En ces temps noirs d’effondrement généralisé et de sombre cacophonie que traverse le pays du Cèdre, la prière est le premier et le dernier des refuges. Et la musique un moment de consolation, d’élévation et de rédemption. À l’occasion de la semaine sainte, cette musique diffuse la lumière de la Résurrection. La musique, une fois de plus, vient parler de fraternité, d’amour, de foi en Dieu, de la justice non des hommes mais celle divine et surtout de réconfort et de soutien pour un avenir meilleur, à défaut de lumineux…
Fidèle à son credo que la musique n’est pas un luxe mais une nécessité, une assise de la cité et un baume guérisseur, le festival Beirut Chants propose aux mélomanes en ce lundi 11 avril à l’église Saint-Joseph (USJ) à 20h30 un voyage de la pénombre à la clarté, de la tristesse à la joie, de l’absence de vie à une renaissance…
Pour donner corps et voix à ce chapelet de prières et de chants empreints de ferveur et de piété pour louer la grandeur divine, cinq jeunes Libanais qui se sont déjà illustrés sur la scène locale : Mira Akiki (soprano), Grace Medawar (mezzo-soprano), Béchara Mouffarej et Charles Eid (ténors) et César Naassy (basse-baryton). Les solistes sont accompagnés d’un orchestre de musique de chambre et du chœur de l’Université antonine sous la houlette de maestro Toufic Maatouk.
Au programme, une ouverture fastueuse entre un Stabat Mater et un Salve Regina de Pergolèse, suivis de la Cantate 82 (Ich habe genug) de J.-S. Bach.
Cap ensuite vers Bergame où Donizetti, le compositeur de Lucia di Lammermoor, prend le relais avec un extrait de son Requiem. Dans le même sillage des maîtres de l’art lyrique, Rossini jette ses notes brillantes et ses vocalises étourdissantes avec un Domine Deus, extrait tiré de ce bijou d’opus de musique sacrée connu sous le nom de La petite messe solennelle.
Une révélation pour l’auditoire, pour faire la jonction entre Occident et Orient, l’ouverture de La Passion avec une orchestration signée Alberto Maniaci (compositeur italien) et une harmonisation du chœur portant la griffe de Joseph Waked, œuvre jouée en première mondiale. Suivent deux cantates en arabe du père Joseph Waked, écrites dans les années 1970. Œuvres portant les titres de Ilahi, tirée du psaume 22 qui déploie les dernières paroles du Christ sur la croix, et Amrou Rabbi, qui sont les premiers essais de contrepoint musical en langue arabe de la tradition chorale que le Liban ait connu depuis 40 ans.
Pour cette traversée entre deux rives où se gomment les siècles et les frontières, le dernier mot revient à Toufic Maatouk, organisateur et maître de cérémonie de cet événement : « Ce concert, c’est la rencontre de la musique baroque et de la musique maronite. Deux univers dont chacun exprime un langage musical différent, que beaucoup auraient tendance à opposer mais dont les sonorités peuvent parfaitement se sublimer. Et pour ajouter une ultime précision : je ne qualifie pas le programme de musique sacrée maronite de programme de musique traditionnelle, mais de développement de la musique sacrée maronite vers de nouveaux horizons, en gardant toujours à l’esprit son cachet traditionnel… »
« Pâques en musique » du festival Beirut Chants avec orchestre de chambre, solistes et chœur de l’Université antonine sous la direction de Toufic Maatouk à l’église Saint-Joseph (USJ) le lundi 11 avril à 20h30 précises.
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