Édito Édito

Debout sur la paume d’un diable

Les élections au Liban sont « debout sur la paume d’un diable », selon la formule libanaise consacrée. Tout est possible dans ce pays, y compris l’ajournement du scrutin pour des prétextes « précuisinés » comme une pénurie d’essence généralisée, des manquements logistiques, une grève des juges et des greffiers, une fronde des ambassadeurs et consuls entravant le vote des Libanais de la diaspora, sans compter un incident sécuritaire suffisamment grave pour torpiller l’échéance électorale. Cet ajournement est-il souhaitable ?

D’un point de vue constitutionnel, l’alternance constitue une nécessité dans toute démocratie, et l’élection de nouveaux députés un espoir de changement à l’heure où les dirigeants actuels sont, à juste titre, voués aux gémonies.

D’un point de vue politique, la cacophonie ambiante incite certains observateurs à douter de l’opportunité de la tenue du scrutin en mai prochain et à redouter un saut dans l’inconnu qui pourrait renforcer le Hezbollah. Car la retraite anticipée et intempestive de Saad Hariri, le désordre désastreux et sans doute provoqué au sein de la société civile qui symbolisait le changement escompté, l’omniprésence d’un parti hégémonique et armé qui fausse d’emblée le jeu démocratique, l’absence d’une surveillance internationale susceptible de freiner « l’argent électoral »  qui profitera probablement de la misère des électeurs, sans oublier la conjoncture régionale et mondiale (notamment la guerre en Ukraine), et l’aboutissement possible d’un accord sur le nucléaire iranien à Vienne... tous ces facteurs réunis appellent à la circonspection.

Sauf que l’élection présidentielle à venir risque d'être paralysée à son tour, ce qui conduirait à une prorogation du mandat actuel, inacceptable en raison d’un bilan catastrophique à tous les niveaux. S’il devait survenir, ce report mènerait notre pays déjà exsangue à une mort certaine.

Le Liban est à la croisée des chemins : entre deux maux, il faudra choisir le moindre.


Les élections au Liban sont « debout sur la paume d’un diable », selon la formule libanaise consacrée. Tout est possible dans ce pays, y compris l’ajournement du scrutin pour des prétextes « précuisinés » comme une pénurie d’essence généralisée, des manquements logistiques, une grève des juges et des greffiers, une fronde des ambassadeurs et consuls entravant le vote...

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"Sauf que l’élection présidentielle à venir risque d'être paralysée à son tour, ce qui conduirait à une prorogation du mandat actuel,..." Même avec un nouveau Parlement, l'élection présidentielle prendra deux à trois ans pour être cuisinée, sous la houlette du "guide suprême de la résistance"...

Georges MELKI

10 h 53, le 14 avril 2022

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Commentaires (1)

  • "Sauf que l’élection présidentielle à venir risque d'être paralysée à son tour, ce qui conduirait à une prorogation du mandat actuel,..." Même avec un nouveau Parlement, l'élection présidentielle prendra deux à trois ans pour être cuisinée, sous la houlette du "guide suprême de la résistance"...

    Georges MELKI

    10 h 53, le 14 avril 2022

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