De Paris, où il se trouvait, le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt a envoyé dimanche dernier à ses amis et connaissances un commentaire émouvant : « Hier, c’était un grand jour. Je peux maintenant me reposer, Moukhtara est en de bonnes mains. Taymour a passé son baptême du feu avec Dalia. » La veille, les chaînes de télévision locales avaient montré des images du fils du leader druze, Taymour Joumblatt, rendant hommage à son grand-père Kamal, pour l’anniversaire de son assassinat en mars 1977, et s’exprimant en véritable zaïm devant une foule émue, sous l’œil attentif de sa sœur Dalia. Pour que Walid Joumblatt commente cette cérémonie tout en se trouvant à l’étranger, c’est que le moment est pour lui important et symbolique. Il a dû se souvenir comment il est lui-même devenu un zaïm de façon brutale après l’assassinat de son père Kamal Joumblatt, sans avoir vraiment eu le choix de refuser cette mission. Walid Joumblatt a en effet été vite propulsé dans un monde auquel il ne connaissait pas grand-chose. Certes, les compagnons de son père l’ont entouré, brisant la solitude du jeune héritier politique. Ce sont eux qui disent d’ailleurs aujourd’hui que Walid Joumblatt tenait absolument à tout faire pour que son fils ne vive pas la même expérience et puisse s’adapter petit à petit au rôle de leader politique.
Ce n’était pourtant pas chose facile. Car tous ceux qui connaissent Taymour Joumblatt confient qu’il portait un regard très critique sur la classe politique en général et qu’il affichait un certain rejet des traditions de la famille sur le plan du leadership. Toujours selon les proches de Taymour Joumblatt, c’était presque à contrecœur qu’il avait accepté de se présenter aux élections législatives en 2018, dans un premier pas vers la prise en charge du leadership du PSP et de la communauté druze. D’ailleurs, il refusait de se prêter au jeu, en évitant autant que possible les discours devant la foule et les cérémonies traditionnelles. Il était certes le chef du groupe parlementaire de la Rencontre démocratique et participait aux « réunions importantes » de son père, notamment à l’étranger, mais il laissait volontiers à ce dernier les décisions politiques et les déclarations dans les médias.
Une préparation progressive
Les anciens compagnons de Kamal Joumblatt, qui ont vécu le choc terrible de son assassinat et la soudaine arrivée sur la scène politique de son fils Walid, racontent les efforts du père, menés ces dernières années, pour éviter au fils un changement brutal de vie comme cela a été le cas pour lui en 1977. Cette année-là, et plus précisément le 16 mars, Walid Joumblatt avait été contraint de devenir le zaïm des druzes. Son père Kamal Joumblatt, député et chef druze du Mouvement national libanais, avait été assassiné dans sa voiture sur une route du Chouf, victime d’une embuscade dressée à quelques centaines de mètres seulement d’un barrage syrien, peu après s’être opposé à l’intervention armée syrienne au Liban. Walid Joumblatt avait 28 ans et, en quelques heures, sa vie entière a basculé. Il a dû modifier complètement sa vision, son parcours, ses préoccupations et même les détails les plus simples de son quotidien. Il n’avait pourtant pas été préparé à un tel changement, lui qui menait sa vie loin de la politique, jusqu’au choc de la disparition de son père dans des circonstances dramatiques. Ce jour-là, il a donc obéi à l’appel du devoir et rempli sa mission, en dépit des difficultés et de la période particulièrement délicate. Selon les anciens compagnons de Kamal Joumblatt, pour éviter que son fils vive la même expérience, Walid Joumblatt a donc pris soin de le préparer progressivement ces dernières années à prendre la relève, le poussant à se présenter aux élections législatives de 2018 pour occuper le siège du seigneur de Moukhtara. Walid Joumblatt voulait donc assurer une transition souple, soutenant son fils Taymour qui ne montrait pourtant pas, comme son père avant lui, un grand intérêt pour la politique. Ceux qui connaissent Taymour disent d’ailleurs qu’au départ, il ne souhaitait pas remplir ce rôle, éprouvant un mélange de rébellion et de désintérêt à l’égard de la classe politique en général. Si ça ne tenait qu’à lui, il aurait sans doute préféré se lancer dans une autre carrière, selon l’un de ses proches. Ceux qui le rencontraient rapportaient en effet à son propos ses critiques à l’adresse de la classe politique et sa volonté de s’en démarquer.
Toujours selon les anciens compagnons, Walid Joumblatt comprenait les réticences de son fils. Il a donc attendu, patienté et laissé faire le temps... Jusqu’au samedi 19 mars 2022, lorsqu’il a vu depuis Paris où il se trouvait son fils prendre la parole d’un ton solennel devant une foule de partisans fidèles aux Joumblatt, en véritable chef. Aux yeux de son père et de tous les présents, Taymour a ce jour-là pris des allures de Kamal Joumblatt. Selon les milieux précités, c’est d’ailleurs sciemment que Walid Joumblatt a préféré se trouver hors du Liban à cette date, pour bien montrer que désormais, la relève est assurée, et que son fils est pleinement en mesure d’assumer ses responsabilités. Pour que le message soit clairement reçu, il s’est exprimé à travers les réseaux sociaux, précisant que sa fille Dalia se tient aux côtés de Taymour. Ce dernier a d’ailleurs affirmé devant les partisans que quel que soit l’avenir, « cette maison restera ouverte et restera la leur ».
Dans la vie civile, les hommes d'affaires construisent de petit royaumes ou empires, selon la chance ou les moyens de chacun, et une fois l'age de la retraite atteint, ces messieurs passent le fruit de leur labeur a leurs enfants. Pourquoi dans la vie politique ces messieurs n'en auront pas le droit? Dans les deux cas, il n'est pas dit que les héritiers seront aussi capables que leur papa, parfois même plus capables. La différence entre les affaires et la politique c'est que dans le premier cas il n'y a pas d'autre choix, alors que dans le second le peuple peut faire changer les choses lors des élections. Il faut donc arrêter de s'en prendre a un système que nous même abreuvons puisqu'on ne se sert pas de la démocratie pour changer les élus et donc les traditions. Ayant dit cela, il est très possible que le Taymour en question soit un jeune homme plein de promesses etc... etc... mais il a malheureusement de très mauvais exemples a suivre, son grand père et son père, qui tout deux ont trahit le pays a plusieurs reprises, sans compter leur profonde responsabilité dans la corruption et le sac des institutions du pays conduisant a l'appauvrissement du peuple qu'ils prétendaient défendre. Les girouettes, nous n'en voulons plus, c'est au peuple de prendre ses décisions au cours de ses élections. S'il veulent changer la situation il ne vote pas pour lui et ses semblables, ou il creuse sa propre potence et sera responsable de son future.
10 h 30, le 28 mars 2022