Critiques littéraires Bande dessinée

Un thriller comme au ciné

Un thriller comme au ciné

Il faut flinguer Ramirez de Nicolas Petrimaux (Triptyque : série en cours), Glénat, 192 p.

À la Robotop, entreprise dont le produit phare est un aspirateur révolutionnaire, le Vacuumizer 2000, Ramirez est un employé précieux. Il répare les aspirateurs les yeux fermés, rend service sur service, tout cela dans la discrétion la plus totale et pour cause : il est muet. Si sa moustache touffue, ses sourcils broussailleux et ses cheveux volumineux ne le font pas passer inaperçu, il ne fait pas de vagues. À la Robotop, c’est un pilier sur lequel on peut s’appuyer à tout moment, et qui, le reste du temps, fait partie des meubles.

Alors bien sûr, lorsque des gangs mafieux d’un côté et la police de l’autre se lancent à ses trousses, voilà le lecteur, décontenancé, pris entre deux sentiments : Ramirez cache-t-il une identité peu fréquentable ou tout cela n’est-il qu’un vaste malentendu ? La réponse à cette question sera minutieusement distillée au fil d’une interminable course-poursuite s’étendant le long de la série.

Le scénario de Il faut flinguer Ramirez est un hommage assumé à la culture populaire des années 80. Pensé, à l’origine du projet, comme une version dessinée d’une grande production cinématographique, il propose le rythme, les retournements de situations et le soin visuel propre à ce registre. Pourtant, le lecteur comprend bien vite qu’il n’a pas affaire à une simple transposition d’un blockbuster en bande dessinée. Car dès les premières pages, il est clair qu’un pas de côté est fait du côté de l’humour, de la référence et du second degré. Le tour de passe-passe est d’avoir mis dans ce second degré les mêmes efforts et la même intensité que dans un récit de genre traditionnel. Deux lectures s’offrent alors à nous et s’entremêlent : celle d’un récit très ficelé et haletant et celle d’une parodie permanente.

La particularité de la narration d’Il faut flinguer Ramirez est également d’intercaler, entre les scènes, des encarts publicitaires ou fausses pages de journaux, visuellement ancrés dans l’esthétique des années 80 et qui regorgent d’humour. Ces pages ne se privent d’ailleurs pas d’avoir recours à des textes longs qui complètent le récit et le densifient.

Le graphisme de la série est peaufiné à chaque image, traité avec un investissement et un sens du travail bien fait. Fort d’une expérience dans le domaine du jeu vidéo, Nicolas Petrimaux redonne vie aux années 80 avec des moyens fortement ancrés dans les années 2020, tirant profit d’une maîtrise certaine des outils de dessin informatique. Œuvre complète et multimédia, Il faut flinguer Ramirez nous plonge dans un univers qui s’enrichit de contenus divers : vidéos, sites Internet, fausses pubs, chansons, clips. De quoi permettre à Nicolas Petrimaux d’achever ses albums par un générique qui fait référence à ceux des films et qui crédite tous ceux qui ont contribué à alimenter la partition dont il est le chef d’orchestre.

La série se déploie sur trois volumes dont deux sont d’ores et déjà sortis. Nicolas Petrimaux était au Liban pour quelques jours aux côtés d’Aurélie Neyret, dessinatrice des séries pour la jeunesse Les Carnets de Cerise et Lulu et Nelson.

Il faut flinguer Ramirez de Nicolas Petrimaux (Triptyque : série en cours), Glénat, 192 p.À la Robotop, entreprise dont le produit phare est un aspirateur révolutionnaire, le Vacuumizer 2000, Ramirez est un employé précieux. Il répare les aspirateurs les yeux fermés, rend service sur service, tout cela dans la discrétion la plus totale et pour cause : il est muet. Si sa moustache...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut