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Monde - Guerre

L’Ukraine « est une scène de crime », affirme le procureur de la CPI

Les présidents polonais et baltes sur des lieux de « douleur et de souffrance ».

L’Ukraine « est une scène de crime », affirme le procureur de la CPI

Les présidents lituanien Gitanas Nauseda, estonien Alar Karis, lettonien Egils Levits et polonais Andrzej Duda avec le Premier ministre ukrainien Denys Szmyhal, à Kiev, hier. Photo Reuters

Les forces russes ont poursuivi hier leur offensive pour faire tomber Marioupol, dans le sud-est de l’Ukraine, un pays désormais « scène de crime », selon le procureur de la Cour pénale internationale.

Hier, Moscou a annoncé la reddition de plus d’un millier de soldats ukrainiens dans la très stratégique ville portuaire de Marioupol, que ses forces assiègent et bombardent depuis plus de 40 jours et encerclent depuis plus d’un mois. Quelque « 1 026 militaires ukrainiens de la 36e brigade d’infanterie de marine ont volontairement déposé les armes et se sont rendus » dans la zone de l’usine métallurgique Ilitch, dont 150 étaient blessés et ont été pris en charge, a précisé le ministère russe de la Défense. La prise de Marioupol serait une victoire importante pour les Russes, car elle leur permettrait de consolider leurs gains territoriaux côtiers le long de la mer d’Azov en reliant la région du Donbass, en partie contrôlée par leurs partisans, à la Crimée que Moscou a annexée en 2014.

Entre 20 000 et 22 000 personnes sont mortes dans la ville, a déclaré mardi sur CNN Pavlo Kirilenko, gouverneur ukrainien de la région de Donetsk, tout en admettant qu’il était « difficile d’évoquer un nombre de victimes », la ville étant coupée du reste du monde par les forces russes.

Si certains experts militaires jugent sa chute inévitable, des forces ukrainiennes s’accrochent et continuent de résister aux Russes après plus de six semaines de combats, qui se concentrent désormais dans la gigantesque zone industrielle de la ville. Les bombardements aériens russes sur Marioupol se poursuivaient, visant notamment le port et le vaste complexe métallurgique Azovstal, a indiqué hier l’armée de terre ukrainienne sur Telegram. Ce labyrinthe, transformé en bastion par les forces ukrainiennes qui s’y retranchent dans ses kilomètres de souterrains, promet une bataille acharnée pour le contrôle total de la ville.

Vérité et fiction

Depuis le début de la semaine circulent des rumeurs, jusqu’ici non confirmées, d’emploi d’armes chimiques par les forces russes à Marioupol. Selon le secrétaire d’État américain Antony Blinken, « les forces russes pourraient (y) utiliser différents agents antiémeute, notamment des gaz lacrymogènes mélangés avec des agents chimiques » contre les « combattants et civils ukrainiens ». Moscou affirme, de son côté, que « la menace de terrorisme chimique » vient des Ukrainiens.

Les bombardements se poursuivent également dans l’est du pays. Ils ont tué sept personnes au cours des dernières 24 heures à Kharkiv (Nord-Est), elle aussi assiégée par les Russes depuis le début de l’invasion, a annoncé le gouverneur régional. Kiev a appelé les civils à fuir l’Est au plus vite dans la crainte d’une grande offensive russe imminente pour le contrôle total du Donbass, que les forces ukrainiennes et leurs ennemis séparatistes prorusses se partagent depuis 2014.

Des analystes estiment que le président russe Vladimir Poutine, embourbé face à la résistance acharnée des Ukrainiens, veut obtenir une victoire dans cette région avant le défilé militaire du 9 mai marquant sur la place Rouge la victoire soviétique sur les nazis en 1945. Moscou avait retiré fin mars ses forces qui occupaient les environs de Kiev et assiégeaient la moitié nord de la capitale, disant vouloir désormais concentrer ses efforts sur le Sud et l’Est.

Autour de Kiev comme ailleurs, les autorités ukrainiennes affirment continuer de trouver des cadavres chaque jour dans les zones dont les forces russes se sont retirées fin mars.

L’Ukraine est une « scène de crime », a jugé hier le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), le Britannique Karim Khan, lors d’une visite à Boutcha, près de Kiev, ville symbole des atrocités du conflit depuis que des centaines de corps, selon les autorités ukrainiennes, y ont été trouvés fin mars. « Nous avons de bonnes raisons de penser que des crimes relevant de la compétence de la Cour sont commis », a déclaré M. Khan à la presse dans cette ville, où les Ukrainiens accusent les Russes d’avoir « massacré » les civils. Vladimir Poutine, dont le pays nie toute exaction en Ukraine, avait qualifié mardi ces accusations de « fake » (fausses). Karim Khan a précisé qu’une équipe médico-légale de la CPI se préparait à travailler en Ukraine « afin que nous puissions vraiment séparer la vérité de la fiction ».

Mardi, le corps du maire de Gostomel, près de Kiev, tué le 7 mars, avait été exhumé devant des enquêteurs ukrainiens, dans le cadre d’une investigation pour crime de guerre. Son corps a été hissé hors de sa tombe, et la police a filmé chacune de ses blessures, parmi lesquelles une à la tête.

Dans un village du sud du pays voisin de Kherson, une ville proche de la ligne de front, sept personnes ont été fusillées par des militaires russes, a annoncé hier le parquet général ukrainien. Selon lui, les soldats russes les ont abattus dans une maison qu’ils ont ensuite fait exploser pour dissimuler le crime.

À Dnipro, la grande ville industrielle de l’Est, le maire-adjoint de la ville, Mikhaïl Lyssenko, a annoncé que les corps de plus de 1 500 soldats russes collectés dans la région reposaient dans les morgues de la ville. « Personne ne veut récupérer » ces dépouilles mortelles, a-t-il souligné, en espérant que des « mères russes puissent venir chercher leurs fils » prochainement. Le Kremlin a récemment admis des « pertes importantes », puis reconnu fin mars la mort de 1 351 soldats pour 3 825 blessés, premiers chiffres depuis plus de trois semaines.

Solidarité des présidents polonais et baltes

Par ailleurs, les présidents polonais et baltes se sont rendus hier à Borodianka, une petite ville ukrainienne près de Kiev que le président lituanien Gitanas Nauseda a dépeinte comme « imprégnée de douleur et de souffrance » après des « crimes de guerre brutaux ». M. Nauseda et ses homologues polonais Andrzej Duda, estonien Alar Karis et letton Egils Levits ont pris le train ensemble pour l’Ukraine, avec l’objectif de soutenir le président Volodymyr Zelensky « à un moment décisif pour ce pays », avait déclaré hier la présidence polonaise. « C’est ici que le côté sombre de l’humanité a montré son visage », a écrit sur Twitter le chef de l’État lituanien, après une escale à Borodianka, détruite par les bombes et théâtre d’exactions présumées pendant la longue occupation russe.

À Washington, Joe Biden a pour la première fois accusé Vladimir Poutine de « génocide » en Ukraine, un terme surtout employé jusqu’ici par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a salué sur son compte Twitter les « vrais mots d’un vrai leader ». Accuser ainsi la Russie de génocide est « inacceptable », a répondu Moscou. Le président français Emmanuel Macron tout comme le chancelier allemand Olaf Scholz n’ont pas repris hier le terme « génocide ». Le président français a remis en doute l’utilité d’une « escalade des mots » pour mettre fin à la guerre, estimant qu’il fallait « rester prudent » sur leur utilisation. Une position partagée par Olaf Scholz qui s’est contenté de parler de « crimes de guerre ».

Volodymyr Zelensky continue, de son côté, de réclamer « en toute urgence plus d’armes lourdes » pour « éviter davantage d’atrocités russes ». Il souhaite toujours instamment la venue à Kiev du chancelier allemand Olaf Scholz, dont il attend rapidement des livraisons d’armes lourdes, a affirmé hier un de ses conseillers, Oleksiï Arestovitch. Le président ukrainien a également appelé hier l’Europe à agir plus rapidement contre la Russie, estimant que l’« on peut soit arrêter la Russie, soit perdre toute l’Europe de l’Est ».

Source : AFP

Les forces russes ont poursuivi hier leur offensive pour faire tomber Marioupol, dans le sud-est de l’Ukraine, un pays désormais « scène de crime », selon le procureur de la Cour pénale internationale.Hier, Moscou a annoncé la reddition de plus d’un millier de soldats ukrainiens dans la très stratégique ville portuaire de Marioupol, que ses forces assiègent et...

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Mr. Macron ce n’est pas un genocide, les russes donnaient des bonbons, honte Mr. Macron ….

Eleni Caridopoulou

17 h 16, le 14 avril 2022

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Commentaires (1)

  • Mr. Macron ce n’est pas un genocide, les russes donnaient des bonbons, honte Mr. Macron ….

    Eleni Caridopoulou

    17 h 16, le 14 avril 2022

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