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Moyen-Orient - Syrie

60 prisonniers libérés dans le cadre d'une amnistie inédite

Le nouveau décret "semble être une réaction (aux révélations sur le) massacre d'al-Tadamon", près de Damas en 2013, et sa publication maintenant s'apparente à une "provocation" du régime, estime une avocate qui fournit une assistance juridique aux familles de détenus et de personnes disparues.

Devant une mosquée, à Idleb, tandis que les fidèles se rassemblent pour prier en cette fin de ramadan, le 2 mai 2022. Omar HAJ KADOUR / AFP

Les autorités syriennes ont libéré une soixantaine de détenus depuis dimanche dans le cadre d'un nouveau décret d'amnistie considéré comme le plus complet depuis le début du conflit et qui s'applique aux crimes liés au "terrorisme", a indiqué lundi une ONG syrienne.

Le président syrien, Bachar el-Assad, avait déjà annoncé plusieurs amnisties depuis le début de la guerre en 2011, qui comprenaient de nombreuses exceptions, notamment la dernière en mai 2021, quelques semaines avant sa réélection pour un quatrième mandat.

"Plus de 60 détenus ont été libérés depuis dimanche dans plusieurs régions syriennes, et certains ont passé au moins dix ans" dans les prisons du régime, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Le décret prévoit "d'accorder une amnistie générale pour les crimes terroristes commis par des syriens" avant le 30 avril 2022, "à l'exception de ceux ayant entraîné la mort d'un être humain et ceux prévus par la loi antiterroriste", a indiqué samedi la présidence syrienne sur les réseaux sociaux.

Ce nouveau décret, publié samedi, -- deux jours avant l'eïd el-Fitr, fête musulmane qui célèbre la fin du ramadan -- est considéré par des militants des droits humains comme le plus complet.

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Selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, "des dizaines de milliers de détenus" sont éligibles, dont beaucoup sont accusés de crimes liés au "terrorisme". M. Rahmane qualifie cette accusation de "vague" pour "condamner les détenus arrêtés arbitrairement".

D'après une liste de 20 noms diffusée par des militants sur les réseaux sociaux, des détenus qui ont passé des années dans la prison de Sednaya, qu'Amnesty International a qualifié d'"abattoir humain", figurent parmi les prisonniers libérés.

L'avocate Noura Ghazi a déclaré que la nouvelle amnistie était "la plus large depuis le début de la révolution syrienne, car elle inclut tous les crimes terroristes, à l'exception de ceux qui ont causé la mort". Directrice de l'organisation "No Photo Zone" qui fournit une assistance juridique aux familles de détenus et de personnes disparues, Mme Ghazi s'attend à ce que beaucoup d'autres soient libérés "mais cela prendra du temps". Ce décret "semble être une réaction (aux révélations sur le) massacre d'al-Tadamon", près de Damas en 2013, et sa publication maintenant s'apparente à une "provocation" du régime, a-t-elle également déclaré.

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La semaine dernière, le quotidien britannique The Guardian et le Newslines Institute à Washington ont publié des articles et des vidéos qui révèlent l'exécution de dizaines de personnes par les forces du régime à al-Tadamon en 2013. Une des vidéos, filmée en avril 2013, montre un membre des forces du régime en tenue militaire ordonnant à des hommes qui ont les yeux bandés et les mains attachées de courir vers un charnier. Les hommes sont abattus un à un avant de tomber dans la fosse. Les corps ont ensuite été incinérés. Il n'y a eu aucune réaction officielle de Damas à propos du massacre.

Depuis le début du conflit, près d'un demi-million de personnes sont entrées dans les prisons du régime et plus de cent mille d'entre elles sont mortes sous la torture ou à la suite de conditions de détention épouvantables, selon l'OSDH.

Les autorités syriennes ont libéré une soixantaine de détenus depuis dimanche dans le cadre d'un nouveau décret d'amnistie considéré comme le plus complet depuis le début du conflit et qui s'applique aux crimes liés au "terrorisme", a indiqué lundi une ONG syrienne.Le président syrien, Bachar el-Assad, avait déjà annoncé plusieurs amnisties depuis le début de la guerre en 2011, qui...

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