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Économie - Approvisionnement

Le spectre des files d’attente de retour, craintes de pénuries de carburant et de blé

Les stocks de carburants « suffisent pour quelques jours », prévenait Fadi Abou Chacra samedi ; la livraison de farine limitée aux boulangeries qui produisent du pain arabe.

Le spectre des files d’attente de retour, craintes de pénuries de carburant et de blé

Des agents de la Sécurité de l’État ont obligé hier plusieurs stations à rouvrir leurs portes et à servir les automobilistes. Photo ANI

Depuis deux jours, les Libanais sont de nouveau contraints de faire la queue devant les quelques stations-service n’ayant pas raccroché leurs pompes, pour pouvoir faire le plein. Si ce scénario ne devrait pas durer, à en croire les différents responsables, les résidents craignent d’être assujettis une fois de plus aux interminables files d’attente qu’ils ont dû subir au cours de l’été 2021, et faute de quoi ils étaient obligés d’attendre des heures avant de pouvoir s’approvisionner en essence.

Sauf que les files de voitures et la cohue devant les stations d’essence à travers le Liban se poursuivaient dimanche, malgré les propos qui se voulaient rassurants des professionnels du secteur des carburants, sur fond de panique provoquée par une hausse des cours enclenchée dans la foulée de l’invasion russe de l’Ukraine. Durant le week-end, ces derniers ont immédiatement tenté de désamorcer cette nouvelle crise qui se profile suite aux premières déclarations faites samedi au média local el-Nashra, par le représentant des distributeurs de carburant, Fadi Abou Chacra. Il a juste fallu que ce dernier indique que les quantités disponibles « suffisent pour quelques jours », pour que les Libanais se ruent sur les stations-service. Durant cette même journée, le ministre de la Culture Mohammad Mortada a tenu à rassurer la population que « des navires-citernes qui se trouvent au large seront déchargés lundi ou mardi au plus tard ».

De son côté, le porte-parole des stations-service Georges Brax a appelé hier les citoyens lors d’un entretien télévisé à « ne pas paniquer ». Il a indiqué que « l’essence n’est pas en rupture de stock. Les quantités que nous recevons sont moindres que celles que nous importions par le passé, mais elles sont suffisantes pour les besoins du marché local ».

Une nouvelle tarification lundi

Reprenant cet argument, le président du syndicat des sociétés importatrices d’hydrocarbures au Liban, Maroun Chammas, a lui aussi indiqué à la chaîne LBCI que les quantités sur le marché local « sont suffisantes pour la consommation, mais pas en cas de stockage ». Il n’a pas en revanche complètement écarté le risque d’une pénurie, soulignant que « le marché pourrait connaître une pénurie de pétrole en mars en raison de la difficulté à trouver d’autres sources ».

Selon lui, ces nouvelles quantités importées seront vendues « en fonction de la tarification qui sera publiée lundi (aujourd’hui) ». « Le prix du bidon d’essence (20 litres) n’augmentera pas plus de 25 000 livres, et celui du mazout d’environ 30 000 livres », a-t-il encore prédit, alors que les prix de tous les carburants (essence, diesel et gaz domestique) avaient déjà fortement augmenté jeudi dernier. Suite à cette révision des prix, les 20 litres d’essence à 95 octane frôlaient les 400 000 livres (+28 000 livres), ceux du mazout se vendaient à 375 000 livres (+41 000), alors que la bonbonne de gaz passait à 288 000 livres (+15 000). Une répercussion douloureuse dans un pays en crise depuis plus de deux ans et où le pouvoir d’achat s’est effondré au rythme de la monnaie nationale.

Dans ce cadre, si certains automobilistes se sont rués pour faire le plein d’essence avant une nouvelle augmentation des prix, une partie des propriétaires de stations a préféré raccrocher les pompes durant le week-end, en attendant cette nouvelle tarification, en espérant engranger des bénéfices supplémentaires sur des quantités achetées à moindre coût. Une situation qui a contribué à aggraver les files d’attente et la cohue devant les stations. Pour y faire face, des agents de la Sécurité de l’État ont obligé hier en cours de journée certaines de ces stations à rouvrir dans plusieurs régions du Liban.

Conservation du stock de blé

Autre conséquence directe de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le vacillement de la sécurité alimentaire du pays, un dossier urgent qui s’était invité le vendredi dernier au Conseil des ministres, bien qu’il ne fût pas à l’ordre du jour. Le gouvernement avait alors décidé de former une commission présidée par le ministre de l’Économie et du Commerce, comprenant ses collègues de l’Industrie, la Culture, la Défense et l’Agriculture, afin que des mesures préventives soient prises pour éviter une crise alimentaire, surtout si la guerre en Ukraine venait à se prolonger.

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Première mesure annoncée samedi par le ministre de l’Industrie Georges Bouchikian : un rationnement de la farine afin qu’elle soit uniquement utilisée pour la production du pain, jusqu’à ce que cette matière soit importée du Canada. « La crise est internationale et non pas libanaise », a-t-il ajouté. De son côté, le Rassemblement des minoteries au Liban a déclaré qu’un « accord a été conclu avec les ministres de l’Économie Amine Salam, de l’Industrie Georges Bouchikian et de l’Agriculture Abbas Hajj Hassan, suivant lequel la farine sera uniquement livrée aux boulangeries qui produisent du pain arabe ».

Il a expliqué que cette procédure restera en vigueur « jusqu’à ce que des quantités supplémentaires de blé parviennent au Liban », selon l’Agence nationale d’information, alors que le Liban importe de la région de la mer Noire (Ukraine, Russie et Roumanie) plus de 60 % de ses besoins en céréales nécessaires à la fabrication du pain. « Le blé est disponible, la coopération entre les différents ministères et le Rassemblement vise à préserver les stocks et assurer les produits en permanence », expliquent les minoteries, appelant à « ne pas stocker le pain ni la farine ».

Dans un entretien accordé hier à la radio Voix du Liban, le ministre Abbas Hajj Hassan a souligné que son ministère « va œuvrer à empêcher l’exportation de produits agricoles dans le but d’empêcher que la crise ne s’aggrave alors que le conflit en Ukraine se poursuit », ajoutant qu’il « soutient la décision de planter du blé tendre au Liban qui puisse assurer la subsistance quotidienne des Libanais ».

Le Liban craint pour son approvisionnement en blé depuis que la guerre a éclaté en Ukraine. Dimanche dernier, Ahmad Hoteit, porte-parole des importateurs de blé, avait confié que le pays aura « seulement de quoi tenir un mois et demi » après le déchargement de cinq céréaliers venus d’Ukraine.


Depuis deux jours, les Libanais sont de nouveau contraints de faire la queue devant les quelques stations-service n’ayant pas raccroché leurs pompes, pour pouvoir faire le plein. Si ce scénario ne devrait pas durer, à en croire les différents responsables, les résidents craignent d’être assujettis une fois de plus aux interminables files d’attente qu’ils ont dû subir au cours de...

commentaires (3)

Il suffit d’annoncer que les prix des carburants vont baisser pour arrêter et l’afflux des gens aux stations, et la cupidité des propriétaires de stations qui spéculent sur le dos du citoyen eau nette (vu qu’il n’y a pas de libanais honnête)…

Gros Gnon

11 h 03, le 07 mars 2022

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Commentaires (3)

  • Il suffit d’annoncer que les prix des carburants vont baisser pour arrêter et l’afflux des gens aux stations, et la cupidité des propriétaires de stations qui spéculent sur le dos du citoyen eau nette (vu qu’il n’y a pas de libanais honnête)…

    Gros Gnon

    11 h 03, le 07 mars 2022

  • Peuple de merde

    Emile G

    10 h 37, le 07 mars 2022

  • toujours la meme question : qui croire , quelle source d'info est elle fiable ? les distributeurs? les importateurs? le ministre clown? les medias ?

    Gaby SIOUFI

    10 h 17, le 07 mars 2022

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