Plusieurs supermarchés à travers le Liban ont commencé à restreindre les paiements par carte bancaire, demandant à ce que seuls 50 % des achats de leurs clients soient réglés via ce mode de paiement et exigeant que le reste soit payé en espèces.
Cette mesure a commencé à être notifiée par certaines enseignes ce jeudi matin, principalement au moyen d’affiches placardées dans les points de vente, dont certaines ont été partagées par des clients sur les réseaux sociaux. Une partie des supermarchés a justifié la mesure en évoquant une décision de leur syndicat. Contacté par L’Orient-Le Jour, son président Nabil Fahed, lui-même propriétaire de la chaîne éponyme, a partiellement confirmé l’information. « C’est une mesure que nous pourrions adopter dans les jours à venir mais qui n’a pas encore été officialisée par un communiqué. Des discussions sont toujours en cours », a-t-il déclaré. Le président du syndicat participait justement à une réunion sur le sujet jeudi matin.
Zakaria Itani, gérant associé de la chaîne de supermarchés Shopper’s implantée à Beyrouth, a également affirmé à L’Orient-Le Jour ne pas avoir encore adopté cette mesure et attendre la décision définitive du syndicat. Il justifie toutefois la démarche de la filière en invoquant les « coûts très élevés » engagés par les acteurs pour retirer en espèces depuis leurs comptes bancaires les sommes réglées par carte par leur clientèle. « Nous enregistrons des pertes sur chacune de ces transactions par carte », dit-il, en mettant en avant une décote de « 15 % » ensuite par retrait. « Des espèces qui nous sont nécessaires pour payer nos autres coûts, comme l’électricité, etc. », souligne-t-il.
La crise que traverse le Liban, marquée par une dépréciation de sa monnaie de l’ordre de plus de 90 %, ainsi que par des restrictions bancaires illégales limitant l’accès des déposants à leurs fonds, a favorisé le développement des transactions en espèces au détriment des autres moyens de paiement, faisant entrer le pays dans ce qui ressemble de plus en plus à une « cash economy ». Les supermarchés figurent parmi les rares acteurs à encore largement accepter les paiements par carte. Fin 2021, leur syndicat était déjà monté au créneau pour demander à ce que la filière ne soit pas pénalisée par les restrictions des banques sur les retraits de liquidités et s’était même réuni avec la Banque du Liban pour tenter de trouver un terrain d’entente.
Je propose à tout le monde d’aller faire nos achats comme d’habitude, puis au moment de payer s’ils refusent la carte, de laisser toutes les affaires à la caisse et s’en aller. Ça leur fera une belle jambe d’aller tout remettre en rayon. Alors surtout servez vous bien dans des rayons les plus éloignés possible les uns des autres.
01 h 24, le 11 mars 2022