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Monde - Éthiopie

Un convoi d’aide humanitaire va entrer au Tigré

Les autorités d’Addis-Abeba et les rebelles s’accusaient mutuellement depuis plusieurs jours de bloquer les camions.

Un convoi d’aide humanitaire va entrer au Tigré

Dans cette photo d’archives prise le 15 septembre 2021, des hommes transportent un sac de blé lors d’une distribution de nourriture par le Programme alimentaire mondial (PAM) pour les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDI) à Debark, à 90 kilomètres de la ville de Gondar, en Éthiopie. Le premier convoi d’aide internationale en trois mois entrera bientôt dans la région éthiopienne du Tigré, frappée par la guerre, a annoncé l’ONU le 1er avril 2022. Amanuel Sileshi/AFP

Une semaine après l’annonce d’une « trêve humanitaire », 20 camions chargés d’aide alimentaire, le premier convoi routier en trois mois, s’apprêtaient hier à entrer dans la région éthiopienne du Tigré, théâtre d’un conflit depuis novembre 2020 et menacée de famine.

Les camions du PAM « vont bientôt entrer au Tigré, apportant plus de 500 tonnes (...) de nourriture et denrées nutritionnelles dont ont urgemment besoin les communautés sur le point de mourir de faim », indique le Programme alimentaire mondial (PAM) dans un tweet.

Depuis plusieurs jours, autorités d’Addis-Abeba et rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui s’affrontent depuis bientôt 17 mois, s’accusaient mutuellement de bloquer les convois d’aide, malgré une « trêve humanitaire » annoncée le 24 mars pour permettre son acheminement.

Jeudi, le gouvernement éthiopien avait annoncé que « 21 camions chargés d’aide alimentaire du PAM ont commencé à transporter de l’aide humanitaire vers la région du Tigré », par une route traversant la région de l’Afar voisine.

Le convoi – 20 camions d’aide alimentaire et un camion-citerne de carburant servant à ravitailler le convoi – a été bloqué jeudi soir par les forces régionales afares, mais a pu reprendre sa route vendredi, a expliqué une source humanitaire à l’AFP.

Contacté par l’AFP depuis Nairobi, le porte-parole du TPLF, Getachew Reda, a confirmé que le convoi était entré dans une zone de l’Afar sous contrôle des rebelles tigréens et frontalière du Tigré.

Les « 20 camions sont désormais dans la zone sous notre contrôle, en route vers Mekele », la capitale du Tigré, qu’ils devaient atteindre d’ici à « quelques heures », les camions devant refaire le plein de carburant en chemin, a-t-il déclaré hier en milieu d’après-midi.

« Pénurie extrême »

Aucune aide n’a été acheminée au Tigré par la route depuis la mi-décembre, en raison de combats et de l’insécurité dans l’Afar, dont une partie est occupée par le TPLF.

Seuls des produits médicaux et de nutrition sont arrivés par les airs, en bien plus faible quantité que ce qu’autorisent les convois routiers.

Au Tigré, 4,6 millions de personnes, soit 83 % des quelque six millions d’habitants de la région, sont en situation « d’insécurité alimentaire », tandis que deux millions souffrent d’une « pénurie extrême de nourriture », estimait le PAM en janvier.

En outre, faute de carburant, de vivres et de liquidités sur place, les opérations humanitaires au Tigré – où plus de 400 000 personnes ont été déplacées par le conflit – sont quasiment interrompues depuis la mi-février, selon l’ONU.

Depuis plusieurs mois, les services de base (télécommunications, internet, électricité, banque...) sont à l’arrêt au Tigré.

Il aura fallu huit jours, depuis l’annonce de la trêve, pour que le convoi, stationné depuis des semaines à Semera, capitale de l’Afar, se mette en mouvement.

Depuis cette annonce du gouvernement et l’engagement du TPLF de la respecter sous réserve que l’aide arrive « dans un délai raisonnable », le PAM indiquait pourtant « se tenir prêt » à faire partir ses camions vers le Tigré « dès qu’un accès sûr et sans restriction sera garanti par toutes les parties ».

Jeudi, une source humanitaire avait indiqué à l’AFP que le PAM avait reçu l’autorisation du gouvernement fédéral et attendait « le feu vert » des autorités régionales de l’Afar, ainsi que des « assurances que les milices et les populations (de la région Afar) laisseront passer le convoi ».

Plusieurs convois d’aide ont été pillés par le passé par des habitants de l’Afar.

Ces derniers jours, « concrètement, il manquait l’autorisation des autorités afares » qui réclament, comme le gouvernement fédéral, que le TPLF se retire de la région, selon cette source.

Pressions diplomatiques

Les États-Unis ont multiplié ces dernières semaines les pressions diplomatiques pour permettre le passage de l’aide vers le Tigré et mercredi, la chargée d’affaires américaine en Éthiopie, Tracey Jacobson, a rencontré à Semera le président de l’Afar, Awol Arba, qui avait plusieurs fois affirmé publiquement qu’il ne laisserait pas passer l’aide à destination du Tigré.

Le conflit – dont le bilan est inconnu – a commencé quand le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a envoyé au Tigré l’armée fédérale pour y destituer les autorités du TPLF, parti qui administrait la région après avoir longtemps détenu le pouvoir de fait à Addis-Abeba.

Prix Nobel de la paix, M. Abiy accusait le TPLF, qui contestait son autorité depuis plusieurs mois, d’avoir attaqué des bases de l’armée fédérale au Tigré.

Après avoir pris Mekele en un mois, l’armée éthiopienne a finalement été chassée du Tigré courant 2021 par une contre-offensive du TPLF et le conflit, marqué par de nombreuses exactions de chaque camp, s’est propagé à l’Afar et à l’Amhara voisines.

Source : AFP

Une semaine après l’annonce d’une « trêve humanitaire », 20 camions chargés d’aide alimentaire, le premier convoi routier en trois mois, s’apprêtaient hier à entrer dans la région éthiopienne du Tigré, théâtre d’un conflit depuis novembre 2020 et menacée de famine.Les camions du PAM « vont bientôt entrer au Tigré, apportant plus de 500 tonnes (...) de...
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