
Des éléments armés encerclant des candidats de l'opposition dans le village de Sarafand, au Liban-Sud, le 16 avril 2022. Photo Twitter @MariamSeif
Des éléments armés, dont l'identité demeure jusque-là inconnue, ont encerclé et agressé des candidats de l'opposition dans le village de Sarafand, au Liban-Sud, alors qu'ils se préparaient à annoncer leur liste, "Ensemble pour le changement", et lancer leur programme électoral. L'information a été confirmée samedi à L'Orient-Le Jour par Hicham Hayek, candidat au siège grec-catholique dans la circonscription du Liban-Sud II. Alors que plusieurs médias et témoins estimaient que ces individus étaient membres du mouvement Amal dirigé par la président de la Chambre Nabih Berry, la formation chiite a démenti toute implication dans cette affaire.
"Nous avons loué une salle à Sarafand pour annoncer notre liste et informé les Forces de sécurité intérieure, conformément à la loi", nous a confié M. Hayek. "Des hommes organisés bloquaient dimanche après-midi l'accès à la salle et d'autres l'accès à l'autoroute de la région", alors que des dizaines de partisans étaient déjà en route pour assister à la conférence. Selon notre correspondant dans la région, Mountasser Abdallah, ces individus ont bloqué la circulation à l'aide de pneus enflammés en vue d'empêcher les candidats et leurs partisans d'assister à l'événement. Ils ont également lancé des pierres contre eux et tiré en l'air afin de semer la panique.
Agressions et tirs
"Les FSI m'ont informé que l'accrochage a été résolu et qu'on pouvait parvenir à la salle, mais ce n'était pas le cas. Nous avons été empêchés de poursuivre notre chemin, alors que trente voitures transportant des partisans en provenance du village de Maghdouché se dirigeaient vers la salle. Des partisans ont été agressés sur la route", a confié Hicham Hayek à notre correspondant, assurant qu'un homme a tiré "deux balles" dans sa direction "en présence des forces de sécurité". Celles-ci lui ont alors conseillé de "poursuivre son chemin à pied", mais il a refusé. Il s'est donc dirigé vers sa voiture et a demandé aux partisans bloqués dans leurs véhicules, ainsi qu'aux personnes qui étaient déjà parvenues à la salle, de rebrousser chemin et de s'en aller.
Dans une conférence de presse tenue en fin d'après-midi, les candidats de la liste se sont abstenus de nommer la partie impliquée dans cet incident. "Les services de sécurité et le pouvoir judiciaire compétent enquêteront pour déterminer la partie qui nous a agressés", ont-ils affirmé, tenant "les organes de sécurité pour responsables" de cette affaire "s'ils n'assument pas leurs responsabilités".
المرشحة سارة سويدان عن دائرة صور الزهراني تشرح كيف تعرضت عناصر حركة امل للمرشحين والمواطنين والناشطين لمنعهم من المشاركة باطلاق لائحة "معا للتغيير" وسط تقاعس القوى الامنية.@LebarmyOfficial @LebISF
— Mariam Seif (@MariamSeif) April 16, 2022
وينكن؟ pic.twitter.com/CwkMLS8A5E
Réagissant à ces troubles, la candidate Sarah Soueidane, qui était bloquée sur l'autoroute de Sarafand, a déploré dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux les agressions contre les partisans et les candidats de l'opposition. "Nous avons été empêchés de présenter notre liste. La route était bloquée à l'aide de pneus, personne ne pouvait passer", a-t-elle regretté. "Les hommes qui sont déjà parvenus au lieu du rassemblement ont été enfermés et agressés. Des personnes de la liste "Vers un pays" ont également été arrêtés et leurs téléphones portables confisqués", a-t-elle ajouté.
Démenti du mouvement Amal
Alors que plusieurs médias et partisans de la liste ont affirmé que les éléments armés étaient membres du mouvement Amal, ce dernier y a opposé un démenti catégorique. "Des informations inexactes ont circulé sur les réseaux sociaux qui stipulent que des partisans du mouvement Amal sont impliqués dans un accrochage qui a eu lieu à Sarafand. Le mouvement dément tout lien avec l'incident qu'il place à la disposition des services de sécurité", a-t-il assuré dans un communiqué.
غضب الأهالي … مسلحا في مواجهة لائحة المعارضة بالجنوب . اه نسيت المسدس مش حرزان نحسبو سلاح pic.twitter.com/p9yMTcpuxc
— riad kobaissi (@riadkobaissi) April 16, 2022
En soirée, samedi, le groupe parlementaire affilié à Amal a condamné ces incidents et a affirmé “ôter toute couverture” aux personnes qui s’avèrent impliquées dans ces agressions. Le groupe a enfin appelé la justice à se saisir de l’affaire et “faire le nécessaire”.
Réagissant à ces accrochages, la municipalité de Sarafand a affirmé pour sa part dans un communiqué que "certains protestataires habitants du village et d'autres des localités voisines, ont coupé vers 14h30 la route menant au restaurant al-Wadi (où devait avoir lieu la présentation de la liste). "Ils ont scandé des slogans contre les candidats et leur présence sur les lieux", ajoute le document, qui fait également état "d'accrochages et d'attaques verbales limitées". Après concertation avec les FSI et l'armée libanaise, des autorités politiques et municipales sont rapidement intervenues pour apaiser les tensions. "Le village de Sarafand veille à assurer une atmosphère de compétitivité démocratique conformément à la loi et aux normes", conclut le texte.
Selon plusieurs médias locaux, cette liste qui comprend sept candidats serait soutenue par le Parti communiste libanais, "Le mouvement de Tyr" et des indépendants. Hatem Halaoui, Sarah Soueidane, Roua Farès et Mohammad Ayoub sont candidats aux sièges chiites de Tyr. Hicham Hayek brigue le siège grec-catholique de Zahrani, Ali Khalifé et Ayman Mrouh l'un des sièges chiites de cette même localité.
Fief du président de la Chambre Nabih Berry, la circonscription est dotée de sept sièges, six chiites et un grec-catholique. Le nombre réduit de sièges par rapport au nombre élevé d’inscrits (et donc de votants) dans cette circonscription fait que le coefficient électoral y est particulièrement élevé (plus de 21 000 voix en 2018), de sorte qu’il exerce un effet prohibitif chez tout concurrent potentiel du tandem chiite.
Des accrochages ont par ailleurs éclaté samedi entre les forces de l'ordre et une foule de participants au lancement de la liste "Oui Beyrouth" à l’hôtel Riviera à Beyrouth. Certains participants sont entrés par effraction dans l’hôtel en vue de rencontrer Yassine Fawaz, un riche bloggeur connu sous le pseudonyme "King Rolodex" sur les réseaux sociaux et qui se porte candidat aux législatives dans la circonscription de Beyrouth II. Des informations circulant dans les médias annonçaient que des sommes d’argent seraient distribuées aux personnes qui assisteraient à la conférence de presse.
UN DERNIER COMMENTAIRE A CE SUJET LES VOYOUX A VISAGE DECOUVERT ONT AGRESSE LES PERSONNES QUI VENAIENT SOUTENIR UNE LISTE EN OPPOSITION A AMAL ET HEZBOLLAH LES PHOTOS ET FILMS DONNENT DE CLAIRS VISAGES A CES AGRESSEURS. DANS LE COURT VIDEO UNE PERSONNE A TIRE AVEC SON ARME DEVANT LA POLICE OU L'ARMEE. A T IL ETE ARRETTE ? SUREMENT PAS NOS POLITICIENS DONNENT L'ORDRE DE S'ATTAQUER SEULEMENT AUX MANIFESTANTS PACIFIQUES QUI INSULTENT AVEC RAISON D'AILLEURS LES POLITICIENS MAIS SUREMENT PAS LES HOMMES ARMES QUI TABASSENT DES CIVILS DESARMES PEUPLE DU LIBAN : SACHEZ VOTER POUR UNE FOIS ET DEBARRASSEZ NOUS DE CES POLITICIENS QUI SONT AU DESSUS DES LOIS ET NON AUCUN RESPECT POUR LA DEMOCRATIE: RAPPELEZ VOUS NOUS SOMMES LIBANAIS PAS IRANIENS AUJOURDH'UI COMME NOUS N'ETIONS PAS PALESTINIENS EN 1975 MAIS LIBANAIS ET LE LIBAN AVAIT GAGNE ET NOUS GAGNERONS CETTE FOIS AUSSI MAIS GRACE A VOTRE VOTE.. PS MALGRE TOUT LE RESPECT QUE JE DOIS A L'ARMEE, J AI ETE TRES DECU DE VOIR QU'ELLE N'A PAS ARRETE UNE SEULE PERSONNE APRES UN SI FLAGRANT EVENEMENT COMME ELLLE N'A ARRETTE AUCUN DE CEUX QUI ONT ATTAQUE LES CIVILS A TAYYOUNNE MAIS ARRETE SEULEMENT CEUX QUI CE SONT DEFENDUS CONTRE LES AGRESSEURS DE LEUR QUARTIER ET SURTOUT NE ME DITES PAS QUE LE PROCHAIN PRESIDENT SERA ENCORE UN GENERAL EN CHEF DE L'ARMEE CAR A PART LE GRANDIOSE FOUAD CHEHAB CHEF DE L'ARMEE AUCUN N'A ETE A LA HAUTEUR DE CE QUI EST DEMANDE D'UN PRESIDENT AU LIBAN
12 h 09, le 21 avril 2022