
Des partisans d'alHachd ach-chaabi agitent un drapeau à l’effigie du logo de l’organisation à Bassora, le 17 octobre 2020. Hussein Faleh/AFP
L'ancien ministre de l'Electricité Louaï al-Khatib et trois hauts fonctionnaires ont chacun écopé le 7 avril d'un an de prison avec sursis et d'une amende d'un million de dinars (645 euros), selon la décision de justice consultée jeudi par l'AFP.
Un tribunal correctionnel à Bagdad les a condamnés pour "des irrégularités intentionnelles allant à l'encontre de leurs devoirs", a indiqué, dans un communiqué, la Commission pour la transparence, l'agence gouvernementale anti-corruption. Ces violations avaient pour but de "bénéficier à des particuliers au détriment de l'Etat".
L'affaire concerne un contrat de 808 millions de dollars (745 millions d'euros) signé avec une entreprise d'un pays arabe non spécifié "pour la réhabilitation, la gestion et l'entretien d'une centrale" électrique à Bagdad, selon le communiqué. Mais "l'entreprise (...) n'est pas spécialisée dans l'entretien et la réhabilitation des centrales" et elle "n'a aucun autre engagement similaire avec le ministère", précise le texte.
Dès l'annonce de la condamnation, des Irakiens outrés ont exprimé leur colère sur les réseaux sociaux, fustigeant des peines jugées dérisoires. Car depuis près de 20 ans, l'Irak doit composer avec des délestages quotidiens, le secteur de l'électricité souffrant d'infrastructures vétustes et d'un manque criant d'investissements. "Il s'agit de récompenses incitatives et non de peines pour des corrompus", a ironisé sur Twitter Moustafa Saadoune, directeur de l'Observatoire irakien pour les droits de l'Homme. "S'agit-il de peines réelles et dissuasives pour lutter contre la corruption et les corrompus ou d'une tentation qui encourage la corruption, la fraude et les gains illicites ?", a tweeté le politologue kurde Shaho al-Kara Daghi.
Dans l'index 2021 de Transparency international, l'Irak pointe à la 157e place (sur 180) dans le classement sur la perception de la corruption.
Lors des manifestations anti-pouvoir de l'automne 2019, des dizaines de milliers d'Irakiens ont battu le pavé des mois durant pour dénoncer la déliquescence des services publics, le chômage des jeunes, mais aussi et surtout la corruption. Si les condamnations existent, elles visent souvent les échelons intermédiaires. En janvier dernier, un haut fonctionnaire du ministère de l'Electricité a écopé de six ans de prison pour avoir versé des pots-de-vins.
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