Rechercher
Rechercher

Politique - Partis

Taymour Joumblatt reprend le flambeau

Taymour Joumblatt reprend le flambeau

Taymour Joumblatt au milieu de la foule à Moukhtara, le 19 mars 2022. Photo Nabil Ismaïl

De Paris, où il se trouvait, le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt a envoyé dimanche dernier à ses amis et connaissances un commentaire émouvant : « Hier, c’était un grand jour. Je peux maintenant me reposer, Moukhtara est en de bonnes mains. Taymour a passé son baptême du feu avec Dalia. » La veille, les chaînes de télévision locales avaient montré des images du fils du leader druze, Taymour Joumblatt, rendant hommage à son grand-père Kamal, pour l’anniversaire de son assassinat en mars 1977, et s’exprimant en véritable zaïm devant une foule émue, sous l’œil attentif de sa sœur Dalia. Pour que Walid Joumblatt commente cette cérémonie tout en se trouvant à l’étranger, c’est que le moment est pour lui important et symbolique. Il a dû se souvenir comment il est lui-même devenu un zaïm de façon brutale après l’assassinat de son père Kamal Joumblatt, sans avoir vraiment eu le choix de refuser cette mission. Walid Joumblatt a en effet été vite propulsé dans un monde auquel il ne connaissait pas grand-chose. Certes, les compagnons de son père l’ont entouré, brisant la solitude du jeune héritier politique. Ce sont eux qui disent d’ailleurs aujourd’hui que Walid Joumblatt tenait absolument à tout faire pour que son fils ne vive pas la même expérience et puisse s’adapter petit à petit au rôle de leader politique.

Ce n’était pourtant pas chose facile. Car tous ceux qui connaissent Taymour Joumblatt confient qu’il portait un regard très critique sur la classe politique en général et qu’il affichait un certain rejet des traditions de la famille sur le plan du leadership. Toujours selon les proches de Taymour Joumblatt, c’était presque à contrecœur qu’il avait accepté de se présenter aux élections législatives en 2018, dans un premier pas vers la prise en charge du leadership du PSP et de la communauté druze. D’ailleurs, il refusait de se prêter au jeu, en évitant autant que possible les discours devant la foule et les cérémonies traditionnelles. Il était certes le chef du groupe parlementaire de la Rencontre démocratique et participait aux « réunions importantes » de son père, notamment à l’étranger, mais il laissait volontiers à ce dernier les décisions politiques et les déclarations dans les médias.

Une préparation progressive

Les anciens compagnons de Kamal Joumblatt, qui ont vécu le choc terrible de son assassinat et la soudaine arrivée sur la scène politique de son fils Walid, racontent les efforts du père, menés ces dernières années, pour éviter au fils un changement brutal de vie comme cela a été le cas pour lui en 1977. Cette année-là, et plus précisément le 16 mars, Walid Joumblatt avait été contraint de devenir le zaïm des druzes. Son père Kamal Joumblatt, député et chef druze du Mouvement national libanais, avait été assassiné dans sa voiture sur une route du Chouf, victime d’une embuscade dressée à quelques centaines de mètres seulement d’un barrage syrien, peu après s’être opposé à l’intervention armée syrienne au Liban. Walid Joumblatt avait 28 ans et, en quelques heures, sa vie entière a basculé. Il a dû modifier complètement sa vision, son parcours, ses préoccupations et même les détails les plus simples de son quotidien. Il n’avait pourtant pas été préparé à un tel changement, lui qui menait sa vie loin de la politique, jusqu’au choc de la disparition de son père dans des circonstances dramatiques. Ce jour-là, il a donc obéi à l’appel du devoir et rempli sa mission, en dépit des difficultés et de la période particulièrement délicate. Selon les anciens compagnons de Kamal Joumblatt, pour éviter que son fils vive la même expérience, Walid Joumblatt a donc pris soin de le préparer progressivement ces dernières années à prendre la relève, le poussant à se présenter aux élections législatives de 2018 pour occuper le siège du seigneur de Moukhtara. Walid Joumblatt voulait donc assurer une transition souple, soutenant son fils Taymour qui ne montrait pourtant pas, comme son père avant lui, un grand intérêt pour la politique. Ceux qui connaissent Taymour disent d’ailleurs qu’au départ, il ne souhaitait pas remplir ce rôle, éprouvant un mélange de rébellion et de désintérêt à l’égard de la classe politique en général. Si ça ne tenait qu’à lui, il aurait sans doute préféré se lancer dans une autre carrière, selon l’un de ses proches. Ceux qui le rencontraient rapportaient en effet à son propos ses critiques à l’adresse de la classe politique et sa volonté de s’en démarquer.

Lire aussi

Les FL et le PSP consolident leur alliance électorale

Toujours selon les anciens compagnons, Walid Joumblatt comprenait les réticences de son fils. Il a donc attendu, patienté et laissé faire le temps... Jusqu’au samedi 19 mars 2022, lorsqu’il a vu depuis Paris où il se trouvait son fils prendre la parole d’un ton solennel devant une foule de partisans fidèles aux Joumblatt, en véritable chef. Aux yeux de son père et de tous les présents, Taymour a ce jour-là pris des allures de Kamal Joumblatt. Selon les milieux précités, c’est d’ailleurs sciemment que Walid Joumblatt a préféré se trouver hors du Liban à cette date, pour bien montrer que désormais, la relève est assurée, et que son fils est pleinement en mesure d’assumer ses responsabilités. Pour que le message soit clairement reçu, il s’est exprimé à travers les réseaux sociaux, précisant que sa fille Dalia se tient aux côtés de Taymour. Ce dernier a d’ailleurs affirmé devant les partisans que quel que soit l’avenir, « cette maison restera ouverte et restera la leur ».

De Paris, où il se trouvait, le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt a envoyé dimanche dernier à ses amis et connaissances un commentaire émouvant : « Hier, c’était un grand jour. Je peux maintenant me reposer, Moukhtara est en de bonnes mains. Taymour a passé son baptême du feu avec Dalia. » La veille, les chaînes de télévision locales avaient...
commentaires (13)

Dans la vie civile, les hommes d'affaires construisent de petit royaumes ou empires, selon la chance ou les moyens de chacun, et une fois l'age de la retraite atteint, ces messieurs passent le fruit de leur labeur a leurs enfants. Pourquoi dans la vie politique ces messieurs n'en auront pas le droit? Dans les deux cas, il n'est pas dit que les héritiers seront aussi capables que leur papa, parfois même plus capables. La différence entre les affaires et la politique c'est que dans le premier cas il n'y a pas d'autre choix, alors que dans le second le peuple peut faire changer les choses lors des élections. Il faut donc arrêter de s'en prendre a un système que nous même abreuvons puisqu'on ne se sert pas de la démocratie pour changer les élus et donc les traditions. Ayant dit cela, il est très possible que le Taymour en question soit un jeune homme plein de promesses etc... etc... mais il a malheureusement de très mauvais exemples a suivre, son grand père et son père, qui tout deux ont trahit le pays a plusieurs reprises, sans compter leur profonde responsabilité dans la corruption et le sac des institutions du pays conduisant a l'appauvrissement du peuple qu'ils prétendaient défendre. Les girouettes, nous n'en voulons plus, c'est au peuple de prendre ses décisions au cours de ses élections. S'il veulent changer la situation il ne vote pas pour lui et ses semblables, ou il creuse sa propre potence et sera responsable de son future.

Pierre Christo Hadjigeorgiou

10 h 30, le 28 mars 2022

Tous les commentaires

Commentaires (13)

  • Dans la vie civile, les hommes d'affaires construisent de petit royaumes ou empires, selon la chance ou les moyens de chacun, et une fois l'age de la retraite atteint, ces messieurs passent le fruit de leur labeur a leurs enfants. Pourquoi dans la vie politique ces messieurs n'en auront pas le droit? Dans les deux cas, il n'est pas dit que les héritiers seront aussi capables que leur papa, parfois même plus capables. La différence entre les affaires et la politique c'est que dans le premier cas il n'y a pas d'autre choix, alors que dans le second le peuple peut faire changer les choses lors des élections. Il faut donc arrêter de s'en prendre a un système que nous même abreuvons puisqu'on ne se sert pas de la démocratie pour changer les élus et donc les traditions. Ayant dit cela, il est très possible que le Taymour en question soit un jeune homme plein de promesses etc... etc... mais il a malheureusement de très mauvais exemples a suivre, son grand père et son père, qui tout deux ont trahit le pays a plusieurs reprises, sans compter leur profonde responsabilité dans la corruption et le sac des institutions du pays conduisant a l'appauvrissement du peuple qu'ils prétendaient défendre. Les girouettes, nous n'en voulons plus, c'est au peuple de prendre ses décisions au cours de ses élections. S'il veulent changer la situation il ne vote pas pour lui et ses semblables, ou il creuse sa propre potence et sera responsable de son future.

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    10 h 30, le 28 mars 2022

  • Un Joumblatt peut en cacher un autre, deux autres, etc... Il y a encore des sous à piquer dans la caisse des réfugiés,? 380 millions de dollars, sapristi !!!! Et ce sont des types comme Walid bec, ex étudiant dans une université française, francophone voire francophile qui trempent dans ces détournements, alors que l'intelligentsia libanaise comptait justement sur ces gens pour sortir de la gabegie environnante. Une honte, tous pourris, meme les pseudo élites.

    Roborm

    12 h 37, le 26 mars 2022

  • Quand est-ce qu'un jour il y aurait quelqu'un à la tête du PSP autre qu'un Joumblat ou même no druze (sans douter des qualités de M. Taymour), ou quelqu'un à la tête des Kataebs que ne s'appelle pas Gemayel ou qui ne soit pas maronite , etc. Être engagé dans la vie politique n'est pas de tout repos: c'est être soumis à des rudes épreuves et être soumis à la critique en permanence en vue de rendre des comptes. Quiconque voudrait en preserver ces enfants et les siens. Sauf que dans notre pays hériter de la position de son papa en politique reste chose très aisée et facilitée par les moutons suiveurs que nous sommes.

    Khairallah Issam

    07 h 16, le 26 mars 2022

  • Je ne doute pas de la valeur de ce jeune homme, mais est ce que le Liban va un jour sortir de cette habitude moyenâgeuse qui consiste à donner le pouvoir au "fils, au frère ou au gendre de" Je sais qu'il y a beaucoup de libanais qui pourraient être élus et feraient de l'excellent travail !

    Pandora

    16 h 40, le 25 mars 2022

  • L,ADAGE DIT QU,ATTENDRE DANS CETTE RUBRIQUE DE LIRE LES MEFAITS COMMIS CONTRE LE PAYS ET SON PEUPLE PAR PAPA NOEL DOUBLEMENT COURBE PAR L,AGE, CORPS ET BOITE CRANIENNE, ET LES LATTAS DU BACILLE, BARGES TURQUES ET EDL ETC... CONDAMNES, C,EST ATTENDRE QUE L,ANE COMMENCE A PENSER...

    LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

    14 h 13, le 25 mars 2022

  • SLEEPING TAYMOUR... QUEL HONNEUR DE L,APPELER AINSI... PREND LE FLAMBEAU. ESPERONS QU,IL NE SAUTE PAS DE BRANCHE EN BRANCHE.

    LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

    13 h 50, le 25 mars 2022

  • Au moins Lui on sait d'ou il vient...une lignee reste une lignee...ou vous preferez un Arslane? ou encore un Wahhab? ou pire! un Bassil? des jaloux, agris, et arrivistes! Il ira loin mon Taymour Link! ;)

    Jack Gardner

    12 h 56, le 25 mars 2022

  • Madame au lieu de parler de la propulsion en politique de Walid Jumblatt, ce qui est courant et presque une coutume au Liban, vous feriez mieux de parler du chefaillon de la république et de son gendron qui eux ont été propulsés sans rien y connaître à la politique ou à la gouvernance par des vendus en leur offrant les richesses du pays à condition qu’ils se tiennent à carreaux et ne pas se mêler de la politique interne et externe du pays qu’ils ont monnayé pour se remplir les fouilles et occuper des postes trop loin de leur capacité intellectuelles et politiques vu que le seuls domaines dans lesquels ils excellent sont le pillage et le saccage d’un peuple qui leur a fait confiance.

    Sissi zayyat

    12 h 04, le 25 mars 2022

  • je ne vois que des drapeaux rouges

    Abi Kheir Walid

    11 h 51, le 25 mars 2022

  • C'est moi ou bien Mme Haddad ne cesse de se répéter ???? Cet article aurait pu être écrit en 10 lignes !! S'agissant du fond, je suis surpris de constater que ce sublime exemple de népotisme est décrit avec grande émotion par dame Haddad. Il ne reste donc qu'à espérer que Taymour sera un grand chef jusqu'à ses 75 ans et saura s'entourer de grands cerveaux. Que dire d'autre...?

    Karim K

    11 h 44, le 25 mars 2022

  • Tiens, tiens...les encensements à la limite du lyrique qui se déversaient en direction de Baabda et associés...ont changé de direction...pour glorifier un héritier fabriqué avec grand soin par son père ! Au fait, que feraient ces "grands" de la politique libanaise, sans un fils pour assurer à l'avenir leurs petits boulots lucratifs ??? Irène Saïd

    Irene Said

    11 h 39, le 25 mars 2022

  • THAOURA ,THAOURA : LES FISTONS et FRERES : HBEICH , BAARINI , FRANGIEH, FATFAT, ALAMEDDINE, KABARA, OBEID, GEMAYEL ( au carre), JOUMBLAT et Cie. en ne citant que ce groupe- VONT ETRE ELUS OU REELUS ( chiche )- voila déjà au moins 30 sièges au parlement qui sont assures ; ET ON NOUS PARLE QUE LES PAPAS ( DEPUTES ) SONT EMUS !!? Houla Hop ..

    aliosha

    11 h 36, le 25 mars 2022

  • Et c'est reparti. Le fils du fils du fils . Un homme qui hérite contre sa volonté (!) d'un poste politique. M. Joumblatt Junior a donc été élu député, juste parce que papa le voulait. Des centaines de milliers d'électeurs ont élu un nom au lieu d'un programme. Encore et encore. C'est affligeant. Tant que le Liban continuera à faire une mayonnaise de ses traditions féodales et des structures démocratiques nous n'avons absolument aucune chance.

    El moughtareb

    11 h 16, le 25 mars 2022

Retour en haut