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Agenda - Hommage

À mon ami Jacques

Nos chemins qui n’étaient pas nécessairement faits pour se croiser se retrouvent à l’unisson à deux moments cruciaux d’une vie ; les débuts et la fin.

Jacques Raphael, le jeune cadre impétueux et strict de la Middle East Airlines qui m’accueillera comme stagiaire puis «  officier  » de réservation dans les bureaux de Bab Idriss, se prendra d’amitié pour cette jeune recrue que j’étais dans mon premier sursaut d’indépendance : travailler dès 18 ans, tout en étudiant le droit à l’USJ.

De cette fin des années cinquante, je retiendrais le «  supervisor  » attentif, instructeur, aimable, souriant et déjà l’as de l’aviation commerciale dont il deviendra très tôt la principale vedette libanaise, chinoise et luxembourgeoise.

Le succès viendra, pour Jacques, de son intelligence, sa créativité, sa pugnacité, de sa résilience aux épreuves, ce qui le fera gagner et perdre, entre la carrière et la famille, ce qui est le plus cher. Dans le succès comme dans le deuil ou le chagrin, Jacques Raphael gardera la tête froide et le cœur bouillant des personnages hors normes.

Même en nous perdant de vue au gré de la guerre et de la géographie, ce lien indéfectible tissé dès nos premières années de jeunesse et de travail ne se distendra jamais.

Il fera de sa jeunesse, pétrie dans le sérieux et l’ardeur, les ailes qui le porteront au firmament de l’aviation et des affaires dans un Liban qui découvrait sa place privilégiée au carrefour régional et international de l’une et des autres.

Je retrouverai mon Jacques au grand cœur, mon mentor des premières années à un autre carrefour. Celui où devant changer de quartier après l’attentat perpétré contre moi, je me retrouvais chez lui voisin et locataire. Rien n’avait changé, ni la qualité de notre relation ni la chaleur de notre amitié. Peut-être nos vicissitudes, nos deuils respectifs, nous avaient même rapprochés et permis de connaître ce qui lui restait de plus cher, Carmen, Charles, le souvenir de Christine, Nathalie son grand amour, les petits-enfants, la famille. Lorsque ce dévoreur de miles aériens a cessé de voyager, Covid aidant, je devinais en lui les premiers signes du grand voyage.

À bientôt, Jacques, pour achever ensemble les parcours que la vie belle puis dure de notre Liban ont interrompu.

N’oublie pas, là où tu es, de veiller sur ceux qui t’aiment et ils sont nombreux, et pour les amis, révise les règles du bridge et du trictrac. Même au Paradis ça peut être utile.

Marwan HAMADÉ

Nos chemins qui n’étaient pas nécessairement faits pour se croiser se retrouvent à l’unisson à deux moments cruciaux d’une vie ; les débuts et la fin. Jacques Raphael, le jeune cadre impétueux et strict de la Middle East Airlines qui m’accueillera comme stagiaire puis «  officier  » de réservation dans les bureaux de Bab Idriss, se prendra d’amitié pour...