous voulons faire une tournée dans une région ? Je pose cette question au Premier ministre, ainsi qu'aux ministres de l'Intérieur et de la Défense », a-t-il lancé. Et de menacer : « Aujourd'hui, nous sommes dans le Akkar. Demain, nous serons à Aley, dans le Chouf, à Jezzine, et après-demain dans la Békaa puis à Beyrouth. Nous devons pouvoir circuler. (...). Dans le cas contraire, le pouvoir prouverait qu’il est incapable d’organiser les législatives. Nous pourrons, le cas échéant, y suspendre notre participation ».
« Anticiper une défaite »
Il s’agit de la toute première fois que le chef du CPL, lui-même candidat à l’un des deux sièges maronites de Batroun, évoque cette éventualité qui pourrait menacer la tenue du scrutin. D'autant que les détracteurs de Gebran Bassil l’accusent de vouloir reporter les législatives qui interviennent dans un contexte de déclin de popularité de la formation aouniste. « Ce n’est pas une déclaration de Gebran Bassil qui pourra causer le report du scrutin », affirme toutefois à L’Orient-Le Jour Joseph Bahout, directeur de l’Institut Issam Farès à l’Université américaine de Beyrouth. Il est rejoint par l'analyste Karim Bitar. « Ce que fait Gebran Bassil à l’heure actuelle c’est de tenter d’anticiper une probable défaite à l’issue des élections, surtout que certains sondages montrent que le courant aouniste risque de perdre 50% des voix chrétiennes qu’il avait obtenues en 2018 », décrypte-t-il.
Il reste qu’une suspension de la participation à la bataille électorale semble être sérieusement mise sur la table par le parti orange. « Si la situation sécuritaire ne s’améliore pas, il nous sera très difficile de mener campagne. Nous pourrions donc suspendre notre participation au scrutin », affirme à L’OLJ Assaad Dergham, député CPL du Akkar, déplorant le fait qu’aucun responsable officiel n’a dénoncé les atteintes au chef du parti.
« Bassil se moque de l’intelligence des gens »
Sauf que le chef du CPL a durant trois jours consécutifs poursuivi sa campagne dans la perspective du scrutin qu'il menace de boycotter. Après le Akkar, il s'est rendu, dimanche, dans le Chouf-Aley, fief incontesté du Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt, mais aussi à Zahlé, lundi, et dans la Békaa-ouest Rachaya, au milieu d'un déploiement sécuritaire massif. Et dans sa bataille, il a mis dans son viseur son principal adversaire sur la scène chrétienne, Samir Geagea et ses Forces libanaises, et, par ricochet, le chef des Kataëb Samy Gemayel. Le chef du CPL a ainsi déposé une plainte contre ces deux formations chrétiennes auprès de la commission de supervision des élections, les accusant d’avoir dépassé de loin les plafonds de dépenses électorales. M. Bassil s’est aussitôt attiré une réponse cinglante du parti de Samir Geagea qui s’est indigné du fait que « celui qui a volé 40 milliards de dollars dans le secteur de l’électricité, et qui est sanctionné par les Etats-Unis, accuse les FL de dépasser les plafonds de dépenses électorales (…) ».
Lundi, M. Geagea s’est personnellement invité dans la partie. S’exprimant devant les étudiants affiliés aux FL , il a réitéré ses attaques contre le chef du CPL, l'accusant de vouloir torpiller le vote de la diaspora. « Gebran Bassil se moque de l’intelligence des gens. Ces derniers vont faire de même lors du scrutin (…) », a-t-il lancé. Ces accusations interviennent alors qu'un certain cafouillage administratif a suscité la polémique, notamment en Australie, où certains électeurs avaient dénoncé la distribution géographique des bureaux de vote, distants parfois de plusieurs heures de route, ce qui pourrait rendre leur accès difficile, voire impossible. Dimanche, M. Geagea a qualifié le ministère des Affaires étrangères de « nid de clientélisme et de corruption absolue », quelques jours après que les députés FL ont présenté une motion de censure à l'encontre du ministre des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib, proche du camp aouniste, qu'ils accusent de manquements à sa fonction concernant les législatives. Une démarche qui n'a pas abouti au Parlement, faute de quorum.
commentaires (29)
ÔÔÔ ! quel bonheur de l’entendre dire, que lui son parti, et tous ses pendants et dépendants, vont se retirer des élections du 15 mai 2022 ! Enfin il a compris que les Libanais dans leur majorité et tous les chrétiens dignes de ce nom ne veulent plus de lui ! Ali-baba-Gébran-Bassil-et affidés les quatre cents voleurs sont dans le désarois le plus total… Grâce à Dieu et au Peuple Libanais. Il se plaint d’être chahuté lors de tous ses déplacements dans toutes les régions, et n’est entendu que par une petite poignée d’inconditionnels aveugles. Ce minus a toujours un train de retard sur le monde qui l’entoure, il fallait descendre dans la rue à la rencontre du peuple Libanais meurtri dans sa chaire comme l’a fait Le Président Macron lors de ses visites impromptues au Pays du Cèdre. Et comme de bien entendu Le président Macron a été critiqué par le Bof-père de la République et de son Bof-fils officialisé. Gerbanne-Bassil croit qu’en claquant des doigts il va rameuter le peuple afin de lui venir au secours, alors que lui et ses alliés ont toisés et ignorés le peuple dans son ensemble jusqu’à ce jour ! Oui on verra bien les résultats des élections, comme l’affirme une personne dans son commentaire, et si son parti préféré ; mais quand même maudit et banni par les Libanais, l’emporte alors, ça sera force de constater que les électeurs de ces FOURVOYEURS de la république méritent tous les malheurs qu’ils subiront… qu’à Dieu ne plaise !
Le Point du Jour.
10 h 02, le 05 mai 2022